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Vous savez, en tant que chroniqueur, et même en tant que fan de musique, j’aime ranger les artistes dans des cases, alors que la plupart d’entre eux ne rêvent que de sortir des sentiers battus. J’aime cette idée qu’un groupe étiqueté power metal puisse être comparé facilement à Blind Guardian, et jugé plus sur la puissance de ses refrains que sur la pertinence de sa section rythmique. Oui, j’aime classer, et si je vous parle de cette passion de petit comptable numismate aujourd’hui, c’est parce que nous nous tenons devant un groupe qui échappe tant bien que mal à l’étiquette que j’essaie de lui coller. C’est pourtant pas faute de le maintenir en place et d’utiliser de la super glue. Enfin. Crimson Shadows œuvre dans le… allez, appelons ça du power death, temporairement. C’est à se demander comment vient à l’idée d’un groupe de personnes de fusionner plusieurs courants musicaux. Est-ce pour contenter chaque membre du groupe ? Tout le monde n’aime pas le power ? Certains grincent des dents à l’idée de faire du brutal death ? Il faut dire que ce n’est déjà pas facile de monter un groupe, alors composer quelque chose qui convient à tout le monde, ça relève des douze travaux d’Hercule, à moins de s’appeler Steven Wilson ou Daniel Gildenlöw (pas taper, j’aime beaucoup ces messieurs) et de se servir de ses camarades comme de musiciens de session (même si on se doute que Johan Langell devait bien apporter sa touche au processus créatif). Mais moi, je pense que la réalité est toute autre : les mecs de Crimson Shadows doivent tout simplement aimer le mélange des deux, et ne se voient pas évoluer dans un seul sens. Ils se la jouent autoroute quatre voies (voix ?..) Et je vais vous dire, je trouve ça noble, de partir un peu dans tous les sens comme ça, avec la seule idée fixe de vouloir faire de la bonne musique.

Alors, comment qualifierais-je les morceaux de ce Kings Among Men, me demanderez-vous ? Eh bien, c’est avant tout mélodieux. De belles mélodies, que l’on retient (et c’est important) et des refrains accrocheurs. On tient là tout l’héritage du heavy mais aussi du power : Blind Guardian est passé par là, je vous dis. À côté de ça, les vocaux growlés et la section rythmique nettement mise en avant par moment sont tous droits sortis du death mélodique. Pour une fois, la basse n’est pas (trop) sous-mixée et la batterie a droit à quelques moments de bravoure. Mais soyons honnêtes, les guitares et la voix restent les vedettes de ce disque. J’en veux pour preuves les sublimes Rise To Power et Maiden’s Call (ce refrain !) On tient là un metal mélodique, rythmé, bien composé, un peu à la manière d’Amorphis, le génie absolu en moins, ou de Mercenary, la puissance en moins. Bon, je sais ce que vous allez me dire. C’est des demi-sel ton groupe ? Grands dieux, non !

Qu’on se le dise, ce Kings Among Men est tout sauf creux, c’est même un très bon album, malgré quelques longueurs de-ci de-là. Mais après tout, qui tient l’album parfait dès le deuxième essai ? Hein ? Bon. Alors. En bref, c’est à la fois très easy listening pour peu qu’on ne soit pas allergique au growl, et en même temps assez poussé pour ne pas donner l’impression d’une superficialité trop commune dans le power de nos jours. C’est bien écrit, voilà, c’est ce que je voulais vous dire. C’est bien écrit et bien produit. Et en plus de ça, la pochette est belle.

Un seul réel défaut vient entacher le talent de ces musiciens, c’est tout bêtement la trop grande uniformité de l’album. Attention, la cohérence a du bon, mais l’homogénéité peut tuer la passion. En effet, il faut quelques écoutes avant de se repérer facilement dans l’album, et peu de morceaux sont aussi mémorables dès la première écoute que le très bon A Gathering Of Kings. Crimson Shadows est donc un groupe à surveiller, et je ne serai pas surpris que d’ici quelques années, ils ne deviennent une référence du genre. Mais de quel genre ?

0 Comments 17 septembre 2014
Whysy

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