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On avait laissé les trublions russes Svartby sur un premier EP pour le moins explosif. A l’époque, il y a quelques mois seulement, j’avais annoncé qu’avec une meilleure production et un peu plus de rigueur, le groupe pourrait engendrer un album qui ferait l’effet d’une bombe. Dans la droite lignée de Mechanical Poet, leurs comparses russes, mais surtout de Finntroll, dont ils revendiquent clairement la majorité de leurs influences, le combo de Saint Petersbourg se présente donc cette fois-ci dans une configuration album qui, on va le voir, leur permet quelques libertés, parfois intéressantes, parfois non.

Côté production, on est assez vite rassuré sur les progrès effectués. Le son des guitares notamment est beaucoup plus clair, celui de la batterie plus rond et moins sec, et de manière générale le mixage apparaît plus équilibré. On est loin du niveau des superproductions scandinaves, mais quand même, on se doit de noter cette évolution. Est-elle appréciable pour autant, voilà la question ? Question confort d’écoute, il n’y a pas photo, mais d’un autre côté, ce qui faisait le charme de l’EP, à savoir ces sonorités presque disgracieuses, agressives et incontrôlables, ce son de guitare très brut, a presque disparu.

Musicalement, on sent que les russes n’ont rien perdu de leur verve : entre black folk bondissant et interludes cartoonesques, les 10 titres qui jalonnent ce Kom I Min Kittel sont le reflet du potentiel créatif de Svartby : très grand. Avec ce format album, les russes nous offrent des passages délirants (Haxby ou Stjarnfull Natt), symboles de leurs influences fantasmagoriques (lisez l’interview disponible sur le site pour vous en rendre compte), mais aussi les refrains supersoniques et prenants que l’on avait vus sur l’EP. On se surprend même à découvrir une facette plus « sensible » de Svartby sur Stjarnfull Natt où la guitare acoustique prend le relais et nous offre une complainte émouvante.

Vous l’avez compris, dans l’ensemble, cet album établit une bonne continuité avec l’EP. Malgré tout, si l’on s’attache au détail, il y a quelques couacs qui posent problème. En premier lieu, quelques titres semblent au-dessous du niveau général de l’album, plutôt élevé par ailleurs. Et puis, on a parfois l’impression que les russes veulent en faire trop sur l’aspect « délire » de leur musique : l’exemple le plus frappant est sans doute ce coassement de grenouille au beau milieu de Om Trollbryggning. Sur le fond, c’est assez comique, mais pas très heureux. Au début ou à la fin de la chanson, c’eut été plus habile. C’est le point que l’on peut reprocher à Svartby, défaut de jeunesse qui s’estompera à n’en pas douter avec le temps.

Au final, on reste un peu sur notre faim avec cet album. Ce que l’on gagne en production et en précision, on le perd quelque part en folie et en agressivité. Les russes maîtrisent toujours leur sujet, voilà quelque chose que l’on ne pourra pas leur enlever, mais entre quelques titres en dessous et des maladresses de style un peu gênantes à mon sens, la qualité baisse un peu depuis l’EP. Cela dit, Kom I Min Kittel reste un album surprenant, d’une puissance et d’une vélocité qui impressionnent, très plaisant à entendre, et qui confirme que le potentiel des russes est énorme. Reste à Svartby de corriger les petites fautes pointées çà et là, et je peux vous garantir que ce groupe pourrait s’imposer très bientôt comme une grosse pointure sur la scène grandissante du black folk.

0 Comments 22 octobre 2007
Whysy

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