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Afin de promouvoir la sortie de son nouvel album « Prometheus – Symphonia Ignis Divinus », Heavylaw a eu l’insigne honneur de s’entretenir avec le talentueux guitariste Luca Turilli… L’entretien débute bizarrement, puisque Luca me passe au grill sur ma vie, ma profession et se souviens du surnom qu’il m’avait donné lors de notre premier entretien… « Tarjo », des confessions brulantes que je ne vous dévoilerais pas ici… Puis après quelques minutes, le sujet qui vous intéresse tous débute, laissons place à un artiste passionné, et pas forcément avare en bonnes paroles! Tenez-vous le pour dit...

Dragonman: Bonjour Luca, comment te sens tu à la veille de la sortie dans les bacs de ton nouvel album « Prometheus – Symphonia Ignis Divinus » ?

Luca Turilli: Tout va très bien, l’album paraîtra demain, et bien évidemment, après un an de production, puis le mastering qui dure environ 3 à 4 mois supplémentaires, j’ai déjà du écouter le disque un million de fois, je suis pour le moment mon seul et unique fan (rires) ! Quand tu composes, tu n’attends vraiment qu’une seule chose, c’est que ta musique puisse être écouté, c’est une période un petit peu étrange. La sortie d’un nouveau disque est vraiment quelque chose d’unique pour moi, je compare un peu cela à la naissance d’un enfant… Enfin je crois vu que je n’ai pas d’enfant.

Trois ans pour proposer ce nouvel album, un délai qui ne correspond pas forcément à tes habitudes. As-tu des explications particulières ?

Effectivement, ce n’est pas dans mes habitudes. Initialement, je pensais avoir besoin de 3 mois pour créer mon nouveau studio, pouvoir m’occuper des arrangements et des orchestrations pour la nouvelle compagnie que j’ai créé. Je voulais équiper ce studio de tous les équipements à la pointe de la technologie. J’ai d’ailleurs inauguré ce nouveau système que j’ai utilisé pour le nouvel album de Rhapsody, et qui me permet d’avoir face à moi tous les instruments de musique de notre planète. C’est un ensemble de logiciel contenant de nombreux samples orchestraux, le tout contenu dans de nombreux ordinateurs connectés en réseau… je pensais vraiment que trois mois seraient suffisant, mais au final, j’ai rencontré de nombreux problèmes avec les logiciels. J’ai travaillé avec un technicien allemand travaillant pour une de ces compagnies fournissant le matériel qui m’a aidé à faire fonctionner ce monstre de technologie, et de 3 mois, nous sommes passés finalement à 16 mois pour avoir un rendu satisfaisant. Nous n’avions pas anticipé cela… passé ce délai, nous avons pu travailler sur le nouvel album comme je l’ai dit précédemment, incluant la production et le mastering. Cela veut simplement dire que dès que vous aller écouter Prometheus, d’ici 3 à 4 mois, on travaillera déjà sur le prochain opus si on veut paraître en 2017… en fait on devrait déjà y travailler (rires) !

Dominique Leurquin a participé à cet album ?

Bien évidemment, je lui ai offert l’espace qu’il mérite, il joue autant de solos que moi, beaucoup de parties rythmiques. C’est vraiment un bonheur de compter parmi ses rangs un guitariste de talent comme Dominique. J’ai enregistré mes parties de guitare en Italie dans mon studio, comme je le fais depuis pas mal d’années maintenant. Je suis venu en France pour enregistrer les parties de Dominique. Nous avons également une nouvelle chanteuse sur cet album, Emilie Ragni, officiant dans un registre Opera. Elle chante notamment sur « Notturno », un morceau opéra en duo avec Alessandro Conti, elle a une superbe voix pour ce type de chanson. Nous sommes d’ailleurs très heureux car nous avons un véritable groupe français avec Patrice, Dominique et Emilie (rires)…

De plus ta compagne est française, et tu as longtemps vécu en France si je ne trompe pas…

Oui effectivement, Rhapsody est plus français qu’italien… j’ai juste décidé de revenir en Italie dans la région de Trieste car cette ville combine tout ce que j’aime, les collines et la mer, tandis qu’à Chambéry, j’étais juste entouré de montagne… c’est différent…

Concernant Dominique, je me demandais juste s’il avait pu récupérer à 100% de sa blessure pour pouvoir jouer sur cet album…

Honnêtement, c’est un véritable miracle, il était supposé ne plus pouvoir jouer du tout de la guitare. Il avait déjà joué sur scène en République Tchèque l’année passée lors d’un festival. Il a récupéré plus de 90% des ses capacités, ce qui est remarquable, car sa blessure était vraiment sévère, sans exagérer la moitié de sa main était affectée. Les docteurs étaient vraiment loin d’être optimistes, mais à force de persévérance, tu joues encore et encore, et quand tu es positif, si tu y crois, une grande partie du chemin est déjà parcourue, il ne faut pas sous estimer la force de l’esprit. J’ai déjà fait cette expérience moi-même, face à des médecins qui te disent qu’il n’y a rien à faire… ayant eu un cancer, de nombreuses métastases… la chimiothérapie est encore plus douloureuse que le reste, mais finalement je suis là, et les miracles arrivent chaque jour… C’est l’envie de vivre qui pour moi fait la différence.

