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Cosa Nostra Klub. Voilà un drôle d’ovni dans le paysage musical extrême français. En cette fin d’automne « L’Hymne à La Joie » s’annonce être l’un des albums les plus décalés de l’année. Cultivant l’originalité, c’est orné d’une pochette renvoyant à l’art totalitaire soviétique que ce second disque présente une véritable métamorphose artistique d’une formation jadis dénommée The Count Nosferatu Kommando vociférant dans un black métal industriel violent et déshumanisé. Affichant un look militaire décadent, nos deux têtes pensantes Heinrich Von Baalberith et Hreidmarr sont parvenus à créer un son inédit en total accord avec cette esthétique extérieure (pochette/vêtements) travaillée et réfléchie. Un métal électronique martial aux nombreuses influences symphoniques et industrielles.

« L’Hymne à La Joie » surprend par son aspect totalement imprévisible. A vrai dire rien ne prépare l’auditeur au véritable déluge sonore surmultiplié par l’excellente production. The CNK a composé un album fier de 9 fresques épiques et denses aux couleurs diverses, aux reflets parfois symphoniques, parfois électroniques ponctués de chœurs et de nombreuses richesses. Le groupe reprend des thèmes classiques ou récents connus allant de Wagner à Danny Elfman et re-visite Beethoven dans l’impressionnante introduction. Il en résulte un album instable à la fois brutal dans le chant saturé crié de Hreidmarr (Anorexia Nervosa) ou dans l’excessive saturation des guitares et mélodique à outrance dans l’utilisation massive de samples symphoniques et de filtres vocaux électrisants. « L’Hymne à La Joie » est un album à l’inspiration éclectique, car il n’a de cesse de voguer entre le passé, le présent, le futur. De nombreuses chansons dévoilent des chœurs renvoyant aux chants russes de la dernière grande guerre à la sensation « fierté communiste » en total opposition avec l’aspect moderne et/ou symphonique des arrangements musicaux. A ce titre « Die HoltzHammerMethode », chantée intégralement en allemand, est, malgré ses longueurs, une curiosité !

« L’Hymne à La Joie » présente un univers inédit, vraiment différent et prouve qu’avec un zeste de talent il reste possible de créer un son novateur. Je pense que l’écoute des superbes « C[osa] N[ostra] K[lub] », « The Martialist » ou « Total Eclipse Of Dead Europe » saura mettre tout le monde d’accord sur la qualité musicale et la grande originalité de l’ensemble. Ces 3 chansons possèdent une aura dramatique et une puissance presque théâtrale. Il faut l’avouer, ce second album est d’une intensité très rare dans le domaine. Les compositions regorgent de mélodies et l’atmosphère générale du disque, entre humour décalé et univers sombre, est un véritable régal. Il faut dire que « L’Hymne à La Joie » gagne encore en qualité lorsque l’on s’attarde sur les paroles, très bien écrites, qui apportent une profondeur et une crédibilité au « concept ». Car je dois bien l’avouer, nous avons affaire à une musique expérimentale, voire avant-gardiste. Personne n’avait tenté (ni même osé) un tel mélange des styles, des sonorités, des ambiances, des périodes.

The CNK s’est approprié un univers esthétique et musical décalé et d’une originalité folle, c’est une chose. Toutefois « L’Hymne à La Joie » possède quelques imperfections, à commencer par une relative inégalité des pistes. En effet, les 4 ou 5 premières chansons (jusqu’à « Vote For Winners » une chanson tout au second degré) sont d’une qualité telle qu’elles obscurcissent une fin d’album en demi-teinte. Ainsi « Dinner Is Ready » manque d’ampleur, « The Doomsday » reprend un thème du film « Gladiator » d’une façon assez maladroite, tandis que « Die HoltzHammerMethode » et « Inexorable Parade » affichent des longueurs dispensables.

« L’Hymne à La Joie » est un album en tout point remarquable, et malgré quelques erreurs ainsi qu’une fin d’album en deçà (à mettre sur le compte d’une métamorphose stylistique massive), il fait honneur au talent de ses compositeurs. Un disque qui frôle parfois la grandiloquence mais dont les nombreuses qualités ne peuvent que m’attendrir quant à la note décernée. Ainsi avec une prise de risque maximum, cet album s’avère être, globalement, une réussite. Bon Voyage !

…TeRyX…

0 Comments 01 décembre 2007
Whysy

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