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Des cadavres pendus aux branches d'un arbre mort semblent flotter dans l'air. La roche est sale et recouverte de lychen. Le soleil brille et les nuages traversent silencieusement un ciel vide. La nature est muette et l'odeur nauséabonde. La mort raude tel un prédateur, prête à bondir, prête à nous prendre, à n'importe quel instant, car la mort est le commencement. Un paysage apocalyptique, un visuel choquant, Mors Principium Est. Morbide et magnifique, cette nouvelle pochette sied à merveille à la musique de ce fabuleux groupe, où la brutalité et la mélodie s'entremêlent, dansent, flirtent sans vulgarité et sans abus. Avec juste l'envie de se faire plaisir, de bien faire et surtout, de plaire!

Sans aucun doute, la grosse surprise de l'an passé, Mors Principium Est a vu le jour en 1999 dans les contrées glacées de Finlande. C'est après des années de galère et trois démos qu'ils sont repérés et ils ne tardent pas à signer avec Listenable Records. Le groupe n'a aujourd'hui que deux albums à son actif, et je profite de la réédition (2006) de Inhumanity, le premier album initialement sorti en 2003, pour réécrire et améliorer ma chronique. Une réédition parée d'une nouvelle pochette ainsi que trois chansons inédites, dont 2 morceaux live, et un remix pour le moins surprenant. Mais commençons par parler de l'album.

Surfant sur la vague de ses ainés, Mors Principium Est propose un album gorgé d'influences aussi diverses que bien digérées. Avec une infinie sagesse, il parvient à faire de son death métal mélodique un ensemble personnel, empreint d'une touche scandinave évidente, tout en évitant de sombrer dans le cliché. Avec 10 compositions intelligement construites et structurées, Mors Principium Est met en place une musique aussi moderne que dynamique. Un métal intense et burné, pour ne pas dire violent. La production, bonne pour l'époque, met en valeur chaque parcelle mélodique et sait insister sur le contraste évident entre la guitare et le clavier. Entre l'agressivité des rythmiques, et le côté planant des ambiances. Le groupe possède un style moderne qui fait la part belle aux nappes de claviers, un clavier aux consonances assez futuristes. L'ensemble repose également sur un travail mélodique appréciable formé de riffs en béton armé surfant sur des accords subtils et accrocheurs.

Techniquement c'est un sans fautes. Nos 6 musiciens autodidactes réussissent à nous plonger dans un univers lointain. Un batteur irreprochable, une session rythmique riche et puissante, un jeu diversifié qui sait s'adapter à toutes les situations, à tous les tempos. Il en résulte un ensemble dynamique où prouesses techniques et mélodies sont intimement liées. Le groupe contient dans ses rangs un guitariste impressionnant, insultant de technique et de feelings dans ses nombreux solis, longs et inspirés. Le vocaliste délivre un travail de bûcheron, avec un organe puissant il sait donner à chaque chanson l'ampleur qu'elle mérite. Même si sa voix est en partie étouffée par l'instrumental, Ville Viljanen propose quelque chose d'intéressant, de plus les passages parlés ou chuchotés font mouche à chaque fois. Chaque chanson est un petit régal pour les oreilles, et même si toutes ne semblent pas aussi irréprochables qu'elles devraient, l'ensemble fourmille de qualités, aussi nombreuses que splendides. Il est dommage que les refrains manquent encore d'ampleur.

Pour un premier album les chansons se montrent très matures et l'ambiance générale est plutôt sombre. L'osmose entre les guitares et le clavier est totale, la manière dont chaque compositions jonglent entre ces deux éléments est très intéressant. Je pense notamment à "The Lust Called Knowledge" qui possède une introduction superbe et une mélodie très inspirée. Je pourrais également vous citer le doublet de tête. Deux titres rapides et incisifs qui ouvrent l'album d'une forte belle manière. Les formations extrêmes adorent les instrumentaux acoustiques, cet album ne déroge pas à la rêgle en nous offrant "Oblivion" suivi par un Life In Black et un "Last Apprentice" sauvages mais outrageusement mélodiques. L'album se termine sur le meilleur titre de l'album. "Into Illusion" est le genre de final qui prend aux tripes et qui cloue le bec ! Un rythme lent et lourd... des accords acoustiques accompagnent le chant clair et plaintif de Jori Haukio (guitares). L'émotion est présente, palpable et envoutante. Soudain tout s'électrise, le refrain débute, magnifique, superbe. Une aura presque gothique flotte et illustre à merveille des paroles tristes. Un final très fort quoiqu'on en dise.

Nous pouvons maintenant nous attaquer aux inédits présents sur la réédition. Ils sont au nombre de trois, tout commence avec le remix de "The Lust Called Knowledge". Une chanson au-delà du métal, un remix perdu entre musique électronique et industrielle. Il est intéressant de confronter ces deux visions d'une même chanson, évoquant chacune un univers différent, mais intimement lié. Les deux bonus suivant sont les versions live de "Inhumanity" et "Pure", enregistrées au Bar Kino l'an dernier. Le son est très bon et il est intéressant de confronter le son studio au son live. Des musiciens toujours aussi bons, un chanteur très à l'aise, une bonne ambiance et Ville Viljanen qui s'exprime en finnois entre les deux chansons, que du bonheur me direz - vous! Et bien oui et non, car ces surprises passées, l'intérêt des bonus décroit. Je pense que vous comme moi, auriez préféré un ou deux titres nouveaux, mais pour ça il faudra attendre le 3e album.

Cette réédition reste une bonne manière d'acquérir le 1er album d'un groupe qui va méchamment cartonner dans le futur. Les 3 titres bonus proposent 15 minutes de musique supplémentaire, et même si leur intérêt est plutôt limité, je salue cette initiative d'un label envers son public. L'album en lui-même est bon et même s'il manque quelque peu d'originalité, Mors Principium Est a trouvé sa voie, et s'apprête à nous le démontrer efficacement. Si vous deviez découvrir le groupe, jetez - vous plutôt sur le second album, The Unborn, qui est une bombe à tous les étages.

...TeRyX...

0 Comments 19 mars 2006
Whysy

Whysy

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