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Envinya est un groupe allemand de déjà six ans d'âge. Avec un EP derrière eux, ils n'ont pas vraiment fait de vagues dans le milieu surchargé du metal à voix féminine. Et comme il n'y a pas de fumée sans feu, on peut déjà se douter des raisons de cette discrétion : ça ne casse pas trois pattes à un canard. Ni même deux.

Pourtant, ça n'est pas mauvais ! Ce premier album fait ce qu'on attend de lui : il distrait, il offre de jolis moments, et permet de découvrir une voix intéressante. Parce que oui, comme souvent finalement,  c'est la voix de Natalie Pereira Dos Santos qui donne du cachet à un album qui autrement serait très fade. Evoluant dans un registre direct, éraillé, jouant plutôt sur la puissance que sur la sensibilité.
Malheureusement, elle n'a ni le charisme, ni la voix pour permettre à l'album de décoller complètement. Un peu de maturité lui permettrait peut-être de diversifier son chant ... Mais nous ne le verrons jamais, du moins avec Envinya, puisqu'elle en a annoncé son départ en octobre dernier. Sa nouvelle chanteuse sera annoncée début 2013.

Qu'en est-il alors de leur musique ? La couverture de l'album laisse imaginer un univers calme, délicat, onirique. Un peu d'atmo ? Du gothique ? Pas du tout. L'auditeur se retrouve face à un metal très mélodique et très agressif à la fois, où les claviers et le chant sont mixés très loin devant la batterie et la basse. Où la guitare rythmique est directe et franche. Où il n'y a pas vraiment de place à la méditation. Au temps pour l'arbre au sommet du chateau dans le lac. On frise même parfois le power, comme dans In my Hands, qui reprend certains codes du genre.

C'est vrai, les paroles se rapprochent pourtant des thématiques chères à la mouvance gothique ... La perte, le désespoir, l'obscurité. C'en est presque cliché. Heureusement que le groupe prend son propre contrepied, avec une musique plus optimiste. L'album se conclut justement sur Demoralized qui, s'il pourrait sembler sombre, est en fait plutôt positif.

L'objectif avoué des teutons est ici la recherche de l'efficacité à tout prix, en collant aux standards du genre. Faceless nous offre une introduction mélodique mystérieuse à souhait, puis donne le ton de l'album. Sur un rythme rapide, Envinya vise le refrain qui va accrocher, et qui restera en tête. Aucun doute, ça fonctionne plutôt bien sur certains morceaux : les refrains de Swallow et Demoralized en clôture de l'album par exemple sont fort efficace, et donnent envie de relancer une écoute. Après tout, quarante-six minutes c'est court.

Même Mirror Soul, qui commence comme la-ballade-obligée-que-le-groupe-va-rater, s'écoute, en bonne vitrine de ce que le groupe peut proposer.
Qu'on ne s'y trompe pas : elle fait partie de ces pistes qui permettent à l'album d'atteindre une durée convenable, sans nous faire rêver. Comme la piste titre Inner Silence. La tension est maintenue constante, avec quelques growls offerts par le guitariste Thomas Knauer, un clavier omniprésent, et un chant toujours poussé.

Ces growls, parlons-en. S'ils apportent une nuance bienvenue au chant de Natalie, parfois monotone, ils ne sont pas au même niveau. Jamais vraiment réussis, ils arrivent même à gâcher certains morceaux : Too Late (et too long !), qui pourrait autrement être un point fort de l'album, avec un solo de guitare bienvenu et tout à fait épique, et un rythme entraînant, se voit affublé d'un long passage growlé du plus mauvais effet. Dommage. Même Demoralized, pourtant réussie par ailleurs, souffre de ces growls au mieux inutile, au pire désagréables. Tout ça laisse craindre le pire lors de prestations live à venir !

Cet Inner Silence a aussi de très bons moments : Satin and Silk, malgré un titre qui laisse craindre un horrible monument de mièvrerie sort du lot, malgré ses growls. Si ce morceau n'est absolument pas original, il a le mérite de se distinguer du reste de l'album, avec un break acoustique, une reprise rythmique au piano guitare sur un thème repris lors du refrain suivant avec succès, brisant le schéma classique couplet / refrain / couplet / refrain.
La martiale Forlorn également, qui aurait gagné à ouvrir l'album en force en lieu et place de la poussive introduction Faceless montre que les allemands sont capables du meilleur.

Massacre Records nous offre ici un album en demi-teinte. S'il est intéressant par certains aspects (principalement le chant de Natalie, et une jolie maturité pour un premier album), il ne décolle pas. La tension s'accumule au fil des morceaux, sans jamais exploser, ni vraiment retomber. Difficile de prédire un avenir brillant aux allemands d'Envinya. Mais la volonté de n'être rattaché à aucun genre précis mérite une écoute.


0 Comments 11 mars 2013
Whysy

Whysy

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