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Me voilà au pied d'une autre montagne, une fois n'est pas coutume je m'attaque à l'ascension d'un autre monument musical originaire du nouveau continent. On savait que les Américains avaient un penchant pour la musique décapante et j'avais fait plus ou moins le tour des grands noms du thrash métal, mais j'avoue que cette fois est plutôt difficile car je ne sais encore par quel bout gravir cet édifice. Effectivement Overkill existe depuis le début des années 80 et même si le quintet a subi de nombreux changements de lineup, le noyau dur n'a jamais cessé d'exister, restant toujours intact depuis ces temps ancestraux. Voguant sur la vague du métal depuis presque trente ans maintenant, les musiciens déboulent avec Ironbound prévu pour 2010. Notons au passage qu'il a été mixé en collaboration avec Peter Tagtgren, ce n’est pas très important en soi, mais ça fait toujours son effet quand on prononce le nom de ce personnage...

Et bien que dire de cette offrande ? Devant une telle assurance et un tel aplomb musical, il est presque impossible de venir chatouiller la petite bête. Si je devais définir cet album en quelques mots, je dirais que c'est un pur concentré de thrash métal avec tout ce que cela implique. Des mélodies speedées gonflées à la testostérone, une batterie tenue par un psychopathe de la rythmique qui saccage tout à coup de grosses caisses — cymbales et un chanteur qui vocifère ses paroles sur un médium enraillé. De plus, les guitaristes sont aussi remarquables, pas handicapés du manche, ces messieurs font une démonstration de leurs talents au travers de riffs évocateurs et de shreds destructeurs lorsqu'ils ne sont pas occupés à balancer des soli omniprésents (« In Vain »). Il est vrai qu'Overkill est un groupe qui roule sa bosse depuis un moment et on ne peut vraiment rien leur reprocher au niveau de la technique musicale. La structure est franchement solide et groove fortement grâce aux interventions des cordes. On a l'impression qu'un mur d'acier indestructible est venu nous écraser par sa force pendant les minutes auxquelles il a eu le droit d'exercer sa puissance.

L'effet est certes proche de celui d'un rouleau compresseur, mais comme vous le savez la technique n'est pas la seule composante musicale. Il est vrai qu'une maitrise est déjà un bon point de départ lorsque l'on veut mettre des notes sur une portée sur orbite, mais hélas nos Américains ont failli selon moi. « The Green And Black » ouvre les hostilités avec une intro qui suscite la curiosité, on est par conséquent en droit d'attendre beaucoup de l'album. Or passé deux morceaux, on commence à en avoir assez puisque les chansons n'innovent pas assez. Si le combo applique un genre conventionnel à la lettre ce qui reste sans danger, leur musique n'en demeure pas moins sans surprises et c'est ce qui fait défaut, car sous son apparence d'un char blindé rutilant et crachant le feu, Ironbound révèle une sérieuse difficulté à se mettre à découvert. Les rares moments d'émotions sont que trop diffus et même si le break du morceau éponyme fait frissonner tellement il est polarisé, le reste n'arrive pas à rejoindre ce niveau ainsi atteint.

Overkill sait faire de la musique impeccable et inébranlable mais manquant de relief. Que cela soit des changements rythmiques ou des sonorités, tout a déjà été entendu et personnellement, je n'ai pas eu besoin qu'on étale une couche une fois de plus. De ce fait, on assiste à du remplissage avec des morceaux fades voire caricaturaux (« Bring Me The Night ») ou aux refrains belliqueux, mais ô combien clichesques (« The Goal Is Your Soul », « Killing For A Living »)! Quant bien même, les musiciens essaient des nouveautés, il paraît inévitable de casser cet élan tourné vers du neuf pour retrouver un fluide musical plus roots et donc plus académique. En plus clair, on se noie dans un océan de fatalisme artistique même si ses vagues  semblent porter l'écume du thrash à un niveau rarement égalé.

Au final, sans être explosif, Ironbound reste tout de même appréciable, mais avec une mise en garde puisqu'il est seulement à réserver à la caste des fans du thrash sans bavure. Amateurs de guitares, de vitesse et de riffs à profusions, cet opus vous est destiné, cela ne fait pas un pli... Pour les autres, vous pourrez vous écouter « Endless War », « The Head And The Heart » et « In Vain » qui, malgré tout, sont particulièrement doués et leur colossale emprise ne fait aucun doute. De mon côté, j'espère que nos vétérans se lanceront dans une croisade à mort contre le conformisme et la banalité musicale. Quoiqu’à leur âge est-ce qu'on a envie de changer une recette qui marche si bien auprès de ses partisans ?


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 29 novembre 2009
Whysy

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