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En parlant de grandes thématiques, de positivisme, peux tu nous éclairer sur les lignes directrices de « Prometheus », quels sont les grands thèmes que tu abordes ici ? Il semble que les dragons et les épées soient définitivement rangés au placard…

Nous avions déjà abordé ce virage juste après le split, en effet, 10 albums traitant d’un seul et unique sujet, d’une seule et unique saga, tu ressens fatalement le besoin d’explorer différentes choses, différents horizons. C’est également enrichissant dans mon processus de composition, car tu peux utiliser des sons différents, que tu n’utiliserais pas dans un monde basé sur l’héroic fantasy. C’était d’ailleurs pour cela qu’en parallèle je proposais des albums solos à cette époque. Mais avec LT’s Rhapsody, je peux tout inclure, ce qui me donne pas mal de libertés. Cette liberté je l’utilise ici pour inclure tout ce qui me fascine depuis maintenant de nombreuses années, depuis que j’ai conscience des choses j’ai envie de dire…. La métaphysique, les sciences, les mythes et légendes associés à la Terre, ce qui se cache derrière nos origines, tous les mystères de la vie… Philosophie, psychologie… Mais je tiens à préciser que même si l’on traite de thèmes différents , comme le mythe de Prometheus (l’ancien mythe ou la vision plus moderne de Ridley Scott), la quête de la spiritualité est vraiment au centre de notre œuvre, et c’était déjà le cas pour la saga au cours des dix albums, sous forme de messages cachés, mais maintenant nous pouvons le proposer sous la forme d’un message plus direct, plus explicite. En parlant de spiritualité, je n’évoque pas la religion, mais nous traitons de qu’il y a avant la religion. La source spirituelle primordiale, l’énergie de la création, appelons cela comme ça… c’est pourquoi je m’intéresse aux Sciences, la physique quantique, la mécanique quantique. C’est d’ailleurs fascinant que certaines choses que nous découvrons maintenant, avaient déjà été décrites sous différentes manières par nos ancêtres, j’essaye au travers de la musique de connecter les choses entre elles.

De plus, depuis quelques années je pratique la méditation et le yoga, car j’ai réalisé que lorsque tu expérimentes toi-même ce genre de pratique, tu peux vraiment comprendre toute la portée de la chose. Lorsque que tu es vraiment fasciné par ce genre de sujet, tu commences par lire beaucoup autour du sujet, mais ensuite ? Il est vraiment difficile de le mettre en application jour après jour. Lorsque tu commences à découvrir ces techniques de respiration connues depuis des générations, que tu te penches sur le spiritisme indien, et après avoir fait de nombreuses études sur le sujet, tu essaies de connecter tout cela, de comprendre quel est le facteur commun. C’est la source d’énergie spirituelle primordiale qui fait partie de notre histoire, bien avant le Christ. C’est un sujet fascinant. Juste par la pratique de différentes techniques comme la respiration et la méditation qui renforce les capacités mentales que nous possédons tous et qui permettent de découvrir des choses fantastiques et de comprendre plus clairement les mystères de l’univers, le mystère de la vie… C’est malheureux que peu de personnes trouvent le temps pour méditer. Parfois il m’est très difficile de pratiquer à cause de mon emploi du temps, mais je ne pourrais plus imaginer une journée sans passer environ deux heures à appliquer ces techniques de respiration et de méditation. Tu te rends compte au jour le jour des aspects positifs que la méditation peut apporter, tu te sens plus reposé, plein d’énergie, les tests sanguins sont meilleurs, ton système immunitaire est plus performant. Et je ne te parle que des aspects purement physiques, mais au niveau spirituel, waouh, c’est juste impressionnant… même si bien sûr je n’aime pas traiter de ce point précis car c’est purement personnel. Mais toutes les personnes que je connais ayant exploré cette voie, m’ont raconté des expériences fascinantes leur ayant ouvert l’esprit sur de nombreux points. Tu réalises alors que la vie, sur un plan purement matériel, représente uniquement 10% des merveilles de la création.

A travers Rhapsody, j’essaie de développer ces sujets de façon plus ou moins explicites, en fonction des chansons. Par exemple, nous avons ce mini concept développé sur plusieurs albums : Trois titres sur ce nouvel album, « Nova Genesis » (l’intro), « Prometheus » (le titre éponyme) et « Of Michael’s the Archangel and Lucifer’s Fall  part 2 », sont connectés à 4 chansons paru sur « Ascending to Infinity ». Le tout sera complété par trois nouveaux titres sur le prochain album, ce qui clôturera la trilogie de « Michael the Archangel ».

