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La vie est parfois faite de belles histoires, celles qui commencent de la façon la plus banale qui soit (« C’est l’histoire d’un mec… »), et qui se terminent en apothéose sous les feux des projecteurs comme dans les plus belles histoires Hollywoodiennes. Tout commence en 1992, Tobias Sammet est un jeune collégien moyennement doué en maths, et il écume les rues de son village en semant la terreur et les blagues scabreuses en compagnie de ses trois meilleurs potes : Jens, Dirk et Dominik. Les quatre bonshommes, ne sont pas doués pour grand-chose, petits et malingres, ils font peur aux demoiselles et à leurs petits camarades. Leur destin va changer, le jour ou en s’introduisant dans un studio, ils vont se découvrir des talents innés pour les notes discordantes et le bruit : Edguy était née!!!  La jeune formation allemande n’a pas énormément d’expérience certes, mais elle va prendre tout son temps pour se roder. C’est en 1997, après pas moins de trois démos plus ou moins réussis (et pas mal de galères) qu’Edguy signe enfin sur un label digne de ce nom : AFM Records. Les moyens sont encore limités, autant au niveau de la promotion, que des conditions d’enregistrement et de production, mais nos jeunes loups travaillent avec obstination pour mettre dans la boite leur premier album longue durée (deuxième si l’on compte The Savage Poetry parut deux ans plus tôt avec des moyens insignifiants). Malgré sa jeunesse et le côté un peu artisanal du disque, l’inspiration du quatuor allemand est déjà bien présente, le leader Tobias Sammet possède déjà un sens pointu de la composition, et maîtrise parfaitement les ficelles du métier, les orchestrations sont laborieuses mais déjà efficaces, les lignes de chants et de guitares si elles manquent encore de verves passent particulièrement bien, bref seuls les refrains soufrent encore lourdement d’un manque d’accroche chronique rendant insipides un bon nombre de chansons («Angel Rebellion», «Heart Of Twilight» ou encore «Steel Church»). Edguy est un groupe très jeune, et va encore chercher nombre de ses inspirations chez les ténors du Heavy speed d’outre-Rhin, ainsi malgré un talent certains et encore naissant, le chant Tobias Sammet reste extrêmement proche d’un Michael Kiske (encore et toujours référence dans le domaine), Jens et Dirk proposent un jeu de guitare très conformiste, et pas vraiment imaginatif, calquant une bonne partie de leur riffs et de leurs soli sur les plans mythiques des légendes Rock’N’Rolf, Kai Hansen et Michael Weikath. Quant à Dominik Storch, son jeu en plus d’être sans intérêt souffre diablement d’un son absolument infâme (genre baril de lessive en promotion), qui rend parfois l’album difficilement supportable.  Cependant, et malgré toutes ces lacunes, ce Kingdom Of Madness permet d’espérer de très beaux lendemains, tout simplement car malgré le manque de moyen, le professionnalisme est déjà présent dans toutes les compositions, Tobias et Jens font preuve d’une grande rigueur à tous les niveaux de la composition produisant des titres d’une grande qualité intrinsèque, avec en point d’orgue un final de plus de dix-huit minutes intitulé «The Kingdom», proposant un patchwork d’idées et d’inspirations proprement hallucinant! Avec des successions de passages instrumentaux efficaces malgré leur simplicité, des breaks atmosphériques qui parviennent à se montrer touchant malgré des moyens ridicules (un synthétiseur en tout et pour tout!), des lignes des couplets parfaitement agencées avec un refrain qui tache malgré des choeurs très limités, bref je comparerai aisément «The Kingdom» à cette oeuvre d’art construite de toutes pièces avec des morceaux de piètres qualités. Malgré ces grandes limitations, Edguy nous offre un grand morceau de speed Metal qui laisse présagé du meilleur pour l’avenir.  Malheureusement le reste de l’album n’est pas vraiment au niveau, moins frappantes, moins originales, empruntes d’un grand classicisme, les autres chansons ne font jamais mouches malgré de bonnes idées en particulier au niveau des breaks et des couplets. Ainsi «Steel Church», «Heart Of Twilight» et «Angel Rebellion» sont difficiles a supporter, car peut accrocheuses et peut originales (il devient en plus très vite impossible de faire abstraction des défauts de production), la balade «When A Hero Cries» étale ses clichés mielleux jusqu'à devenir infâme, «Deadmaker» manque terriblement de pèche. Seules les deux premiers titres attirent l’oreille, avec un «Paradise» à l’intro dévastatrice et un «Wings Of A Dream» particulièrement enjoué et jouissif (c’est d’ailleurs le seul morceau de l’album a avoir été gardé à la postérité).  On le voit bien, cet album souffre de trop de limitations pour vraiment séduire l’auditeur. Cependant en essayant d’écarter les éléments indépendants de la volonté du groupe, on constate que Kingdom Of Madness promet de très belles choses pour le futur. Le talent de Tobias Sammet aussi bien au niveau de la composition que du chant ne demande qu’à exploser, et le reste du groupe devrait alors suivre sans mal. Du fait d’une concurrence très présente en cette fin de millénaire Edguy devra être grand pour s’imposer, mais je pense qu’il faudra compter sur nos loupiots allemands dans les années à venir!!!  SMAUG...

0 Comments 19 mars 2006
Whysy

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