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Comment-vas tu ?

Je vais très bien, je te remercie. Je suis très impatient du fait de la sortie du nouvel album car cela faisait un bon moment qu’on l’attendait !


Justement, une semaine avant la sortie de ton nouvel album (ndlr : Sehnsucht, dixième album du groupe), comment te sens-tu par rapport à ça ? Anxieux ? Soulagé ?

En fait je suis très excité car les médias ont vraiment adoré les nouveaux morceaux ! Et tant mieux car je les adore aussi alors ça me soulage !


Du coup, tu anticipes sur ma prochaine question… Quels sont les premiers retours concernant les extraits que vous avez mis en ligne ?

D’après ce que je sais, les gens ont beaucoup aimé… Enfin ils m’ont dit qu’ils avaient aimé ! Ils ont trouvé l’album très riche en émotions, très intense et ont également apprécié la production. Ca m’a fait plaisir d’entendre tout cela !


Beaucoup de choses à dire sur cet album… Par où commencer ? La cover par exemple ? Pour les personnes qui ne connaissent pas, peux-tu s’il te plaît présenter les personnages et nous expliquer la signification de la cover ?

Alors pour commencer, au dos, se trouve l’Arlequin. Il est une sorte d’ego, tout du moins, il fait partie de moi. Il symbolise les intentions de Lacrimosa. Il est d’abord là pour guider les personnes qui écoutent Lacrimosa au travers différents mondes. Ensuite, et bien c’est un arlequin : il représente donc à la fois le rire mais aussi les larmes, la tragédie, toutes les émotions que l’on retrouve dans notre musique. Aujourd’hui, il fête son dixième anniversaire, il a évolué et s’est enrichi de différentes émotions.
Ensuite vient le feu, symbolisant le désir ardent que peut susciter la nostalgie. Il représente sa beauté mais révèle aussi son côté dangereux. Car la nostalgie peut détruire… C’est pourquoi il faut faire très attention avec elle…
S’élevant au-dessus des flammes, le cheval représente la force, la liberté, le pouvoir du désir, de la volonté. En effet, pour trouver la bonne voie, c’est le désir qui va diriger le cheval, lui dire où aller. Et grâce au cheval, tu auras la liberté d’aller n’importe où ; la force, le pouvoir de suivre la nostalgie sans s’y noyer.
La beauté sur le cheval, c’est Elodia. Elle est déjà apparue plusieurs fois sur nos anciennes covers. Elle est morte il y a dix ans mais elle réapparaît aujourd’hui pour prouver que la nostalgie peut-être plus forte que la mort. De plus, cet album est fortement relié aux premiers… Je pense notamment à Satura en 1993, sur lequel est Elodia est apparue en premier, de la même façon que sur Sehnsucht, c’est à dire pure, nue et juste.


Est-ce donc le retour d’Elodia ?

Elle n’est jamais vraiment partie… Enfin, oui c’est le retour physique d’Elodia, mais son esprit ne nous a jamais quitté.


Musicalement, j’ai ressenti Sehnsucht comme un retour aux sources, tant au niveau du chant que des instruments utilisés, ou des atmosphères… Est-ce une volonté délibérée de ta part ou est-ce purement involontaire ?

Et bien, ce n’était pas voulu, à vrai dire, je ne planifie jamais rien. Et je ne décide pas à l’avance si le rendu final de l’album ressemblera ou non à ce que j’ai déjà fait auparavant.
Mais c’est vrai que je suis resté très connecté aux émotions présentes aux débuts de Lacrimosa. Et c’est pourquoi cet album est si cher à mon cœur, parce que je m’y reconnais et j’y retrouve ces premières émotions. J’aime cette évolution car je reviens là où j’en avais envie.


J’ai également ressenti Sehnsucht comme plus agressif, plus dark, plus « métal », moins symphonique, mais toujours autant Lacrimosien. A quoi est dû ce changement d’humeur ? Influence de Snakeskin ?