J’adore avoir cette liberté de pouvoir développer des mini concepts étendus sur plusieurs albums, chacun contenant des titres que l’on peut connecter entre eux, mais sans en être prisonnier et pouvoir écrire des chansons qui n’ont absolument rien à voir à côté.

Tu traites également des notions d’homme augmenté, de transhumanisme. La connexion entre l’esprit, l’homme et l’apport de la technologie qui devrait placer l’homme selon certaines théories à un état de conscience supérieur.

Tout à fait, notamment dans la trilogie de « Of Michael’s the archangel and Lucifer’s fall », cela ne traite pratiquement que de cela. Ces chansons traitent de la matrice, de fœtus extraterrestre… L’homme augmenté est une vision de l’homme amélioré par le biais de la technologie, mais déjà maintenant, tu peux atteindre sans artifice ce niveau dit « supérieur »

Comme je l’ai dit précédemment, déjà la première saga était truffée de messages cachés. J’ai d’ailleurs expliqué sur Facebook il y a un an que l’épée d’émeraude était une métaphore pour la tablette d’émeraude d’Hermes Trimegiste, traitant des principes de l’ancienne alchimie.

Ce qui est incroyable, c’est que quelques heures après avoir mis le titre « Prometheus » en écoute sur Youtube, un fan de Rhapsody à été capable de découvrir un code contenu dans la chanson. J’adore faire ce genre de choses, mais les fans ont besoin de creuser, car je n’utilise pas forcément ce procédé pour faire du buzz. C’est vraiment quelque chose de sympathique à élaborer, et cela permet parfois que l’on découvre de nouvelles choses sur un disque une dizaine d’années plus tard. J’ai appris cela en écoutant Crimson Glory, l’un de mes albums favoris de tout les temps est « Transcendence », Midnight, décédé récemment, était un véritable Génie, il plaçait ce genre de message caché au travers des paroles, et encore maintenant, on découvre de nouvelles choses au travers de ses chansons qui ont 20 ans, je trouve cela fantastique. J’ai donc travaillé énormément sur les paroles pour ce disque. Celles de « Prometheus » sont particulières, et en ont rebuté certains car mis bout à bout cela semblait vide de sens, mais ce fan a découvert qu’en connectant les paroles de la première partie du prechorus, aux secondes du deuxième prechorus, on pouvait découvrir un code binaire correspondant au chiffre 81, il y a également des connections avec le livret autour de ce chiffre (NDD: Le Facebook officiel du groupe contient toutes les explications). J’ai tout fait au final pour lier le disque aux idéaux de la spiritualité… Voilà comment je me suis amusé… Je n’ai pas encore franchis le pas en ajoutant des voix sataniques (rires).

Tu sais, lorsque je compose, je me considère comme une sorte de canal, de récepteur. Je n’ai pas vraiment l’impression de composer. Je suis réceptif à toute cette énergie me traversant car je suis un garçon très sensible. Je ressens donc cette énergie, et parfois au petit matin je me suis déjà surpris en train de jouer au piano, en criant tel un fou, et j’essaie de trouver des bonnes combinaisons de notes afin de canaliser ce flux d’énergie en quelques sortes… Je n’ai vraiment pas l’impression que cela vienne de moi, même si je reçois de l’argent pour la musique que je produis ce qui n’est pas plus mal (rires), mais au final, cette musique vient d’une sorte de dimension annexe créatrice. Lorsque je compose, je me mets dans cet état de transcendance, et c’est pourquoi l’aventure Rhapsody est une sorte de quête spirituelle, car à certains moments, lorsque j’écris les mélodies, et que je les apprécie, j’ai vraiment la sensation d’être en connexion avec toutes les énergies de la création, je ne sais pas comment nommer cela… peut être l’energie photonique décrite par les scientifiques, le big bang, je ne sais pas, appelles le comme tu veux, le Code, peu importe. Cela n’a que peu d’importance pour moi, la façon dont tu le nommes. Je n’aime pas trop me limiter à des mots, qui ne font que limiter le concept. Je sens une réelle connexion avec ce que je viens de décrire, et c’est pourquoi j’aime m’enfermer pendant plus de 7 mois pour composer, juste à cause de cela, pour ressentir cette énergie si spéciale, autrement, je ne perdrai pas une année de ma vie à me cloisonner… qui ferait cela honnêtement ? C’est une partie de mon oxygène, la phase de composition… voilà tout ce que la musique de Rhapsody peut comporter

turilli - gigs

Tu as employé plusieurs fois le terme « liberté » depuis le début de l’entrevue, j’ai vraiment l’impression que depuis le début de cette nouvelle aventure, tu ne te fixes plus aucune limites… Qu’en est-il ?

