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Modeste mais ambitieux recueil de pur Pagan Metal, Vozrozhdenie, première œuvre des tout jeunes moscovites d’Arkona, m’avait franchement séduit. Et le 6/10 qu’il se voyait octroyé en ces pages – c'est-à-dire la mention « assez bien », déjà honorable ! – ne reflétait que peu l’affection que je lui porte. Il faut dire que des longueurs, un léger manque d’identité, quelques erreurs de jeunesse et autres hésitations et maladresses entachaient un bilan qui aurait pu s’avérer parfait… Et qui n’était que « bon ». C’est également ce qu’a dû penser Masha, qui, à peine quelques moins après cette première sortie, livre déjà son deuxième opus, Lepta. Toujours exécuté de main de maître par un line-up de session, ce nouvel album ne peut que nous surprendre : car oui, il est bel et bien incroyable que le groupe ait pu autant évoluer en si peu de temps.


Rage et fougue mieux contrôlées, sons synthétiques de meilleure qualité, production bien plus mature (même si celle de Vozrozhdenie s’accordait à merveille avec le contenu de l’album, ne nous y trompons pas !), et mélodies folk nettement plus poussées et accrocheuses. Voilà déjà quelques ingrédients qui nous encouragent à penser que ce Lepta pourrait bien être un indispensable.

Seulement, ce ne sera pas le cas. Certes, le processus de maturation est en marche, mais le premier chef d’œuvre d’Arkona sera incontestablement l’énorme Vo Slavu Velikim, dont Lepta ne semble, en définitive, n’être qu’un brouillon. La bande à Masha s’y forge une identité très reconnaissable, les structures s’étoffent, et l’on fait pour la première fois la connaissance, au détour de beaux breaks, de parties folkloriques plus aérées, soutenues par un jeu de basse et une batterie en harmonie. En bref, l’aspect « folk » se développe, acquiert même parfois un côté festif bondissant que le groupe exploitera bien mieux par la suite, mais qui n’était qu’à peine esquissé sur « Vozrozhdenie-le-belliqueux », bien plus influencé par les groupes de black pagan à clavier « à la Nokturnal Mortum ». Autrement dit, Arkona forge ici les armes qui pourfendront bientôt la concurrence et les critiques de ses détracteurs. Notons aussi que l’album est plus court de 20 minutes, différence non négligeable qui rend l’écoute bien plus facile et agréable. Le chant masculin, encore présent de temps en temps, semble lui aussi, plus habilement intégré. Soulignons aussi la présence, avec « Epilog », de l’exploitation judicieuse et bien pensée d’un thème russe traditionnel qui fait son petit effet.

En outre, on trouve ici la présence du premier véritable hymne d’Arkona – car même l’excellente « Vozrozhdenie » de l’album précédent ne pouvait décemment prétendre à ce titre – avec « Zarnitsy Nashey Svobody », morceau accrocheur par excellence, qui fait beaucoup de bien aux esgourdes. Et toutes les compositions de l’album en général gagneront ce petit quelque chose, cette mélodie mémorisable, ce charme évocateur, plus joyeux ou mélancolique selon les passages, qui agit immédiatement, et nous renvoie à nos plus charmants clichés du folklore russe. L’on sent vraiment que dans ce sillage, un grand album pourrait arriver, que nos guerriers du passé sont sur une voie ascendante, et que bientôt, l’on pourrait enfin acclamer sans retenue l’arrivée au pouvoir d’un parfait ambassadeur du Metal russe, qui regorge de groupes de qualités ; mais qui n’ont pas encore réussi à parvenir là où Arkona s’est déjà hissé avec ce Lepta.


Un très bon album, ce Lepta. Moins fondamentalement attachant que l’hésitant Vozrozhdenie… Mais très certainement meilleur, à tout point de vue. Les fans des deux suivants feraient bien de venir chercher tous les trésors cachés dans cet album, qui mélange joyeusement black mélodique, heavy festif, musique folklorique en diable, esprit pagan dévoilé sans retenue, bref : le premier véritable manifeste de tous les talents de la magnifique Masha.


Gounouman

0 Comments 30 octobre 2009
Whysy

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