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Lightbulb Sun est un album à part en ce qui me concerne, dans la disco de Porcupine Tree. Objectivement et musicalement il n'en est rien, bien sûr: dans la droite lignée de Stupid Dream, cet opus poursuit les explorations wilsonesques dans la veine pop/prog, avec plus de qualité et une meilleure production. Non ce que cet album a de particulier pour moi, c'est qu'il s'agit de mon premier PT. Un soir de 2000 j'écoutais Zégut sur RTL, et le mec annonce un très beau morceau aux accents floydiens, et vante le reste de l'album dans un style prog avec de longs développements, exécuté par un groupe auquel je ne connaissais rien. Grand fan de classic prog depuis des années, je découvre How Is Your Life Today, et dans la foulée j'achète l'album. Merci, Francis. C'est peut-être parce que je l'ai écouté des dizaines de fois que m'est venue cette réflexion, après coup: même si ce n'est pas le meilleur, c'est le seul album de Porcupine Tree (avec Fear Of A Blank Planet) qui à mon goût ne contient aucun moment de faiblesse. Même sur une perle comme In Absentia, certains morceaux sont nettement moins bons que les autres. Ce n'est pas le cas pour Lightbulb Sun, brillant et passionnant du début à la fin.  Autre particularité pour ce dernier opus avec Chris Maitland à la batterie: de bout en bout, la production est parfaite, et la qualité technique développée par le groupe marque un tournant dans son histoire. Cette volonté se retrouvera dans le recrutement du remplaçant de Maitland en la personne de Gavin Harrison, sans doute l'un des meilleurs batteurs du circuit. Pour autant, Wilson ne s'éloigne guère de son nouveau credo: des chansons courtes, de belles mélodies et une ambiance pop british un peu moins originale que les délires psyché/prog du début. Si on met de côté Hatesong et Russia On Ice (deux longues pièces prog dans le style PT traditionnel), on se retrouve avec une collection des chansons très mainstream, dans le sens où on les sent calibrées pour plaire au plus grand nombre, et ne choquer personne. Sur ces huit morceaux pas de gros riff, des arrangements de cordes plus ou moins discrets et surtout aucun trip expérimental, ou presque.  Quand je vous aurais dit que rien de tout cela n'empêche ces chansons d'être excellentes, et que Lightbulb Sun est un album merveilleux, vous aurez compris l'immense estime en laquelle certains d'entre nous tiennent Steven Wilson. Je pense que si on lui demandait de faire un album de reggae il nous pondrait un truc génial qui nous réconcilierait avec cette sous-musique (vous savez ce que dit un rasta quand il n'est pas défoncé? «C'est quoi cette musique de merde?? »). Oui oui je sais c'est brutal, mais j'assume: le reggae, c'est de la daube.  Pour en revenir à nos moutons, je vais placer le projecteur sur un morceau tout à fait archétypal du style PT et qui représente très bien cet album, l'énorme Last Chance To Evacuate Planet Earth Before It Is Recycled. Notez que je ne réécrirai pas ce titre une seconde fois. On a tout dans Last Chance: une superbe ambiance acoustique, une suite d'accords ingénieuse, de belles harmonies vocales, et en plat de résistance un développement planant à la Wilson avec en fond une voix informatisée et drôlissime, incarnant un extra-terrestre annonçant aux humains qu'il ne leur reste que peu de temps pour évacuer la planète avant qu'elle ne soit recyclée. Mais ça vous l'aviez compris. C'est pour mon grand plaisir qu'on retrouve là un peu de l'esprit Carroll/Lennon qu'ont tous les bons musiciens anglais, et que Wilson avait à ses débuts (je vous rappelle qu'à ses heures perdues la Reine cite Crowley, sans doute à Kate allez savoir pourquoi).  Sur ce morceau comme sur le reste de l'album, la section rythmique du groupe est d'une précision chirurgicale. J'ajouterai même que Colin Edwin me fait complètement halluciner: son riff sur Hatesong, son groove sur Last Chance, c'est limite la master class permanente. Et Maitland, Maitland mes aïeux, son break à la fin de la troisième minute de Lightbulb Sun me fait encore dresser le poil, onze ans après. Et je ne parle pas de Russia On Ice, où le mec apprend à jouer à tout le monde, à peu de choses près. Billy Cobham a dû apprécier qu'un batteur lui arrive presque au genou pour une fois, c'est dire.  Mais je ne voudrais pas donner l'impression que Lightbulb Sun n'est qu'une collection de morceaux de bravoure technique: c'est avant tout un superbe album, une kyrielle de trouvailles mélodiques, un opus riche et enrichissant. Pas le plus inventif, ni le plus beau, mais un de mes préférés, pour sûr.

0 Comments 05 juin 2011
Whysy

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