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Quelques fois c’est bizarre comment les chemins d’un groupe et qu’un chroniqueur peuvent se croiser et se recroiser. Ma rencontre avec Waylander,  je la dois au Cernunnos Pagan Fest de 2008. Sur la grande scène de la Loco. Leur performance de la journée, noyée dans la masse, ne m’avait laissée presque aucun souvenir. Au milieu d’Obtest, Kawir et Melechesh, j’en étais presque arrivée à rayer Waylander de ma mémoire. Ce n’est qu’en voyant Kindred Spirits dans la liste des promos disponibles que mon esprit a vaguement ressorti des tréfonds de mon cerveau un backdrop aux couleurs de Waylander au milieu d’une salle bien remplie. Armée de ce seul souvenir et bien décidée à donner une deuxième chance au folk metal des anglais, j’ai décidé de me pencher sur cette nouvelle production de Waylander, sortie durant l’été, qui fait suite, cinq ans après, à Honor Amongst Chaos.

Kindred Spirits commence plaisamment ; « Echoes on the Sidhe » est une bonne chanson. Avec ses grosses guitares, adoucies par le son plus guilleret des instuments folkloriques, et son refrain facilement mémorisable, ce premier morceau constitue une entrée de choix dans Kindred Spirit. Waylander a su proposer un titre facile d’accès, léger et bourrin à la fois, qui tente de délivrer le maximum d’effets avec un minimum de moyens. La technique est un peu éculée mais dans le cas de Waylander, elle a le mérite de retenir l’attention. On retrouve un peu le même manège, et cette volonté de vouloir aller à l’essentiel en frappant fort, dans d’autres morceaux de l’album comme « Of Fear and Fury » et « Quest For Immortality » dans lesquels les anglais reprennent les atouts évoqués précédemment. On les imagine sans problème, grâce à l’énergie qu’ils déploient,  taillés pour le live.

Dans un autre domaine, les ambiances celtes fonctionnent la plupart du temps. Bien intégrés aux mélodies, ils ne semblent pas déplacés et accompagnent les autres instruments avec conviction et réalisme. Les breaks de « Lahm Dearg » sont plutôt bien trouvés et se marient bien avec le reste de la chanson.  Tout comme « Twin Fires of Beltine » est illuminé par le passage central, plus reposé et planant.  Waylander réussit donc à incorporer les thèmes folk à sa musique sans donner une impression d’artificialité. En combinant avec maîtrise force et légèreté, le combo anglais livre un opus pas désagréable à écouter.

Seulement, il subsiste l’idée que le groupe peut faire mieux. Ou plutôt, mieux n’étant pas vraiment le terme le plus approprié, Waylander ne devrait pas se contenter d’un disque si peu changeant. Le problème principal de Kindred Spirits, qui empêche de l’apprécier  davantage, ne vient pas d’un manque de savoir-faire ou de conviction, comme on a pu le voir plus haut, mais d’un manque certain d’audace dans la composition des morceaux. Le folk/celtic metal est un genre compliqué et ingrat. Il est tout aussi difficile de sortir du lot que de maintenir son rang en sachant contenter les attentes des fans et en évitant les redites. Waylander, presque à cause de la tare inhérente au genre musical dans lequel il évolue, se retrouve prisonnier d’une éternelle ritournelle qui semble l’obliger à se répéter en permanence.

Ainsi, Kindred Spirits s’essouffle très vite au fil de l’écoute et des écoutes. Parce que le groupe aura beau faire, tout se ressemble. Et les petites variations de rythmes çà et là n’y changent pas grand chose. Une fois  « Echoes of the Sidhe » terminé, on se rend compte, à mesure que le temps passe, que « Of Fear and Fury » ou « Erdath » ne sont finalement pas si différents que ça du titre d’ouverture. Tels la cavalerie dans la légende populaire, les instruments folks arrivent toujours à temps et toujours  au moment où on les attend. Si vous cherchez l’élément de surprise par contre, il est dramatiquement absent. Le rythme général est également le même tout au long de l’album si « A Path Well Trodden » essaie de nous faire croire le contraire.

Cette impression d’uniformité qui se dégage de Kindred Spirits vient, il faut le souligner, en grande partie du fait que le chant de Ard Chieftain O'Hagan est le même du début à la fin de l’opus. Cramponné comme un beau diable à sa litanie, il refuse tout bonnement de varier son timbre. Même si ce dernier est agréable à l’oreille et suffisamment puissant, il faut reconnaître que sur neuf chansons, ça devient un peu lassant. Surtout quand Kindred Spirits tire sur sa fin. Donc, quand on arrive au titre éponyme et qu’on a le sentiment très net de ne pas avoir avancé d’un chouïa depuis les premières notes, la frustration se fait vraiment sentir.

Si ce quatrième album de Waylander a su ressusciter à mes oreilles le groupe, il aura aussi su me rappeler pourquoi j’avais si peu de souvenirs du concert de Paris. Que peuvent faire une poignée de bonnes idées face à un bloc d’homogénéité ? Pas  grand-chose malheureusement ! Waylander sauve les meubles comme il peut  et fait parvient à s’en sortir sur quelques passages ou quelques rares morceaux. Cependant, Kindred Spirits n’est pas assez fort pour s’imposer et trébuche sur les pièges du celtic metal trop facilement. Tout juste est-il un album divertissant. A vous de voir si c’est toujours mieux que rien !

Nola

0 Comments 01 octobre 2012
Whysy

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