Alors que quatre longues années avaient séparé l’excellent « Believe » du correct « Revolution » qui ne révolutionnait pas grand-chose mais confirmait l’affiliation du groupe au Metal industriel, Crematory reprend son rythme de croisière et nous revient plus en forme que jamais en 2006, avec un 9ème album en 15 ans d’existence. Quoi de neuf depuis tout ce temps ? Un bébé pour la claviériste et le batteur du groupe, et la parution d’un album live accompagné d’un DVD en 2005 afin de commémorer la dernière tournée. Autant dire que maintenant qu’ils sont de retour dans le circuit, nos teutons ne chôment pas, et cela fait plaisir !   « Klagebilder », leur nouvel opus, en tout cas, ne souffre absolument pas de toute cette agitation ! Au contraire, le groupe retrouve tout son éclat qui s’était un peu émoussé à la sortie de « Revolution ». Tout d’abord, place à un peu d’innovation : non seulement le groupe pousse plus loin que jamais son côté industriel, mais en plus, tout l’album est chanté en allemand, une grande première pour le groupe qui, s’il avait déjà à plusieurs occasion honoré sa langue natale, ne s’était jamais lancé à l’interprétation d’un album entier dans la langue de Goethe. Rassurez-vous, le groupe ne marche pas sur les plates-bandes de Rammstein pour autant et conserve son style unique, ses compositions martiales suivant maintenant un schéma quasi-unique : couplets en chant death, et refrain en chant clair. A ce niveau là, pas de surprise : le chant death de Felix est toujours rugueux et profond et semble bien s’acclimater à la langue allemande tandis que le chant clair, assuré par le guitariste Matthias, semble plus posé, plus varié, meilleur. Voilà qui est donc bien agréable !!  Et parlons à présent des compositions : il est vraiment très surprenant de constater à quel point Crematory sonne à présent industriel : ambiances électroniques pour l’instrumentale qui ouvre l’album, introduction technoïde (au début ça fait bizarre… mais on s’y habitue !) sur l’efficace « Kaltes feuer », etc… Les claviers ont un peu mis de côté leur aspect atmosphérique qui revient néanmoins soutenir les refrains, pour privilégier une approche électronique et moderne. De même, les guitares, au lieu de conserver leur son heavy traditionnel, paraissent maintenant très puissantes, graves et sous accordées, donnant une ambiance particulière à l’opus, un peu plus sombre qu’à l’accoutumée. On pense donc inévitablement à Rammstein par instant (les riffs saturés de « Nie Wieder »), voire même à Pain (c’est flagrant sur « Hollenbrand », qu’on pourrait croire sortie de l’album « Rebirth » de la formation suédoise).  Et les refrains sont de la même tempe que ceux de «Believe», c'est-à-dire simples et excellents : « Nie wielder » ou « Warum » rentrent dans votre tête pour n’en plus sortir, de même pour la superbe ballade « Der morgen danach » qui offre une agréable transition, idéalement placée au cœur de l’album. A part ça, le côté électro du groupe ne l’a pas fait s’adoucir, au contraire : l’introduction de « Die Abrechnung » est particulièrement rentre-dedans par rapport aux albums précédents !   Le Crematory 2006 s’avère donc au final un excellent cru : sombre, efficace (le break de « Nie Wieder » est énooorme !), avec cette touche de gothisme et de mélancolie typique (les claviers encore et toujours… et le titre de l’album, en gros, « image sombre, plaintive »), plutôt varié (même si le même schéma est souvent appliqué, comme je vous l’ai dit) et aux énormes rythmiques catchy… Malgré un aspect plus agressif, les ballades sont nombreuses et bien foutues… Mention spéciale à la conclusion de l’opus, la très belle « Spiegel meiner Seele ». En tout cas, rien à faire, Crematory ne séduit autour de moi qu’un public masculin !! La rugosité du chant death de Felix, pourtant propre et collé à une production nickel, le grain des guitares, l’aspect trop martial peut-être ? Tout mon harem, pourtant composé de bonnes métalleuses cinglées, y reste insensible !! Pourtant, il doit bien y avoir des jeunes filles qui aiment ? Si quelqu’un pouvait m’aider à éclaircir ce mystère… En tout cas, moi je l’aime cet album, et j’en redemande ! Bonne surprise !   Gounouman