(Rires) Non, c’est juste que sur ces dernières années, j’ai tellement été dans une optique orchestrale… Je ne veux pas m’ennuyer et je ne veux pas avoir l’impression de faire encore et toujours la même chose.
Tu sais, quand je compose ma musique, je ne prends jamais en compte les attentes du public, je fais juste ce que je veux, ce qui a un sens pour moi. Si je faisais toujours la même musique, j’en aurais marre. Du coup, j’essaie toujours de trouver des choses nouvelles, des choses différentes qui me correspondent, pour pouvoir composer une musique nouvelle mais dans laquelle je me reconnais.


Dirais-tu donc que Sehnsucht marque un tournant dans ta discographie ?

Je ne sais pas trop… Bien sûr, c’est un album très important. Pour commencer, j’ai enregistré moi-même la majorité des instruments, ce que je n’avais jamais fait auparavant. Enfin, j’en avais enregistré quelques uns sur mes premiers albums, mais jamais autant que sur Sehnsucht.
Ensuite, je ne dirais pas que c’est un tournant, car cela signifierait que je sais d’avance ce que je ferais dans le futur. Or, ça m’est impossible. Par contre, on peut considérer que c’est une étape importante sur le chemin que parcourt Lacrimosa.



Pourquoi avoir choisi Feuer comme single ?

En fait c’est le dernier titre de l’album que j’ai composé. Mais je l’ai choisi car il est dynamique, accrocheur, et très métal par rapport aux singles précédents. Cela permet d’offrir aux fans quelque chose de nouveau.


D’où est venue l’idée d’utiliser des chœurs d’enfants pour le titre « Feuer » ?

Et bien sur ce titre, tu as une partie symphonique à laquelle j’ai ajouté de grosses guitares. J’avais envie d’accentuer ce contraste. Du coup, en contrepartie de mes screams, qui expriment la colère, j’ai ajouté des chants d’enfants, reflet parfait de l’innocence. Je trouve qu’en matière de contraste, on ne pouvait pas faire mieux ! (rires)


Après une longue série d’albums majoritairement symphoniques (Elodia, Fassade à Lichtgestalt), on peut dire que Sehnsucht marque un véritable tournant dans la discographie Lacrimosienne. Comment expliques-tu cette évolution ?

Je ne sais pas trop… Encore une fois, j’ai fait les choses comme bon me semble, sans me préoccuper des comparaisons qu’on pourrait faire avec mes albums précédents.
Mais j’ai surtout ressenti le besoin de me renouveler. Je ne voulais pas commencer à tourner en rond, je voulais offrir quelque chose de nouveau aux fans, après cette longue période symphonique. Et j’avais également envie d’un retour aux sources.


Les paroles de ton album sont profondes et plutôt sombres, bien qu’elles se terminent sur une note plutôt positive. Où puises-tu ces idées, ces sentiments ?

En fait, je puise tout ça dans ce que je vis, ce qui a un sens pour moi.
Que ce soit en dégustant un verre de vin, ou assis dans la voiture… Bref, à chaque fois que j’ai un moment pour méditer sur ma vie, sur les choses qui me sont arrivées, je pose sur papier mes pensées. Si je n’arrive pas à m’en débarrasser en les écrivant, j’essaie de les imaginer en musique.


J’espère tout de même que ta vie n’est pas si triste !!

(Rires) Tu sais, je ne suis pas pessimiste, mais vraiment pas du tout, autrement je me serais suicidé ! Au contraire je suis très optimiste, mais pour le rester, j’ai besoin de me rappeler des mauvais souvenirs, des moments durs par lesquels on peut passer,  des personnes qui m’ont profondément touché… Tout cela me donne force et espoir en l’avenir.
Alors ne t’inquiète pas, tout va bien ! (Rires)


Et en ce qui concerne les morceaux d’Anne, ses paroles proviennent-elles également de son vécu ?

Oui tout à fait. Elle travaille de la même manière que moi, en se s’inspirant d’expériences vécues ou de situations auxquelles elle a pu être confrontée.
En particulier pour ce titre, A Prayer for Your Heart, qui est un morceau vraiment spécial. Elle l’a écrite après avoir traversé une situation particulière : une amie à elle a tenté de se tuer, elle voulait vraiment mettre fin à ses jours.


Pour terminer sur Sehnsucht, quel est ton titre préféré de cet album ?