Tu as complètement raison, et cela me fait plaisir que tu le ressentes ainsi. Car comme je l’ai évoqué, la compostion, que je considère comme un flux d’énergie qui me traverse est difficile à encadrer, limiter… Si j’avais vraiment voulu vendre des millions de disques, faire du merchandising, je me serais mis dans la peau de David Guetta, je me serai spécialisé dans un style musical où la possibilité de faire de l’argent était plus importante. Mais cette musique que je compose n’a pas pour but premier de remplir mes poches. J’utilise la musique pour communiquer autour d’un message empli de positivisme, en l’enrobant d’une certaine grandiloquence émotionnelle afin de donner à ce dernier encore plus d’impact. Certaines personnes qui ont critiqué Rhapsody par le passé (j’espère que ce n’est plus le cas maintenant), étaient notamment rebutées par l’aspect pompeux et grandiloquent. Mais il faut comprendre que cette façon de composer, c’est simplement moi. J’ai toujours voulu que Rhaspody procure les mêmes émotions que je peux éprouver quand je vais au cinéma voir un bon film… j’adore l’atmosphère issue de la combinaison entre l’impact visuel et auditif, je frissonne souvent lorsque les bonnes conditions sont réunies. Certaines personnes qui vont voir le même film sont blasées, ne ressentent rien, semblent moins sensibles que je ne peux l’être. Parfois j’ai même du mal à comprendre que l’on ne soit pas aussi sensible que moi (rires)…J’ai pleuré tant de fois au cinéma, face à tant d’émotions, « The history of Love » par exemple, lorsque la musique s’emballe… « Braveheart », je ne sais pas combien de larmes j’ai pu verser face à ce chef d’œuvre… Tant de films face auxquels je suis sensible… Et j’essaie donc de faire la même chose avec Rhapsody… ces émotions que je vis, j’essaie de les traduire en musique et pour moi cela ne sera jamais trop pompeux, jamais trop grandiloquent car c’est le seul moyen pour moi de m’exprimer à 100%... Si l’on me demandait de monter un groupe de Métal classique avec uniquement batterie, basse, guitare et chant, je serai incapable de la faire, je suis incapable de composer des choses « simples », sans être péjoratif… Pour moi la réelle passion dans le processus de composition réside dans les arrangements et les orchestrations. De nombreux groupes utilisent des orchestres pour leurs albums, mais font confiance à quelqu’un d’externe pour les arrangements, je ne pourrais jamais faire cela, car les arrangements sont à la base de la musique chez Rhapsody, si quelqu’un d’autre s’occupait des arrangements, je n’aurais plus l’impression de composer ma propre musique, je préfère donc prendre de 6 mois à 1 an pour la sortie d’un album mais avoir le contrôle sur absolument tout, avoir le sentiment que c’est bien ma musique.

Nous avons reçu l’album il y a quelques jours, je ne suis pas certain de l’avoir assimilé complétement… Peut être que je me fourvoie et vais devoir l’écouter une centaine de fois supplémentaires… « Ascending to Infinity » comportait de nombreux éléments rendant la musique plus « moderne », des sonorités futuristiques. Avec « Prometheus », j’ai cette impression que tu couvres des influences du passé avec des titres comme « Yggdrasil », « One Ring to Rule them All » (un hommage évident au « Seigneur des Anneaux » que tu apprécies tant), mais également des influences orientales que l’on trouvait sur « Dreamquest » et bien évidemment des pistes dans la veine des titres que l’on trouvait sur le précédent album et des titres inclassables comme « Templo Degli Dei »… Toutes les différentes facettes du compositeur semblent être présentes sur ce disque…

Oui, pour revenir sur ta première phrase, on s’est demandé si 70 minutes n’était pas trop pour un album de Rhapsody. Le cerveau humain a besoin de pas mal de temps pour assimiler la musique de Rhapsody (rires), pour tout découvrir… Ce n’est pas le genre de musique où tu comprends tout à la première écoute… Notre musique est un peu différente et il faut du temps pour tout analyser, un peu à la manière de groupes comme Nightwish ou Blind Guardian, qui ne sont pas des groupes faciles d’accès. J’adore ces groupes proposant une musique qui se révèle au fil des écoutes.Et j’essaie de faire la même chose avec Rhapsody, j’adore créer ce genre de disque que les fans peuvent redécouvrir bien plus tard, même six mois après, en l’écoutant encore et encore et découvre cette petite partie à laquelle il n’avait pas forcément porté attention auparavant. C’est notamment l’une des grandes forces des musiques orchestrales, tu peux superposer tellement de pistes. Je suis moi-même la victime de ce genre de procédés. Il y a peu de temps en écoutant la bande originale de « E.T l’extraterrestre » de John Williams que j’avais pourtant écouté pour la première fois il y a 20 ans, j’ai découvert un nouvel instrument et des lignes orchestrales que je n’avais pas noté par le passé c’est incroyable. Après pour saisir toutes les subtilités de ce genre de musique complexe, j’y inclue Rhaspody, il ne faut absolument pas l’écouter avec des écouteurs bas de gammes ou les hauts parleurs d’un ordianteur portable. Lorsque l’on met des titres à disposition sur Youtube, on place toujours un message expliquant que cela ne reflète pas le rendu final, mais cela ne nous empêche pas de recevoir des plaintes nous disant que la production est ratée, que l’on n’entend pas bien les basses… Je ne le répèterai jamais assez, la musique est faite pour être écoutée avec des hauts parleurs de bonne qualité, de bons casques audios… mais ne venez pas critiquer la production si votre seuil qualité correspond à des hauts parleurs de PC portable… C’est d’autant plus vrai avec Rhaspody, si l’on veut profiter de tous les instruments superposés en même temps…

