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Dire que le second album de Shade Empire est très attendu tient de l’euphémisme. Voilà un groupe qui est parvenu en l’espace d’un instant à sortir de l’ombre et à impressionner même les plus réticents par son mélange extrême, mélodique et salvateur. Cette fraîcheur bienvenue, cette audace juvénile et le talent des jeunes finlandais éclate au grand jour. Déjà les critiques s’emparent de l’affaire et n’hésitent pas à les comparer aux plus grands, on entend Dimmu Borgir et d’autres. Ce premier album plein de promesse a sacrement secoué mon entourage et moi-même. La relève ? Il est vrai que l’on aurait pu y penser, mais Shade Empire refuse le sur place. Le groupe s’érige d’or et déjà comme une formation instable, une formation qui n’a pas peur de l’expérimentation, une formation qui va explorer de nombreux horizons musicaux. En effet, « Intoxocate O.S. » est un album surprenant qui pourra rebuter ceux qui attendent une suite logique à « Sinthetic ». La machine est en marche…

Nous assistons à une véritable transformation, et je pense que le terme ne sera pas galvaudé tant Shade Empire bouleverse sa musique et ce tout en conservant une identité propre. Il est parvenu à sauvegarder le meilleur en l’enrichissant d’influences industrielles et électros pour un mélange aussi inattendu que réussi. Nous obtenons un black métal mélodique et moderne bien qu’assez violent. En effet la production se montre clinique et assez dantesque, le son est d’une ampleur effrayante et les chansons très énergiques, voire énervées. Shade Empire impressionne par sa rigueur d’exécution et par le sérieux de sa musique. Une musique mature et originale qui tire toute sa puissance des guitares, de la précision de la batterie, des différents chants maîtrisés et surtout des nombreuses orchestrations, à nouveau le point central de la musique.

La musique du combo s’est enrichie et les musiciens se sont améliorés et s’affirment au gré des compositions. Les guitaristes se laissent aller à de courts solis et leurs riffs ne sont plus exclusivement rythmiques, on note ainsi de plus nombreuses lead guitares. Les mélodies s’en trouvent étoffées et la musique plus aérée car les orchestrations se font plus discrètes bien que toujours nécessaires. Shade Empire a par la même occasion modernisé sa musique par l’ajout de nombreux samples, d’un clavier aux consonances futuristes et par le traitement numérique de certains vocaux. Ainsi « Slitwrist Ecstasy » marque l’oreille par son côté totalement fou mixant modernité et tradition. Juha Harju est parvenu à transcender son chant afin d’acquérir de nouvelles tessitures dont une voix gutturale profonde, originale et franchement dérangeante. Je pense que « Chemical God » souligne à merveille ce nouvel aspect, aussi bien vocal que musical. Un vocaliste impressionnant qui n’a pas abandonné son chant black caractéristique. Une dualité vocale mise en valeur par l’excellent « Bloodstar » dont les deux dernières minutes, apocalyptiques, tiennent du génie. On note également le surprenant chant clair de Hylzy Hyvärinen tout au long de « Rat In A Maze » ce qui apporte une variété de voix non négligeable.

Shade Empire n’a pas lésiné sur les moyens et c’est chaque minute qu’il impressionne. Les orchestrations sont denses et utilisées avec beaucoup de soin, on évite ainsi l’overdose et la surenchère. Elles participent aux ambiances et s’accordent à la chanson. On passe ainsi par des arrangements assez psychédéliques pour « Bloodstar » ou « Slitwrist Ecstasy » à d’autres plus classiques sur « The Silver Fix ». Cette dernière est un point d’encrage et parvient à faire le lien entre les deux facettes du groupe. La voix est en retrait, parfois soufflée tandis que chœurs maléfiques et orchestrations sombres mais splendides cohabitent au sein de l’une des meilleures chansons. Je pense que la construction des différentes pistes annonce le talent de ces outsiders et marque une ouverture d’esprit agréable à l'oreille, le break sur fond de flûtes indiennes est un mémorable délice et fait de « Soulslayer » une chanson complète où la fusion des styles enfante de l'incroyable. Même l’instrumental « Ravine » semble avoir été touché par la grâce, cette mélodie, ce piano… et soudain les guitares, la montée en puissance, c’est superbe.

Shade Empire donne vie à un album marginal qui fera date dans l’esprit des amateurs de musiques intelligentes. Un tel culot, une telle prise de risque pour un second album ne peut être que récompensée, un tel talent se doit d’être applaudi à deux mains. Une œuvre qu’il faut prendre le temps d’assimiler afin de l’apprécier à sa juste valeur. Un album incontournable, un style inimitable, définitivement un disque qui ne vous laissera pas de glace. Dire qu'il faudra attendre jusqu'à l'automne pour enfin se délecter du joyau.

…TeRyX…

0 Comments 01 juillet 2006
Whysy

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