Vous recherchez quelque chose ?

Deuxième tour pour Enochian Theory ! Trois ans après un fort réussi premier album, les progueux anglais reviennent à la charge avec "Life...And All it Entails" à l'artwork une fois de plus intriguant même si il n'égale pas la beauté de son prédécesseur. Musicalement, si l'on taxera bien volontiers le style du groupe de "progressif", il faut surtout y voir une démarche cosmopolite, aérienne et très mélodique tout en ne tombant pas nécessairement pas dans les carcans habituels que sont les sempiternels "couplet-refrain-couplet-refrain-solo-refrain-refrain".

Ainsi la musique d'Enochian Theory se veut introspective, majoritairement douce mais opérant des montées en puissance récurrentes, à l'instar d'un "Anathema" (si "Loves" ne vous rappelle pas "Dreaming Light" on ne peut plus rien pour vous...). Du côté des mélodies ou du chant on y retrouvera une influence (peut-être inconsciente) "Green Carnation", la voix du guitariste-chanteur Ben Harris-Hayes ayant un timbre très proche de celui de Terje "Tchort" Vik Schei, chanteur de cette fameuse défunte formation. Et si leur premier album voyait le groupe mélanger plusieurs influences allant même jusqu'à inclure du postcore, le propos musical s'est quelque peu recentré, suivant un fil cohérent et offrant un album très homogène, même s'il fait preuve d'un certain relief et que ne manqueront pas les moments d'éclat.

Construisant donc ses morceaux sous forme littéralement "progressive", à savoir des débuts à pas feutrés pour graduellement augmenter l'intensité, Enochian Theory opère une sorte de montée en puissance dans la montée en puissance, démarrant l'album de façon très discrète avec le superbe et envoutant This Aching Isolation où quelques notes étouffées et quelques timides orchestrations suffisent à vous faire voyager pour ensuite monter la tension d'un cran avec Hz, Distances ou encore For Your Glory, Great Deceiver. Cet album se veut une sorte de voyage, vous accompagnant une heure durant et vous montrant la voix, soucieux de vous garder à bord durant toute la durée du trajet. Et bien conscient du fait que trop de violence pourrait vous rebuter, il prend soin de distiller sa puissance musicale afin de ne pas vous brusquer.

De cette manière, il faudra attendre la deuxième moitié d'album pour voir apparaître quelques vocaux extrêmes, principalement sur The Fire Around the Lotus plus longue plage du disque (en l'occurrence remaster du premier album) et pièce à tiroir et For Your Glory, Great Deceiver, dans un délire presque Dimmu Borgiesque même si les riffs doux chaloupés reprennent bien vites leurs droits.  Et le groupe montre qu'il reste très à l'aise dans cet exercice, passant d'une atmosphère à l'autre sans accroc et de façon très naturelle. Ainsi la sensation d'immersion est totale et renforce cet aspect "voyage" que développe "Life...And All it Entails". On entendra même un peu d'influence "Devin Townsend Band" sur Similarities dans le trip "grosses orchestrations lumineuses" pour les plus curieux.

Et pour accentuer l'unité de l'album, le groupe a glissé quelques morceaux "interludes" relativement différents entre eux. L'un (Non Sum Qualis Eram) se présente comme une plage ambiante constituée de quelques notes de piano éparpillées, de voix offs fuyantes et de bruitages éparses, un autre (Creatio Ex Nihilio, en forme de clin d’œil au premier album) mêle explosions, bruits industriels ainsi qu'un décompte ne suivant aucune logique, et pour finir The Motives of the Machines, morceau instrumental qui refuse de vraiment décoller afin de se poser réellement en charnière dans l'album. A eux trois ces morceaux fragmentent l’œuvre et parviennent à lutter contre son trop plein d'homogénéité.

Car à vrai dire, le seul défaut de cet album est justement sa trop grande cohérence, le fait que beaucoup de morceaux finissent par se ressembler. Si les mélodies sont incroyables et le travail accompli à la guitare remarquable (le solo dHz, le morceau instrumental The Motives of the Machines,...) de part la simplicité des motifs et pourtant leur efficacité et leur feeling, écouter cet album d'une oreille distraite donnera l'impression d'entendre peu ou prou les même morceaux à chaque instant. Bien sûr, si l'auditeur accepte de se plonger dans cet album, il arrivera à bien en définir les contours et cerner les nuances mais cela nécessite malgré tout un certain effort de la curiosité, chose dont nous disposons de moins en moins dans cette époque de "tout tout de suite et si possible avant que ça sorte, j'ai d'autres trucs à écouter moi".

En résumé, "Life...And All it Entails" est un merveilleux voyage qui saura vous transporter par la simplicité apparente de sa musique et sa forte dose émotionnelle. Intelligemment composé il révèle un groupe mature qui semble avoir trouvé un son et une voie qui leur convient. Bien que l'homogénéité de cet album demeure un obstacle, offrez-lui sa chance car si vous aimez "Riverside" ou bien les derniers travaux d'"Anathema" tout en regrettant leur passé plus agressif, vous pourriez bien trouver votre bonheur avec Enochian Theory.


0 Comments 23 juillet 2012
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus