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Comment gérer la perte d’un membre fondateur pour un groupe ? Plusieurs groupes, certains connus, se sont heurtés à cette situation délicate. Metallica, après le décès de Cliff Burton, a bien rebondi en sortant ce qui pour moi reste leur référence artistique And justice for all…, et à l’opposé les regrettés Death, après la perte de l’immense Chuck Schuldiner, ont purement et simplement arrêté la musique. Des trajectoires bien différentes donc, et aujourd’hui une autre institution du métal nord-américain, les canadiens de Voivod, doivent faire face à cela. Après la mort de Piggy, guitariste émérite et inspiration principale du combo québécois, l’album Katorz a, aurait-on pu penser, fait office d’hommage définitif à l’ami disparu (en intégrant nombre de morceaux composés par le guitariste en 2003).

C’est mal connaître les canadiens, qui ont donc décidés pour leur quinzième album, intitulé Infini, rien que ça, de repartir sur une base similaire, à savoir reprendre des vieilles chansons composées par Piggy et les coucher sur CD. Le côté nostalgie mis à part, ce concept me paraît limité pour plusieurs raisons : l’effet redite par rapport à Katorz, et surtout la portée artistique limitée. En effet, que fera Voivod lorsque le stock de vieux titres sera épuisé, et qu’il faudra repartir d’une feuille blanche ? Aussi bien qu’avant, espérons-le. Mais en attendant, je trouve dommage d’un groupe connu pour son univers singulier et sa créativité se borne à cela. Pour un album « hommage », la démarche peut se comprendre, mais continuer dans cette voie me parait risqué sur le long terme. Voilà mon opinion sur le fond de cet album, et sur la forme malheureusement je ne vais pas être beaucoup plus généreux.

Pour être tout à fait franc, après deux ou trois écoutes de Infini, j’ai cherché quelques minutes avant de trouver des points de satisfaction. Par rapport à Katorz que je trouvais plutôt bien foutu dans l’ensemble, il est ici difficile de faire ressortir quelque chose de fort. Pas que l’album soit mauvais en soi (encore que quelques passages pourraient vraiment le laisser penser), mais rien ne pousse à l’enthousiasme exacerbé. Certaines chansons sont vraiment sympas, à l’image de la bondissante Global Warming, tandis que des titres comme Earthache (que certains pourront trouver drôle) sont d’une platitude extrême. Plus globalement, le son sali et acide des guitares et le chant linéaire et parfois nonchalant n’aident pas à donner du relief à des refrains pas toujours captivants. S’il est clair que l’atmosphère de Infini est travaillée, j’ai du mal à y adhérer (et ce même après de nombreuses écoutes), mais je vous invite, surtout si vous êtes fans du combo, à tenter l’expérience.

Vous l’aurez compris je pense, Infini est une déception réelle pour moi. On pourra toujours arguer que le contexte est délicat, que la perte de leur guitariste n’est toujours pas digérée…Soit, mais ça ne peut pas tout justifier. Si le principe de fond me paraît assez restrictif (surtout dans la mesure où Katorz était pensé de la même façon), musicalement parlant, ce n’est guère mieux. Peut être ne suis-je pas réceptif au style alambiqué de Voivod, mais objectivement, on ne peut pas laisser passer certaines choses qui, soyons clairs, frisent la médiocrité. Je concède que ce son de guitare et le chant me laissent une impression désagréable, que d’autres trouveront sûrement géniaux, mais ce laisser-aller artistique fait peine à voir, et ce malgré quelques chansons plutôt réussies. Le combo canadien a prouvé à maintes reprises par le passé qu’il avait la ressource pour rebondir, j’espère que le prochain album nous en fournira la preuve.

0 Comments 23 septembre 2009
Whysy

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