Je ne peux considérer aucun morceau comme mon favori, car chaque titre vient de mon cœur. Mais si je devais en choisir un ou deux… Hum…
En fait je choisirais trois titres ! Le premier, Die Sehnsucht in mir, car il est très romantique, il m’est très cher, il reflète ma façon de voir le monde.
Ensuite, je choisirais Feuer, car il est très accrocheur et très métal. Et enfin viendrait Die Taube, un des morceaux les plus émouvants que j’ai jamais écrit. Le sujet qu’elle aborde me touche particulièrement.


Peux-tu nous résumer le processus de création d’un album studio de Lacrimosa ?

Wow ! (Rires). Tout d’abord, viennent les paroles, naturellement, que ce soit pendant une tournée ou pendant une période de repos. Ensuite, je ressens le besoin d’exprimer et de mettre en musique certaines émotions qui me viennent à l’esprit. Alors je m’assois au piano et je joue, en essayant de traduire ces émotions en musique ou du moins, de les exprimer à travers la musique. Ensuite, je compose la guitare et je l’enregistre pour avoir un aperçu. Et le reste se greffe petit à petit.



Et sur tes précédents albums, est-ce toi qui a composé et orchestré toutes les parties symphoniques ?

Oui…


Wow…

En fait, c’est une des facettes de mon métier que je préfère. Ca a quelque chose de magique, de par la puissance et la richesse de l’orchestre. On peut exprimer tellement de choses grâce à cela…


Mais tu composes également les parties métal ?

Oui bien sûr. C’est ce qui est formidable dans la musique, le pouvoir de s’exprimer à travers différents instruments. Au niveau des mélodies, c’est comme pour les être humains : telle femme va être faite pour aller avec tel homme, et un autre homme va être fait pour aller avec une autre femme. En musique c’est pareil. Telle mélodie est faite pour tel instrument, une autre pour l’orchestre… C’est ainsi que je ressens les choses.


Sehnsucht est ton dixième album studio, cela fait 19 ans que Lacrimosa existe… Quel regard as-tu sur ta carrière ? Es-tu fier ?

Fier non… Mais je suis très reconnaissant et très heureux. Aux débuts de Lacrimosa, à l’époque où j’avais sorti une cassette démo, jamais je n’aurais imaginé que ce projet puisse aller si loin. Sortir Angst, mon premier album, était déjà un accomplissement en soit et jamais je n’aurais cru que Lacrimosa prendrait une telle ampleur et vivrait si longtemps. Mais on m’a donné la chance de faire évoluer mon projet.
Non, vraiment, je suis heureux et très reconnaissant envers les fans, sans qui je n’aurais jamais pu arriver jusque là.


Selon toi, qu’est-ce qui fait la particularité de Lacrimosa ? Qu’est-ce qui caractérise ton groupe ?

Sûrement le fait que je n’ai jamais suivi de mode, de style particulier. Je fais les choses comme bon me semble, je compose ce que j’aime, ce dont j’ai envie, sans me soucier des attentes d’autrui.


Pour moi Lacrimosa est tout autant un groupe de scène qu’un groupe de studio, alors laisse-moi te questionner un peu sur la dimension live du groupe ! Quels pays avez-vous prévu pour la tournée de Sehnsucht ?

La tournée commencera en juillet en Amérique du Sud et en Amérique centrale. Nous devrions également aller au Japon, en Chine. En septembre, nous devrions être en Europe. Mais nous ne viendrons pas en France. Nous passerons par l’Italie, l’Espagne vers la fin septembre.


Il n’y a donc aucune chance de vous voir en France ? (*désespérée*)

Pas dans l’immédiat malheureusement. J’aime la France, j’aime les gens, la nourriture, le vin bien sûr ! Mais pour les concerts c’est une toute autre affaire… Mais je ne désespère pas de revenir ! Simplement, une tournée, ça coûte cher, aussi bien au niveau du temps que des finances, et on ne peut pas se permettre de faire tout ce qu’on veut, surtout si cela risque de nous faire perdre de l’argent…


Pour en revenir au groupe en lui-même, le line-up de Lacrimosa n’a pas énormément changé durant toutes ces années. Pourtant certains des membres (Jens et Jay P) officient dans un registre tout à fait différent habituellement. Comment expliques-tu cette cohésion, cette complicité que nous voyions sur le DVD de Lichtjahre ?

Notre amitié vient à la base de notre amour commun pour la musique. Et surtout, nous aimons la même musique. Au fil des années, à force de se côtoyer pendant les tournées, la complicité s’est muée en amitié et je dirais qu’à présent, nous formons une véritable famille. Et c’est à chaque fois un réel plaisir de partir en tournée tous ensemble.



Au niveau de ta setlist, tu conserves toujours des anciens morceaux comme Meine Seele in Not, Shakal, Tränen etc. Est-ce parce que ce sont des morceaux auxquels tu es attaché ? Ou est-ce parce que les fans les demandent ?

Parce que je les aime ! J’aime tous mes morceaux, les premiers tout autant que les derniers. Et à chaque fois qu’on les joue sur scène, c’est toujours spécial, comme si c’était à chaque fois une nouvelle expérience. En plus de cela, les fans aiment aussi les anciens titres, alors ça tombe bien !


Quels sont tes projets à présent ? Un retour de Snakeskin ?

Et bien oui, je travaille sur un nouvel album de Snakeskin mais je n’ai pas encore eu le temps de m’occuper de sa sortie… Et à vrai dire, je ne sais pas quand est-ce que je vais le trouver pour ça !


Peut-être un nouveau duo avec Kreator ?

(Rires) Et bien ce fut une expérience super, que j’ai vraiment beaucoup appréciée. La chose s’étant faite assez naturellement, pourquoi ne pas recommencer effectivement ? Mais rien de concret pour l’instant.


Quelques questions un peu plus personnelles… Quel âge as-tu Tilo ? Serais-tu immortel ?

(rires) Non, non je ne suis pas immortel et je n’aimerais pas l’être… Euh je suis né en 19..72… ce qui fait que j’ai… trente… sept ans ?


Oui c’est bien ça !

Oui, c’est ça, trente sept ans. . .



Quel est ton album préféré dans toute ta discographie ? Un titre préféré peut-être ?

Hum, encore une fois, question difficile… Mais je dirais que j’en ai trois… Le premier : Satura, Elodia et Sehnsucht.


Bon je suppose que non mais je demande quand même… As-tu un titre préféré ? Ou plusieurs ?

Oui j’en ai plusieurs. Mais la liste est tellement longue… De plus, ça va dépendre de mon humeur. Selon les jours je vais préférer tel morceaux, et à d’autres moments, je préfèrerais tel autre.


Quel est l’instrument auquel tu préfères jouer ?

(Sans hésitation aucune) Le piano…


Qu’est-ce que le grand Tilo Wolff écoute à ses heures perdues ?

Oh ma discographie est très variée. Je peux aussi bien écouter du death metal à la Nile, que du rock des années 80 à la David Bowie… Oui j’aime beaucoup David Bowie… Sinon, bien sûr j’écoute beaucoup de musique classique. Ah et au niveau français, j’aime bien Mylène Farmer. Je ne connais qu’elle mais pour moi, la french music c’est Mylène Farmer. Elle a un style très marqué, très spécial et j’aime beaucoup !


Tu connais Mylène Farmer…

Oui et j’aime bien ce qu’elle fait !


Quel est le meilleur souvenir que tu gardes de toute ta carrière ?

Ce fut lors d’un concert à Mexico, en… 1999 je crois… Je venais d’interpréter Darkness, seul au piano. Lorsque je rouvris les yeux, je vis le public entier qui me fixait, le regard plein de larmes… Ce fut vraiment bouleversant…


Que ressens-tu pour tes fans, quelle importance ont-ils pour toi ?

Je les adore, et je leur suis immensément reconnaissant. Sans eux, je ne serai pas là… De plus, je les aime car les fans de Lacrimosa sont vraiment des fans spéciaux, différents des autres. Ce sont des gens passionnés, sensibles aux émotions et qui font preuve d’une sincérité bouleversante. C’est pourquoi j’ai voulu leur rendre hommage avec le film de Lichtjahre.


Un dernier mot pour tes fans français désespérés ?

Même si ce n’est pas pour tout de suite, je ferai tout pour revenir jouer en France. J’aime votre pays, et je compte bien y retourner !


Source des photos : Angst Im Wald

0 Comments 01 avril 2009
Whysy

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