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Un clair de lune, sur un rivage paisible. Assis sur la plage, détendu, on se concentre sur le doux va-et-vient de la mer, tout en observant tantôt le ciel, clair et sans nuage, tantôt l’onde, où le reflet de la majestueuse lune brille intensément sur l’écume, créant de mystérieux reflets d’argent. On respire profondément, à l’écoute de cette magnifique mélodie de piano virevoltante… Voilà en tout cas ce que m’inspire la superbe introduction de l’album, « Fantasy ». Notre voyage musical peut à présent commencer.


Il y a encore pas si longtemps, j’introduisais ma chronique du dernier né d’Agalloch en me plaignant ouvertement de la mauvaise qualité des groupes récents nés aux Etats-Unis, et du manque de sensations black/doom mélodiques en provenance du nouveau continent. Et bien, même si les deux groupes ne sont en rien comparables, voilà qu’un nouveau venu parvient encore une fois à me déstabiliser et à me faire réviser légèrement mon jugement !

Officiant dans le registre très particulier du Black Metal atmosphérique, les jeunes (tous âgés d’environ 20 ans) musiciens de Verfallen signent ici leur premier opus. Cherchant à jouer sur une certaine originalité, le combo affiche clairement son orientation musicale en se qualifiant de « Fantasy black ». Qu’est-ce donc que cela ? En l’occurrence, il s’agit là d’un black metal très mélodique, mélangeant allègrement guitares crades et riffs rapides typiques du genre, avec des éléments beaucoup plus mélodiques : soli qui n’auraient pas dépareillé dans du heavy Metal, et claviers, parfois emphatiques ou au contraire plus cheap, aux sons variés, plus ou moins convaincants, mais aux mélodies aussi belles qu’inspirées (« Valkyrie », « Healing in time»…)

A la lecture de ceci, peut-être plusieurs noms vous viennent-ils en tête, à commencer par Bal Sagoth ou Summoning… Même si l’on ne peut vraiment pas mettre les trois groupes côte à côte, Verfallen possède néanmoins quelques unes des caractéristiques qui définissent ses compères. Les claviers sont presque aussi kitsch que chez Bal Sagoth, et comme chez eux, la production les met largement à l’honneur…Au détriment des guitares, de la batterie et du chant, sonnant davantage comme chez Summoning, plus « sales » et en retrait. En résulte parfois un aspect désagréablement artificiel, comme si les claviers avaient été rajoutés après, et s’opposaient à la musique au lieu de faire chœur à l’ensemble.

Evidemment, mon jugement à ce niveau sera moins sévère, puisqu’il s’agit là d’un album entièrement autoproduit. Le problème est que, même pour un combo encore hésitant et novice, Verfallen commet de très graves fautes de goûts, sur lesquelles je ne peux me montrer impassible. Si tout était décevant, ce ne serait pas pareil mais là…

Car cet album contient de beaux moments, oh oui, il en contient !! Des exemples ? « Fantasy », ou trois minutes de bonheur pianisé, tout en finesse, virevoltante et magique… la plus belle introduction dont nous puissions rêver. Dans le genre, l’instrumentale « Valkyrie » se défend à merveille aussi, proposant des ambiances nocturnes que n’aurait renié un Summoning (décidemment influence majeure du combo), avec ce superbe mélange claviers/guitares. « Wyvern » est également assez accrocheuse, avec ses accélérations bien amenées qui permettent d’éviter la monotonie. Et personnellement, je fonds sur la rythmique de « Mourning fog », petite pièce épique propice à l’émotion et la rêverie.

Alors bien sûr, je pourrais mettre une excellente note et dire qu’il y avait longtemps qu’un combo classé dans le Black Metal ne m’avait plus ainsi séduit… Mais non ! Comment, tout en proposant des arguments aussi convaincants, le groupe peut-il ainsi foirer son résultat final, digne d’une pauvre démo ? Premier problème, le mixage : le chant, typique black, s’avère criard et agressif, et aurait vraiment gagné à être placé plus en retrait. J’ai peur qu’il ne rebute un grand nombre d’entre vous, ce qui serait fort regrettable. La batterie souffre également de ce problème : lorsque cela blaste, comme sur « Forest of dark mystery », cela étouffe le reste, ce qui est assez pénible. Mais la palme du ratage vient de certains soli : que ce soit dans « Mourning fog » ou « Black ice », les envolées de guitare prêtent à rire, tant elles sonnent faux et sont mal exécutées ! Grosse déception…Et dernier défaut, sûrement plus lié aux moyens du groupe : les ambiances, bien qu’éthérées et rêveuses comme je les aime, sont encore un peu artificielles : beaucoup d’effets sur le chant et les guitares, mais claviers encore assez pauvres… On attend une harmonisation de tout cela dans l’avenir, messieurs.


Je mets donc 6/10, ce qui me paraît au final plutôt juste. Mais j’annonce que j’aurais très bien pu mettre plus… ou beaucoup moins, c’est selon. Pour l’instant, un bon album de black atmo, et on attend une réédition ou l’arrivée d’un successeur gommant les erreurs de ce premier essai avant de formuler un jugement définitif sur ce groupe… ma foi, bien agréable et prometteur tout de même.



Gounouman

0 Comments 16 avril 2007
Whysy

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