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Le métal, c’est un peu comme la boxe, il y a deux mondes : les professionnels et les amateurs. Les professionnels, habitués du headlining et des premières places des charts métal européens, pour qui passer par le Finnvoxx ou jouer devant 2000 personnes est aussi naturel que de boire un verre d’eau. Et puis il y a les amateurs, habitués à l’autoproduction et aux faibles moyens, qui doivent rivaliser de créativité pour promouvoir leur travail. Et comme en boxe, les amateurs sont parfois aussi doués que les professionnels.

Fortaleza, groupe mexicain, se classerait clairement chez les amateurs. Pas besoin d’écouter plus de 2 titres pour le comprendre. Pas besoin d’écouter l’album plus d’une fois pour comprendre également que le combo n’a clairement pas les moyens de passer dans la catégorie supérieure. Démonstration en 3 points.

La production : c’est à mon sens la plus grosse faiblesse de l’album. On peut toujours arguer que le groupe n’a pas de moyens pour profiter d’une production de qualité, mais La Fortaleza De La Soledad est l’exemple à ne vraiment pas suivre. Sous mixage d’à peu près tous les instruments, production asthmatique, déséquilibrée d’un titre à l’autre, qui oublie sur une chanson les guitares, sur l’autre la batterie, ne parlons pas de la basse qui est quant à elle inexistante. Seuls les parties violons et le chant se sauvent du naufrage.

Le chant : le chant féminin, très en vogue, en espagnol est sur le fond plutôt une bonne idée, le phrasé est agréable à entendre. Là où le bât blesse, c’est la justesse et la puissance. Helena, malgré sa bonne volonté et la fougue de la jeunesse (elle a 20 ans), n’arrive pas à enchaîner un refrain sans hésitations, sans fautes grossières de justesse, elle est empruntée, se limite volontairement dans les aigus pour éviter les dérapages. Si l’on ajoute les effets électroniques qui semblent dater du siècle dernier et qui agressent les oreilles au sens propre du terme, les lignes de chant sont proches de la catastrophe.

La musique : je terminerais par ce qui sauve l’album de la noyade complète. Même s'il n’y a absolument rien d’original dans ce que fait Fortaleza, quelques idées malgré tout intéressantes émergent de ce magma informe. L’introduction de nappes de violon adjointe aux orchestrations menées par les claviers (au son assez sommaire, mais passons…) donne un peu de relief à La Fortaleza De La Soledad, masquant avec peine le manque de puissance des autres instruments. Les structures sont classiques, les chansons le sont aussi, mais apportent un bien maigre point de satisfaction sur cet album.

J’ai beau retourner ce La Forteleza De La Soledad dans tous les sens, la seule pointe d’originalité réside dans ce chant féminin en espagnol. Vous conviendrez que c’est plutôt faible comme argument de vente. Fortaleza a des ambitions pour s’attaquer à un style musical qui a déjà ses monuments (Nightwish ou Within Temptation pour citer les plus connus), mais apparaît bien trop limité pour pouvoir s’imposer . Non pas que l’album soit mauvais, mais c’est musicalement bien trop conventionnel, techniquement très pauvre, le chant montre trop vite des faiblesses au niveau de la justesse et de la puissance, et la production est trop imprécise et molle pour bien mettre en valeur les orchestrations. Les mexicains se ratent totalement sur cet album qui n’a, même si le mot est dur, aucun intérêt musical. Passez votre chemin.

0 Comments 24 mars 2007
Whysy

Whysy

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