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Le vent du soir a enfin triomphé de la pluie…Une fraîcheur glacée semblant venir de la terre elle-même a envahi les environs… Et voici que la lune se lève sur le rivage où s’étendent encore les ruines, les vestiges du terrible combat qui jusqu’à la nuit fit rage… Fantomatique spectacle que celui de cette terre dévastée… Les étoiles, que l’on devine plus qu’on ne les voit, percent les nuages de leur douce lumière, et font luire de quelques éclats d’argent les armures des combattants… La pluie a lavé le sang, les vagues ont englouti les armes,… seuls sont restés les corps, alors que les âmes s’envolent vers le Valhalla… Tandis que le vent laisse entendre une dernière complainte, ultime hommage à la fierté païenne des guerriers disparus.

Quelques sons de cloches surplombent un chant grégorien, mystérieux, lointain. Et soudain, une porte, grinçante, s’entrouvre… sur l’univers de Moonsorrow.


Side project de Henri Sorvali, plus connu sous le nom de Trollhorn et claviériste des célèbres et excellents Finntroll, le groupe fut créé en 1995. Le cousin de ce dernier, Ville Sorvali, fut introduit au poste de chanteur, et après le recrutement d’autres membres, l’aventure Moonsorrow commença. L’idée de base était de pratiquer une simple musique folklorique mâtinée d’éléments black, mais dès la sortie officielle du premier album, « Suden Uni », en 2001, le groupe trouva réellement son style en pratiquant du viking Metal, c'est-à-dire du black Metal folklorique contenant de nombreux éléments heavy et une approche épique, guerrière bien particulière, que ce soit au niveau du look, des paroles, ou de l’univers retranscrit.

Car la musique de Moonsorrow est très particulière : majestueuse et tragique, à la personnalité bien prononcée (les chœurs sont très atypiques par exemple), assez évocatrice d’images de combat, très éloignée de celle de Finntroll, elle retranscrit une sorte de fierté épique qui la rend grandiose. Mais elle n’est pas évidente d’approche pour autant ; même si les morceaux sont très variés (surtout comparés à d’autres groupes du genre comme Falkenbach où ils s’étirent de façon beaucoup plus linéaire…), il est possible que leur importante longueur (jusqu’à 13 minutes !) déstabilise un peu l’auditeur. De plus, le chant black est assez vindicatif, le chanteur étant capable d’exprimer de la souffrance (« Jumalten kaupunki »), voire une vraie colère, presque haineuse, comme c’est le cas sur le morceau éponyme par exemple ! Mais comme la production est parfaite et que nombreux sont les passages avec les chœurs et le chant clair, je suis sûr que même ceux que le black effraie sauront surmonter cette légère difficulté d’accès pour se concentrer sur les passages instrumentaux, grandioses !

Et venons en enfin au contenu de l’album lui-même… Il est excellent, assez mélancolique, mais très prenant ! Conjuguant avec talent variations de tempos, passages atmosphériques ou plus enlevés, éléments folkloriques (surtout le violon et la flûte) de qualité, et riffs puissants pour headbanguer, Moonsorrow se donne les moyens d’impressionner son auditoire ! Certains passages sont tout bonnement jouissifs ! Quand « Jumalten Kaupunki » se lance et que débarquent les éléments folkloriques avec les énormes rythmiques de guitares, je suis toujours parcouru d’un frisson, tant l’ensemble est beau, original, puissant, irrésistible !!
L’introduction de « Raunioilla » qui ouvre l’opus est également assez marquante : les guitares sonnent heavy et puissantes, et une lente et fière mélodie folklorique vient se greffer sur l’ensemble qui sonnerait presque plus comme une conclusion que comme une introduction !! Une guitare acoustique offre la transition, et le morceau commence à se lancer, doucement…Et le chant clair et les chœurs qui débarquent… l’ensemble découle si naturellement que c’est un vrai plaisir d’écoute.
Sur ces deux morceaux particulièrement, la musique est splendide et revêt cette touche mélodique typiquement finlandaise et si savoureuse à l’écoute.


Un mot aussi sur la structure de l’album, assez particulière : Les 3 premiers titres mélangent passages plus tendres (conclusion de «Raunioilla »), et passages plus violents (introduction de « Unohduksen Lapsi ») avec parcimonie et bon goût. Alors que la fin de l’album interpelle par son hétérogénéité !

« Kivenkantaja », nimbée d’une fureur plus black, est de loin le titre le plus agressif. A l’inverse, « Tuulen tytar » est plutôt joyeux (bon, pas trop non plus, hein, on est pas chez Korpiklaani !). Dépourvu de chant extrême, ce morceau, entraînant avec son sympathique solo final et son introduction chargée de mystère, se distingue réellement des autres. Il me rappelle beaucoup le groupe norvégien Lumsk ! Quant au morceau conclusif de l’opus, il surprend énormément. Il s’agit en réalité d’un morceau traditionnel finlandais, que le groupe a adapté à sa façon. Mais l’utilisation d’un chant féminin, la présence des chœurs et le rythme assez lent de l’ensemble le rendent vraiment superbe. On peut y entendre des sons de guimbarde, des mélodies d’accordéon… On pense alors à une sorte d’hommage funéraire… et c’est assez poignant, justement, cela m’évoque un lendemain de bataille, avec le mélange de sentiments que l’on ressent lorsque le prix de la victoire, durement obtenue et ardemment désirée, a été la mort de tant d’amis et de frères d’armes... En bref, « Matkan Lopussa » constitue une magnifique conclusion pour cet album !


En bref, douceur de l’acoustique, riffs accrocheurs, claviers suprêmement mélodiques, passages black puissants, avec une production parfaite ; voilà en gros ce qu’il y a à retenir de cet album de Moonsorrow, pour moi leur meilleur car plus mature que ses deux prédécesseurs, et plus mélodique que son successeur. En tout cas, le plus indiqué pour découvrir cet excellent groupe, valeur sûre du Metal finlandais.


Gounouman

0 Comments 20 août 2006
Whysy

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