Mais revenons à ces 70 minutes, cela me semblait difficile de renoncer à l’un des titres, et au final, même si cela pouvait paraître risqué, j’ai préféré placer tous les titres au risque de moins correspondre aux codes actuels du marché du disque… Les différentes plates formes permettant de promouvoir facilement la sortie d’un disque avec différents singles ont permis d’habituer les fans aux nouvelles sonorités, empêchant ainsi de faire face brutalement à la densité d’un disque de 70 minutes. Nous avons aussi communiqué sur le visuel du livret, l’objectif étant d’habituer au nouveau concept, petit à petit afin de ne pas choquer. Ces différentes étapes promotionnelles m’ont conforté dans l’idée de ne pas retirer une piste, permettant d’habituer le public, ce dernier pouvant faire face plus facilement à notre démarche artistique.

De plus cette phase de composition était très prolifique car j’ai composé en tout 20 chansons, et il m’était déjà difficile d’en retirer 9. Tu ne peux pas garder celles que tu préfères, ce n’est pas si simple, il faut que tu choississes celles qui colleront le mieux entre elles pour l’unité du disque… donc voilà 70 minutes, je ne pouvais pas en retirer plus. Et forcément comme j’ai eu une large plage d’expression, j’ai placé tout ce qui me caractérise dans ce disque, des sonorités futuristiques comme dans le dernier titre et le mini concept que j’ai décrit au début, ce concept comporte des sons modernes, électroniques, connectés aux orchestrations plus typiques. Deux titres sont plus orientés « Heroic fantasy », appelons le ainsi, «Yggdrasil » et « One Rule to Ring Them All »… Mais encore une fois, « Yggdrasil » à la première lecture se rattache à l’univers de la fantasy, mais en cherchant un peu plus loin, cette chanson traite en fait de la signification ésotérique de l’Arbre de vie dans la mythologie nordique, un titre spécial pour moi, j’aime écrire entre les lignes.

La seule exception concerne « One Ring To Rule Them All » ce n’était pas prévu au départ de la sortir au sein de « Prometheus ». Ma femme et moi avons été invités par un ami en Nouvelle Zélande il y a 3 ans, et crois moi sur parole, j’ai été fasciné par les paysages naturels, un véritable paradis sur Terre. Lorsque je suis rentré, j’étais tellement excité par la beauté de ce pays que je voulais piéger quelque part les émotions que j’ai ressenti … et quoi de mieux que d’écrire une chanson. Je l’ai fait sous une forme d’hommage pour le Seigneur des anneaux qui est si important pour moi… C’était en effet pour la première fois qu’un monde issu de la littérature imaginaire, la fantasy, était représenté de façon sérieuse…  « Le Hobbit » était déjà une autre expérience (je ne parle pas du livre que je n’avais pas lu), plus enfantine, même si j’ai adoré les paysages et les effets spéciaux, la différence était frappante face au Seigneur des anneaux qui était dramatique, sérieux… un peu comme « Game of Thrones » actuellement, je n’étais pas un grand fan au début, mais j’ai rattrapé mon retard… J’étais plutôt captivé par « Walking Dead »… à la grande surprise des fans… Qu’arrive t’il à Luca Turilli… (rires), les fans s’imaginent que je vis « fantasy » 24 heures par jour, 7j/7, mais non je dois l’avouer j’aime aussi d’autres choses… Mais revenons à Game of Thrones, que j’ai commencé à regarder après avoir été convaincu par les copains m’ayant parlé de la bande son et des effets spéciaux de qualité. Je n’ai pas forcément le temps de m’attarder sur ces shows TV qui durent plusieurs saisons à cause su Yoga et de la méditation qui me semble bien plus important. J’ai donc regardé « Game Of Thrones » et je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec « le Seigneur des Anneaux » en terme d’intensité dramatique et de sérieux dans le propos… ce que j’apprécie. J’ai en horreur lorsque les gens associent la fantasy aux histoires pour enfants… un peu de la façon dont Rhapsody a été traité à nos débuts… les personnes n’essayant même pas d’aller plus loin, de lire entre les lignes, pensant que nous faisions de la musique pour les enfants… Je devais toujours expliquer dans les interviews que nos textes possédaient un sens caché. Maintenant cela me semble un peu plus simple car nous ne sommes plus limités à un sujet précis. Dorénavant, les gens comprennent mieux de façon rétroactive, notre démarche au cours de la Saga d’Emeraude. Evoquer le même concept maintenant, de façon plus directe et explicite est plus simple évidemment…

