Vous recherchez quelque chose ?

Une livraison chaque année, en provenance du clan de l’ancienne forêt ? C’est un rituel auquel il faudra désormais s’habituer. Car si j’en crois les propos du bassiste, récemment interviewé par téléphone à propos de la sortie de « Karkelo », 6ème album studio du groupe, ce ne sont pas les si prolifiques membres de Korpiklaani qui sont anormalement productifs, ce sont les autres groupes qui sont trop paresseux ! Donc, inutile de s’attendre à un renouvellement particulier ou à un changement majeur dans l’avenir : la voie du groupe est toute tracée. Après tout, AC/DC ou Kiss produisaient bien un à deux albums par an dans les années 70, et ces albums sont aujourd’hui considérés comme des classiques ! Pourquoi cela serait-il différent aujourd’hui ? C’est ce que se disent nos joyeux shamans finlandais, bien décidés à suivre ce glorieux exemple.


Alors, puisque l’on sait maintenant qu’il est inutile d’espérer plus de profondeur ou de grandes mutations dans la musique de Korpiklaani, qui n’a finalement d’autre prétention que de combler ses fans, nous pouvons aborder autrement cet opus. Quitte à prendre le contre-pied de l’ensemble de mes confrères qui n’ont pas manqué, ou ne manqueront pas, de s’acharner violemment sur cette nouvelle galette d’un groupe qui, selon eux, s’avère si répétitif et si anormalement productif qu’il en devient ridicule, prisonnier de ces carcans, incapable d’apporter ce vent de fraîcheur qui fait de bons albums de Metal des albums uniques et attachants.

Et pourtant, c’est bel et bien dès la première écoute que s’impose un étrange constat : prétendre que cet album ne serait qu’une copie de ses deux prédécesseurs serait un raccourci facile, pire, un mensonge éhonté. Car oui, « Karkelo » s’avère, dès les premières écoutes, différent. Plus Metal, plus axé guitares, plus direct et plus créatif à la fois, en bref, définitivement plus intéressant que ne l’étaient le médiocre « Tervaskanto » et le sympa-mais-sans-plus « Korven Kuningas ». Ici, on s’échappe clairement du « poum-tchac-poum-tchac », autrefois matraqué sans conviction ni créativité. Place à un tempo plus lent, des atmosphères plus fouillées, très légèrement plus sombres aussi (la plus lourde mais très charismatique « Uniaika ») et surtout, à du riff ! Du vrai !

A ce titre, « Uniaika », la très punk-ska-viking (comme le fait Glittertind) « Juodaan Viinaa » ou la très touchante « Mettänpeiton Valtiaalle », avec ses mélanges acoustiques/électriques, nostalgie/gaieté, nous présentent enfin Korpiklaani sous un visage différent. Les tempos, globalement plus lents, permettent à l’auditeur une meilleure immersion, et l’on retrouve ici un peu des subtilités et de l’esprit chamanique qui définissaient le groupe autrefois. Cet album revêt une palette de couleurs bien plus variée, plus automnale, comme le suggère sa cover. Il sent bon la maturité, et si l’on n’échappe pas aux drinking songs toujours aussi débiles et efficaces, on se retrouve avec des authentiques surprises que l’on n’espérait plus. Quid de ce riff trashy à la trentième seconde de « Kultanainen » ? Et ces roulements de batterie après le refrain de cette même chanson ? Décidément, changer de producteur aura vraiment été la meilleure décision prise par le groupe ces dernières années. Ce retour aux guitares est aussi salvateur qu’inattendu, et permet d’affranchir un peu la troupe de la routine dans laquelle il commençait à s’enferrer, n’étant rien d’autre, aux yeux de beaucoup de gens, qu’un bon groupe de live, point barre.


Une humeur à la fois plus vindicative et champêtre, voilà ce que propose ce sixième album. Même si l’on regrettera toujours que l’instrumentation traditionnelle ne repose que sur un violon et un accordéon et donc, ne soit pas très créative, il paraît impossible de nier que la qualité de composition est enfin autant basée sur les parties Metal que sur les parties folk. Et ce constat est si bénéfique que l’on traite l’album avec plus d’indulgence, ses qualités étant bien réelles. Après tout, si cela avait été leur premier, la note aurait encore été supérieure… Cela, en revanche, ne vous étonnera pas.


Gounouman

0 Comments 19 septembre 2009
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus