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Il y a deux ans maintenant, le groupe danois Essence avait publié un premier opus de thrash metal de bonne facture intitulé Lost In Violence. Léger, direct et pas piqué des hannetons, cet album laissait augurer sinon le meilleur du moins un honorable début de carrière pour notre quatuor originaire de Nordjylland. Et, comme de juste, Essence a voulu réitérer la performance en sortant fin mars, Last Night of Solace. Hélas, les voies du metal sont parfois impénétrables et capricieuses et, au final, on se retrouve avec un machin qui n’a plus rien avec son prédécesseur et sur lequel on ne peut que pleurer.

Avec Last Night of Solace, on dirait que Essence a jeté aux orties tout ce qui avait fait de Lost In Violence un album agréable pour se concentrer sur tout ce qui se fait de mauvais actuellement en matière de thrash metal. On pourrait certes saluer l’audace du jeune groupe qui décide d’aller à contrecourant de tout ce qu’on pouvait attendre si on n’était pas si occupé, premièrement, à se demander ce qui leur est passé par la tête, et deuxièmement à chercher autre chose à écouter pour laver cet affront sonore. On ne peut donc s’empêcher de se demander si l’effet obtenu correspond à ce qu’Essence cherchait à faire ou, si la création a échappé tout contrôle…

Personnellement je penche pour la seconde option à la fois plus valorisante pour le groupe et sans doute aussi moins déprimante.

Déjà, tout l’album se ressemble. Ce n’est pas en soi une tare, tout le monde en convient mais par un effet bizarre qu’il est difficile d’expliquer, chez Essence, cette homogénéité donne naissance à un infâme amas gloubi-boulgesque que renierait même ce brave Casimir. Ainsi, il se dégage une impression d’album sans queue ni tête dans lequel les morceaux ont été fourrés au petit bonheur la chance dans l’espoir fou que Last Night of Solace soit moderne, audacieux, ou que sais-je encore. Malheureusement la deuxième production d’Essence n’atteint pas ce but. Au contraire, le disque est peu attirant et bien éloigné du premier opus du groupe danois.

Autant Lost in Violence savait construire des morceaux avec des refrains intéressants et des rythmes attirants, autant son successeur peine à parvenir au même effet. Alors oui, il a bien quelques passages à fredonner (« Final Eclipse »), quelques riffs qui se laissent écouter (« For The Fallen ») mais, en règle générale, Last Night of Solace fait bien fait pâle figure dans ce domaine comparé au disque de 2011. La faute sans doute au chant complètement plat de Lasse Skov qui, visiblement, est allé faire un stage chez les chanteurs insupportables durant ces deux dernières années. Son timbre vrille les tympans du début à la fin du disque au point de ruiner les titres accrocheurs comme « Arachnida ». Pire, peut-être, le chant est tellement mis en avant qu’il noie la musique et empêche les auditeurs de passer outre le ton criard de l’opus (« Children of Rwanda »).

Résultat, pendant plus de 50 minutes, on est prisonnier d’une mauvaise rengaine qui ne veut pas se finir. Avec des morceaux trop longs, dont on ne comprend ni la structure, ni l’utilité vu qu’ils ont tendance à répéter ce que le groupe vient tout juste de dire. Il y a donc une impression de remplissage qui se dégage de Last Night of Solace, surtout quand on se rapproche de la fin de l’album. D’ailleurs le titre bonus est dispensable. Poussif et manquant de panache, il ne relève pas le niveau.

C’est sans doute le chant qui est responsable du désastre sonore qu’est Last Night of Solace parce que les mélodies semblent faire de leur mieux pour tirer leur épingle du jeu et l’album des tréfonds de l’ennui par la même occasion. Mais, même les accords sympathiques de « Gemstones » or « For The Fallen » ne parviennent pas à contrebalancer l’atmosphère du nouvel album d’Essence. Alors que Lost in Violence respirait la fougue, Last Night of Solace est extrêmement pépère et sans beaucoup d’éclat. Au lieu d’être abandonné dans un univers agressif et provocant, Essence a perdu toute sa verve, toute sa violence. Pour un album de thrash, c’est plutôt ironique.

Pas besoin d’en dire plus, le groupe danois n’impressionne plus. Au contraire, il consterne par la platitude de sa musique. Avec Last Night of Solace, on a l’impression de se faire hurler dessus par Lasse Skov sans pouvoir se défendre pendant 52 minutes. C’est assez désagréable. Du coup, il se peut que vous fassiez avec cet album la même chose que tout le monde quand on se retrouve en face de mauvais disques : les oublier. Personne ne vous en voudra : c’est rendre service au groupe que de faire ça…

Nola

0 Comments 31 mai 2013
Whysy

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