Le visuel est différent aussi, ce qui peut aider à sortir de cette vision enfantine de tes débuts, tu étais en quelque sorte prisonnier des dragons…

Tout à fait, il était capital de changer cela, nous voulions une transition avec cette nouvelle aventure et il fallait changer d’artiste, et montrer un visuel dans un style différent des dragons, mais avec un style graphique qui ne soit pas à l’opposé non plus pour le premier album, et confirmer ce changement visuel pour de bon avec « Prometheus ». Le style visuel était vraiment le point faible de certains albums… Bien sûr j’adore le visuel de « Power Of The Dragonflame », mais pour souligner l’évolution de Rhapsody, il fallait offrir quelque chose de différent, nous avons travaillé avec Stefan Heilemann. Je ne voulais pas seulement sonner, mais aussi apparaître « Cinematic », dans un ton réaliste. Quoi de mieux pour être réaliste que de collaborer avec un artiste qui travaille avec des photos de véritables modèles, comme Stefan qui s’est déjà chargé des covers de Epica et Lindemann. Nous avons donc collaboré, je lui ai décrit le concept, et il s’est avéré être l’homme de la situation… J’apprécie tellement son travail que je m’imagine travailler encore longtemps avec lui. Cela va définir le nouvel aspect visuel du groupe, il s’est chargé des designs pour les singles, ainsi que des visuels dans le livret… tout cela représente la nouvelle approche graphique de Rhapsody pour les années à venir et il était crucial de souligner cet aspect « cinematic » non seulement en terme de musique mais également en terme visuel.

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Concernant l’écriture, comment te débrouilles tu pour inclure du Latin de l’italien, de l’anglais et de l’Hébreu au sein d’un même titre… Comment fais tu pour arriver à cet improbable mélange des genres? c’est étonnant

Oui, c’est juste fou, et c’est un procédé très spécifique à Rhapsody, que l’on ne trouve pas dans beaucoup de groupes à ma connaissance… Je t’ai parlé tout à l’heure des aspects spirituels de ma musique et du flux d’energie, qui me permettent de ne pas faire face à la panne d’inspiration. Lorsque je débute la composition d’un disque, il me faut en premier lieu un titre, j’ouvre une page word, et j’écris de multiples combinaisons de mots, j’éteins ensuite l’ordinateur puis l’allume à nouveau quelques jours plus tard, et si en me replongeant dans les associations de mots, je trouve la combinaison gagnante, quelque chose qui me semble très bon, quelque chose qui me parle directement le processus démarre. Lorsque je suis satisfait à 100% du titre, je débute un brainstorming autour des orchestrations et des paroles qui pourraient illustrer au mieux ce titre, je scanne chaque instrument et le rôle que chacun pourraient tenir dans ce nouvel album, je construis les nappes de piano, les directions principales des mélodies et je place les paroles … Les titres représentent tout au début du processus. Puis dans un deuxième temps, je reprends des notes écrites sur un calepin afin de ne pas oublier ce que j’ai pu ressentir au travers du flux d’energie initialement, j’utilise un piano, un clavier ou une guitare en fonction du type de chanson que je veux finaliser… et puis c’est tout, le titre est la clé… Une fois que j’ai les titres, et les notes relatives à chaque chanson, le travail est accompli… après ce n’est que de l’assemblage, placer chaque partie dans l’ordinateur, mettre en place les démos, finaliser les paroles pour que l’ensemble paraissent le plus harmonieux possible, le choix de différentes langues permettant aussi d’exprimer différentes émotions.

Que font les autres membres du groupe durant le processus de composition ?

