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Il y a des groupes qui semblent bel et bien avoir un potentiel mais qui se retrouvent à le gâcher en cédant aux sirènes de la musique facile et insipide à but commercial. Des groupes comme ça, il y en a beaucoup et j’ai bien peur que nous soyons en face d’un cas assez avancé. Cet album éponyme d’Infinita Symphonia est un concentré de références musicales plus que douteuses. Ne parlons même pas des appellations « Power » et « Prog » qui viennent injustement « labéliser » le disque puisqu’elles n’ont rien à faire là. D'ailleurs, il y en a assez de voir ces styles bafoués par des gens qui espèrent en tirer une quelconque aura. Toujours est-il que ne sommes pas non plus en face d’un disque catastrophique car il a aussi des qualités, et c’est ce qui fâche. En effet, on se dit qu'on aurait pu avoir beaucoup mieux (surtout que le groupe a déjà fait mieux par le passé).

Premièrement, la production est vraiment très bonne (si on oublie le fait qu’on n’entend pas ou peu la basse, comme d’habitude). Le son de batterie est très naturel ce qui est fort appréciable, on notera beaucoup de finesse sur les cymbales (sur le jeu et sur le son) et un timbre de caisse claire et de fûts très acoustique. Le batteur nous gratifie d’un jeu dynamique, fin et d’une très belle frappe. Les sons de synthés sont très présents et font bien leur travail d'enrichissement (en dehors du piano ultra kitch qui nous gratifiera de quelques parties digne des plus mauvaises ballades des 80’s). C'est presque gênant qu'il soit si présent sachant que le groupe n'a pas de claviériste attitré. La guitare a une belle présence et emplie bien l’espace sans le saturer ce qui donne une ambiance générale aérée et puissante. Le jeu est bon sans non plus être transcendant (meilleur en rythmique qu'en solo, les soli manquant de profondeur réelle). La voix est bien rendue aussi et le timbre fait étrangement penser à celui de Blaze Baley (en mieux). Avec toute cette avalanche de qualités, nous étions en droit d’attendre une musique qui serait à la hauteur. Malgré de bonnes idées, ce n’est malheureusement pas le cas.

Ce qui frappe dès le morceau d’ouverture, « If I Could Go Back », c’est la pauvreté évidente des arrangements. Cela n’est normalement pas dérangeant lorsque le but de cette simplicité est d’accompagner la voix. Cependant, les lignes de celle-ci sont vraiment très lisse, voire trop « mainstream ». Tout est sans surprise malgré la réalisation qui est bonne. On entend un réel côté variété qui va se faire ressentir sur toute la galette pour ce qui est des mélodies qui se ressemblent souvent un peu trop. Il y a un esprit très dérangeant qui sent mauvais le désir de vendre et cela se confirme par la suite.



L’album va se développer à partir d'une pauvreté d'écriture instrumentale assez présente (pour du soi-disant prog), même si on y trouve certaines exceptions comme « Welcome To My World » qui se veut être plus métal « écrit » (en dehors de ses refrains). Le groupe a aussi une grosse tendance à manger à plusieurs râteliers ce qui fausse grandement son identité que l’on finit par avoir du mal à cerner. Que viennent faire ces beats disco à la batterie (qui lissent encore plus le tout) sur « My Last Breath » qui se veut pourtant intelligemment arrangé au niveau de l’harmonie ? Ou encore ces chœurs qui sonnent trop « émos » sur certaines parties vocales ? Quel est ce simulacre de voix « Screamée » sur « Drowsiness » alors qu’elle n’a rien à faire au milieu de toutes ces mélodies très pop ? Quelle est cette « Interlude » typée musique traditionnelle alors qu’elle ne rejoint rien du tout dans le disque ? Au lieu de donner une impression de diversité, toute ces étrangetés donnent à penser que le groupe veut vendre son disque à tout le monde et c’est réellement dérangeant. C’est même rageant car on sent très bien que le groupe est largement capable de mieux lorsqu’on tend un peu l’oreille.

En effet, on peut entendre de bonnes idées un peu partout. Certaines mesures impaires viennent apporter de la fraicheur à certains passages (comme le refrain de « Welcome To My World »). On trouve des changements de tempo intelligemment faits qui surprennent. Les mélodies modulantes de « My Last Breath » sont intéressantes. Le groupe montre même qu’il peut faire beaucoup moins lisse avec une bonne partie du morceau « Limbo » qui se veut déjà plus sombre et torturé. Seulement, toutes ces bonnes choses sont noyées sous la masse de banalités et de passages « trop » lisses que le groupe a injecté dans son œuvre. Par exemple, on retrouve bien évidemment, et avec regret, une ballade clichée et mièvre au possible (type Américaine) : « In Your Eyes ». Que vient faire cette imitation de pop langoureuse Californienne dans un disque de Métal Symphonique/Prog ? Ce n’est pas la voix féminine qui s’y ajoute qui sauvera le tout, au contraire. Heureusement que les instrumentistes sont assez bon pour rendre les morceaux un minimum vivant ! C'est d'ailleurs ce qui sauve le disque et donne du plaisir à l'auditeur.

Infinita Symphonia nous gratifie donc d’une musique beaucoup trop clichée qui n’apporte rien de nouveau et qui n’aide pas les vieilles rengaines à se relever. L’harmonie est ridiculement trop lisse, les arrangements ne sont souvent pas à la mesure des instrumentistes qui les jouent, c’est du gâchis. Les mélodies laissent une impression de fausse tristesse qui ne transporte pas l’auditeur de par leur manque d’honnêteté. Au final, on entendrait presque de l’émo chanté par un chanteur de Heavy Metal. Il y a donc un réel soucis d’esthétique. Tout ceci est réellement dommage car on entend que le groupe est capable de bien mieux que de s'abaisser à manger à tous les râteliers pour attirer du monde. C’est réellement ce manque d’honnêteté avec le public et avec eux-mêmes qui les empêche d’aller plus loin dans leur musique (et qui les a fait régresser).

Nous sommes en face d’un disque qui ne comporte pas que des mauvaises choses, mais dont les bonnes idées sont noyées sous une avalanche de fautes de goûts qui rendent la musique pauvre et plutôt insipide en soi. Le disque n'est pas bon sans être ignoble, il est juste très moyen. Il obtiendra donc un 5/10 (j'aurais mis 4,5/10 si j'avais pu) car certaines qualités sauvent tout de même l’écriture très moyenne. On peut entendre une bonne production et des instrumentistes/vocalistes de bon niveau qui rendent la musique, étant trop pauvre à l'origine,  assez vivante. Cela apporte un peu de plaisir. Cependant, le manque d’honnêteté flagrant du groupe doit cesser si celui-ci veut atteindre de plus hautes sphères musicales. Il faut maintenant que Infinita Symphonia se ressaisisse afin de créer une musique de son niveau.

0 Comments 26 juin 2013
Whysy

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