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L’émergence et la multiplication des sous-genres musicaux, symbole d’ouverture et de créativité, au sein de la grande famille Métal sont aujourd’hui un fait indéniable. À l’image des nombreuses familles d’autrefois, la mère Métal donne naissance, avec le passage des années, à de nouveaux rejetons selon une base régulière. Si les années 70 ont vu apparaître le Glam, les années 80 le Heavy et le Trash, et les années 90 le Folk et autres, la naissance du dernier rejeton, le Metalcore, est typique des années 2000. Si ce petit nouveau n’est pas encore très bien accepté, c’est probablement parce qu’une grande partie des groupes, dans leur recherche d’identité juvénile, ont tendance à épier leur grand frère le Death Mélodique et à s’embourber dans un carcan musical ne laissant que peu de place à l’expérimentation. Souvent oubliés ou simplement encore inconnus, de petits groupes s’acharnent toutefois à renverser la vapeur.

C’est des terres froides et quasi vierges de Metalcore que provient Protest the Hero, jeune groupe ontarien à peine sorti du Lycée. Leur premier EP au nom prophétique A Calculated Use of Sound, paru en 2003, jette les bases d’un retour aux sources du Metalcore, c'est-à-dire une combinaison des structures rythmiques lourdes de la musique Hardcore, elle-même issue du Punk, et de la complexe mélodicité du Métal. Ce premier essai fait aussi le pont avec l’engagement social et politique propre au vrai punk avec These colours don’t run, pied de nez au culte du militaire et de l’impérialisme Américain. Le groupe n’hésite même pas à débarquer avec un minimum d’équipement en plein centre-ville de Toronto pour offrir de courtes prestations lives surprises, à deux pas de la frontière. Les bases et l’unité du groupe étant jetées, la prochaine étape relève de la maturation de la musique dans l’enregistrement de leur premier Album à proprement parler : Kezia.

Un crescendo judicieusement bien placé introduit No Stars Over Bethlehem, première pièce de l’album. Sans perdre de temps, la pleine puissance identitaire du groupe explose et affirme sans équivoque la particularité du son de PtH. Rythmes rapides mais changeant constamment, mélange entre la puissance de guitares rythmiques et la beauté des mélodies, lignes de basse discrètes mais techniques. Turn Soonest to the Sea étonne notamment par de magnifiques mélodies suivies d’un Breakdown lourd « Your flesh means more than you! », rappelant avec brio les origines hardcore du genre. La batterie est surprenante dans sa technique mais sans exagération, et accompagne bien chaque changement de rythme. Pourtant, ce n’est pas par les instruments que le groupe vient chercher sa pleine originalité, mais par le registre vocal de Rody Walker . Alors que le reste de la scène Metalcore privilégie différentes variantes de growls et relègue les chants clairs à l’accompagnement, Mr. Walker fait un pied de nez aux standards et harcèle le micro de sa voix claire et entêtante, laissant l’énergie débordante de la musique guider ses effets vocaux. Variant de registres doucereux à hargneux, sa technique vocale est surprenante pour l’âge et est parcimonieusement accompagnée de growls permormés par le guitariste Luke Holskin. L’effet ainsi glané rend les compositions beaucoup plus faciles d’accès à un public habituellement repoussé par le chant extrême.

Malgré l’absence totale de pièces plus reposantes, de mid-tempos ou de ballades, la frénésie mélodique est judicieusement parsemée d’oasis de tranquillité : une transition au piano suivant Divinity Within, le touchant duo de guitares classiques concluant Blinfolds Aside, ou encore l’hymne que constitue la seconde moitié de Turn Soonest to the sea. Les paroles, fidèles aux engagements de leurs débuts, rejoignent des causes telles l’obsession du corps parfait, les droits de l’homme et la religion. Le sens des textes est par contre difficile à saisir. La structure irrégulière des pièces est en soit une bonne chose, mais cette particularité contribue à mélanger l’auditeur et à rendre difficile l’assimilation de l’album autrement qu’en un tout, et ce, même après plusieurs écoutes.

Kezia est une découverte du hasard, d’un groupe obscur publié sur un label tout aussi inconnu, et dont le nom est bien choisi. Si la moitié des formations de Metalcore possédaient cette inspiration, la scène pourrait peut-être revenir sur son départ un peu … boiteux! Le fait que cet album reste un de mes albums de Metalcore préférés mérite bien un coup de cœur… Et le fait que plusieurs néophytes l’apprécient est aussi un fait à mentionner ! 9/10 ne semble pas trop !

0 Comments 12 février 2009
Whysy

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