Leur apport est essentiel, ils font partie intégrante du processus. Pour ce disque, par exemple, après 7 mois de composition, une fois la démo finalisée et qu’elle me satisfait, nous entrons alors dans la pré-production. Alessandro vient chez moi et nous vérifions les tonalités, comme il connaît mieux son organe que moi, il me propose sur certains refrains de pousser dans les aigus, ou de chanter un passage d’une façon différente, et ce genre de phase fait vraiment la différence avant d’entrer en studio. Parfois c’est crucial car en studio poussé par l’ambiance magique du matériel qui nous entoure, il va encore plus haut qu’il n’aurait pu l’imaginer, poussé par une sorte d’ambiance magique unique aux séances d’enregistrements en studio. Dominique apporte sa touche avec ses talents de guitariste rythmique, il est juste incroyable… Il joue les solos avec un feeling unique, j’ai d’ailleurs voulu qu’on inclus son solo dans le single Prometheus, c’est le solo principal du titre… Un feeling que je ne serai pas capable d’offrir pour un solo, je suis plus doué pour le sweep picking. On se complète parfaitement avec Dodo, on adore travailler ensemble. Les lignes de basse de Patrice sont formidables. Chaque membre apporte sa touche au final pour la composition, et c’est le moment où l’album prend réellement vie. Alex également à pris une part très active pour la composition, même si j’écris les parties rythmiques, généralement j’attends d’un batteur qu’il apporte des conseils précieux car je ne suis pas un spécialiste de la batterie pour les rendre « spéciales ». Alex m’a renvoyé les démos en ayant tout modifié (rires), plein de passages prog’, et j’ai trouvé un compromis en lui disant que c’était peut être un peu trop pour Rhapsody. Nous avons travaillé ensemble, exposé nos points de vue, cela à pris du temps mais je peux affirmer que cet album de Rhapsody contient les meilleures passages de batterie. J’ai essayé de simplifier ce qu’il m’avait envoyé tout en gardant ses idées, nous avons atteint un compromis au final qui me paraît très bon.

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Si l’on regarde un peu ta carrière, 15 albums dont une bonne majorité de chefs d’œuvres, des leçons de guitares, et ce nouveau projet « Luca Turilli Music Production ». C’est énorme !

Oui ça fait beaucoup, déjà il faut savoir que tu ne dors que 5 heures par nuit avec cet emploi du temps, incluant les 3 activités, le yoga, la méditation et le sport car il faut faire attention à sa santé et sans sport, aux alentours de 50 ans, c’est la crise cardiaque assurée !

Concernant « Luca Turilli Music Production » j’ai ce partenaire à Los Angeles qui attend de mes nouvelles depuis un an, nous devons lui envoyer une démo, nous venons de trouver un agent… dans cette nouvelle aventure tu redémarres de zéro, même si tu as vendu 1 500 000 disques, ça ne compte pas, c’est un autre marché, un business différent. Tout est à prouver à nouveau. Quel que soit l’activité, je veux vraiment transmettre ce message positif. Bien sûr Rhapsody reste la priorité, car j’ai une totale liberté, je peux faire ce que je veux, Nuclear Blast ne me fixe pas de limites, ils aiment ce que je fais, et travailler dans la confiance mutuelle est juste incroyable, le prochain album selon le contrat que nous avons signé initialement doit être le dernier avec Nuclear Blast, mais je pense que nous envisageons une extension, c’est ce qu’ils m’ont dit en tout les cas. C’est juste génial d’être supporté à 200% par sa maison de disques tout en ayant une liberté totale au niveau artistique. Hollywood, Los Angeles, c’est un peu différent, il se peut que tu sois confronté à une musique que j’ai composé sans savoir que je l’ai écrite, le marché est simplement différent, tu dois produire de la musique, mais également la vendre à des clients, et tu peux ne pas apparaître dans les crédits, cela peut paraître frustrant.

Il y a également les leçons de guitares qui me permettent de m’adonner à d’autres choses par moments et transmettre mon savoir…

Mais quel que soit l’activité, je communique toujours autour du maître mot : la compostion ! Guitares, claviers et pianos ne sont que des outils au service de la composition, les arrangements orchestraux enrobant cette dernière, avec pour objectif prioritaire la transmission d’un message positif empli d’espoir !

Pourquoi l’été est il toujours chaud en termes d’actualité pour Luca Turilli ? Les albums sortent en été, le split a eu lieu en été… Une raison particulière ? Ton karma ?

C’est très simple, contrairement aux apparences, les sorties se font en été car j’adore travailler dur en hiver (rires). Je n’aime pas vraiment travailler en été. Il m’est difficile de rester dans le studio en été. Tout ce système d’ordinateurs connectés entre eux fournit assez de chaleur ! Pas la peine de les faire travailler en été au risque de surchauffer ! Honnêtement, je suis plus actif de l’automne au printemps. J’adore être en studio quand il fait nuit dehors, quand le froid s’installe, travailler dur sans dormir. Et du coup une fois l’hiver passé, tu envoies le disque au mastering, et ce n’est pas anormal que le disque sorte en été. Je pense que c’est juste une relation de cause à effet… Mais en y pensant, il y a de grandes chances que le prochain disque sorte en Juin 2017 (rires…) Il se passe réellement quelque chose en fait…

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Puis vous partez en tournée en hiver… Donc effectivement, l’hiver est actif !

