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Chacun sa conception du viking-folk-black-metal, et celle de notre cher Andreas Hedlund est pour le moins particulière. A vrai dire, je n'entends guère le « pouls de la Terre » sur ce très sympathique huitième album de Vintersorg: déjà, mais vous vous en doutiez, j'entrave pas un traitre mot de suédois. Mais en même temps je ne parle pas finnois pour autant, et j'ai bien entendu les « ombres qui traversent le pays des morts » du dernier Moonsorrow. La faute à? Une mésentente au départ je pense, qui se règle rapidement et on en parle plus.

Vintersorg ne pratique plus vraiment dans la sphère viking-metal, au moins musicalement. En effet, difficile en écoutant Jordpuls d'y trouver des liens avec Bathory, Falkenbach ou encore Enslaved. Bien évidemment, cela ne nuit en rien à la qualité de l'album, j'irais même jusqu'à dire qu'on s'en fiche un peu. Il faut donc trouver une nouvelle définition à la musique du Suédois, et je propose le concept suivant: écolo black-metal.

Sur Jordpuls, Hedlund ne sort guère des sentiers battus mais propose un metal entrainant, très mélodique et presque réjouissant, le comble pour une musique censée nous introduire au sein des arcanes sataniques d'une noirceur abyssale, ce qui n'a jamais été la tasse de thé de notre ami. Vintersorg a-t-il jamais écrit un morceau d'inspiration sataniste ou occulte? J'en doute, il ne nous reste plus donc que le cœur du sujet, la musique. Et là, on retrouve bien le chanteur créatif que l'on aime, que ce soit au sein de Borknagar, Cronian, Otyg, j'en passe et des moins bons. Sans vouloir en rajouter encore une couche sur les gars qui font tout tous seuls, c'est vrai qu'il manque une deuxième voix à cet album, une deuxième inspiration, un deuxième souffle, mais bon ne boudons pas notre plaisir avec des broutilles, cet album est franchement cool, agréable, rafraîchissant...

Vous l'aurez deviné, je suis un peu déçu. Et pourtant y a pas de quoi, cet album est dans la droite lignée du précédent, très peu de surprises ou de fautes de goût. Sauf un seul point noir, vraiment black pour le coup, que je note beaucoup trop souvent ces derniers temps: trop de cordes tue les cordes, bordel! Faudra leur dire à tous ces gens, qu'ils soient Aviv Geffen, Silenoz ou Andreas Hedlund, que quand une ambiance orchestrale est réussie ça peut être génial (Eld Och Lågor) mais que quand c'est raté ça fout tout le morceau en l'air (Palissader)! Hormis ce détail parfois gênant, rien à redire de particulier concernant Jordpuls, homogène et cohérent.

C'est bien ce qui m'ennuie en fait: Jordpuls est effectivement bien construit et conçu, comme un artisan peaufine un bel ouvrage, mais ça manque cruellement de génie, d'une étincelle qui pourrait faire passer l'album d'agréable à indispensable. On sent bien que le Suédois ne ménage aucun de ses efforts et donne de lui-même dans les chœurs, comme toujours très réussis, ou les parties hurlées. C'est vrai que la grande force d'Andreas Hedlund c'est son organe vocal hallucinant, qu'il martyrise et modèle à loisir, à la manière d'un Ihsahn ou d'un Garm. C'est rare les très bons hurleurs de black qui ont en même temps un beau brin de voix et maîtrisent autant les techniques d'harmonies vocales. Pour autant, la magie n'opère que rarement, même si quand c'est le cas c'est d'un assez haut niveau: Eld Och Lågor, par exemple, casse véritablement trois pattes à un canard. Comme un dessert exquis après un repas honorable, ce très bon mid-tempo finit l'album en beauté et nous sert enfin une orchestration complètement réussie, Hedlund s'offrant même le luxe de claquer deux-trois moments carrément extras.

Ça ne suffira malheureusement pas à faire de Jordpuls un grand album, et même si je n'irais pas jusqu'à le réserver aux seuls fans, je crains que cet opus de Vintersorg ne soit un peu trop « nichesque » pour plaire au plus grand nombre. Mais, après tout, ce n'était sûrement pas son intention.

0 Comments 22 avril 2011
Whysy

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