Oui, c’est un avantage aussi, être sur la route en automne… et pouvoir profiter de l’été. Les tournées en automne présentent énormément d’avantages.

Des dates sont déjà prévues j’imagine…

Bien sûr… De nombreux concerts en France, avec la tournée en Europe prévue pour Novembre et Décembre. Nous décidons des dates actuellement et d’ici un mois on devrait pouvoir confirmer. Allemagne, France, Espagne, Italie et d’autres pays où nous jouerons pour la première fois comme la Lituanie… De nombreux fans aimeraient que l’on passe dans leur ville, on fait le maximum et nous sommes prêts à partir !

En espérant que le public réponde présent, certains concerts sonnaient un peu creux, surtout en France, c’est toujours un peu le cas dans le domaine du métal mélodique dans ce pays…

Honnêtement je n’ai que des bons souvenirs, ce qui m’importe c’est le visage des fans, pas le nombre en soit… Mais il y a aussi l’explication du split, les deux moutures de Rhapsody en ont souffert car les fans ne savaient pas vraiment quelles directions nous allions prendre, il fallait prouver tout à nouveau, et si l’on cumule Rhapsody et Rhapsody of Fire, il y a eu dans certaines villes, 3 concerts en 3 ans… ça fait beaucoup. D’un côté Rhapsody nouvelle formule, de l’autre Rhaspody of Fire sans son guitariste originel… les fans étaient un peu perdus ! Mais on voit déjà la différence avec « Prometheus ». Les préventes de ce nouveau disques sont plus de deux fois plus importantes que celle de « Ascending to Infinity ». Nous avons du démontrer à nouveau de nos capacités, tout comme Rhapsody of Fire, mais au final, les fans ont deux fois plus de musique et je crois ont appris à nous faire confiance à nouveau

C’était un peu brumeux il y a 3 ans, mais les choses se sont éclaircies depuis…

Complètement, les gens connaissent Alessandro, se sont renseignés sur lui, ont découvert son autre groupe… Après Fabio, il était difficile de convaincre que je pouvais présenter quelque chose d’aussi solide en choisissant un nouveau chanteur pas forcément très connu. Mais maintenant, je crois que Alessandro fait l’unanimité, on le présente comme l’un des meilleurs talents dans le milieu, petit à petit ce genre de commentaires aide, et la fanbase est toujours là, à toujours répondu présent de toutes manières ! Je le vois tous les jours au travers de Facebook, et cette fidélité est un petit trésor !

Pour finir, quelques mots sur la disparition de Christopher Lee, tu es l’une des raisons l’ayant amené au Métal, poursuivant une carrière après sa collaboration avec Rhapsody…

Lorsque nous avons eu la chance de le rencontrer personnellement, c’était l’un des moments mémorables de notre carrière. C’était déjà un rêve lorsque nous apprenions d’agent à agent que Christopher Lee voulait poser une oreille sur notre musique avant de donner sa réponse… juste pour mieux appréhender le Heavy Métal, qu’il ne devait pas trop connaître (rires). Nous avons préparé Alex et moi les morceaux à envoyer, en essayant d’éviter les morceaux agressifs… trop de guit        ares ici… la batterie est trop rapide là… nous avons envoyé les titres les plus symphoniques… Il les appréciés et voulait absolument découvrir le reste de l’album. Il semblait aimer nos mélodies. Son idée était de se faire connaître d’un plublic plus jeune, et ce choix était la continuité logique de sa carrière après avoir joué dans « Star Wars » et des films réunissant plusieurs générations au cinéma ! Je n’ai pas assez de mots pour qualifier ce qu’il était, je sais juste que nous partagions les mêmes valeurs, l’amour, le respect, l’honneur, c’était un incroyable acteur… Je ne sais vraiment pas quoi dire. Quand nous l’avons rencontré avec Alex, nous étions impressionné, et puis il a brisé la glace, racontant des bêtises sur ce qu’il arrivait derrière les plateaux de cinéma lors de certaines de ses scènes cultes, puis nous sommes devenus amis, et le considérions un peu comme un grand père et cette relation dura des années. Son décès m’a terriblement attristé, j’ai complètement arrêté la promotion du disque lorsque j’ai appris la nouvelle, je ne voulais absolument pas lier les deux. Notre dernière rencontre datait d’il y a 4 ans, mais nous nous estimions mutuellement, même si nos emplois du temps respectifs ne permettaient pas de se revoir

Voilà fin de cet entretien, Heavylaw et moi-même te remercions pour ce précieux temps que tu nous accordé !

Merci à toi, et j’espère vous croiser en concert !

Un merci particulier aux membres ayant proposé certaines questions qu’ils retrouveront dans cette interview ! Impossible de vous nommer, la news ayant disparue après l’expérience malheureuse du disque dur !!! Faites vous connaître en commentaires !

0 Comments 18 juillet 2015
Whysy

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