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Par un malin tour de passe-passe, voilà donc la franchise RAGE augmentée d’une sous-marque, Lingua Mortis Orchestra - featuring RAGE siouplé- allusion évidemment directe à leur album éponyme sorti en 1996, qui marquait alors les velléités de la bande à SMOLSKY à faire cohabiter symphonique et métal. Près de deux décennies et des progrès techniques plus tard, RAGE remet le couvert, usant d’un subterfuge dont on ne sait s’il contribuera finalement à élargir l’audience de ce groupe dans notre beau pays. Audience, qui, si elle n’est pas confidentielle, n’est rien à comparer à celle dont ils bénéficient dans leur Germanie d’origine.
Avec un nom aussi prédestiné que WAGNER, l’organe de ce dernier aura à cœur, on l’imagine, de tenir tête aux violons et autres instrument à cordes, plus habitués au son tintinnabulant d’un triangle qu’aux sonorités volontiers trashy voire growlesques de tonton WAGNER.
Le cahier des charges de ce Lingua Mortis Orchestra prévoit cette fois-ci du matériel 100% original, une production béton - merci BAUERFEIND, Charlie pour les intimes-, deux orchestres, et l’ajout, absolument divin pour mes oreilles, de VOIX FÉMININES . Eh oui, vous avez bien lu. L’organe de WAGNER va se frotter à de beaux organes féminins.

Alors, au bout du compte, n’aurons-nous droit qu’à un pauvre orgasme bâclé pour film crypté du samedi soir sur Canal???

Et bien, comme aucun d’entre vous, sans doute encore distrait par le dernier clip de Miley Cyrus, n’a vu ma note et le petit cœur bisounours qui l’accompagnait, je vais me permettre de faire durer un peu le suspense.
Au programme, chasse aux sorcières, sport qui fut particulièrement prisé en Allemagne, comme en France, Suisse et Espagne. Le site Nuclear précise qu’il s’agit d’une chasse perpétrée en 1559 à Gelnhausen, histoire authentique, donc, qui fit en son temps le bonheur des marchands de bûches. Petit détail amusant, le site dit également: « LMO est un album concept excitant, composé par LA CHANTEUSE Peavy WAGNER… » Voilà qui explique le timbre de voix de Peavy, une dose massive d’estrogènes, tout simplement.
La longue pièce d’ouverture, affichant plus de 10 minutes, Cleansed By Fire, annonce habilement la couleur. Sur une note tenue à la manière d’un chant diphonique mongol, une petite ritournelle incantatoire d‘abord, et ce sont des chœurs à chercher entre Wagner et Carl Orff qui insufflent ensuite la dimension dramatico-théâtrale nécessaire au propos. Puis la guitare rageuse de Victor s’invite parmi les cordes de l’orchestre qui reprennent la main dés lors que Peavy WAGNER commence à pousser la chansonnette. Un Peavy qui choisit de ne pas forcer sa voix pour la mettre au service d’une mélodie qui fait mouche instantanément, avant d’être rejoint par l’une des deux chanteuses, soprano au demeurant. Leurs cordes vocales à l’unisson déroulent alors couplets et refrains reprenant les chœurs d’ouverture .
Mais on ne fait pas dix minutes, même avec des cordes vocales copulant si joliment. A mi-parcours, il est temps pour les instruments de reprendre la main. L’orchestre d’abord, puis Victor et l’orchestre. Ah Victor, sa guitare, son solo de guitare, son clavier, son solo de clavier. C’est un peu le festival SMOLSKY. Mais bon camarade, il laisse WAGNER et Madame revenir en duo. Et ce sont finalement les chœurs wagneroffiens qui bouclent ces 10 minutes, que, foi de canard, on n’a pas vues passer.
Premier constat, dés la première écoute: si, comme moi, vous êtes un fan des œuvres du Trans-Siberian Orchestra ( pour ne citer que celui-ci), vous ne tarderez pas à vous retrouver en terrain connu - ne pas confondre avec terre inconnue- lorsque guitares électriques et violons se mélangent.
Eh oui, c’est que durant les deux dernières décennies, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts reliant le Métal au Symphonique, et si en 1996, le Lingua Mortis originel faisait figure de proue dans ce crossover pas encore à la mode, aujourd’hui, il n’en est plus de même. Difficile donc d’échapper au « On dirait du » ou « ça fait penser à »…
Mais doit-on être déçu ou grognon pour autant? Que nenni. Parce que les compos qui vont suivre ne déméritent pas.

Pour ceux qui auraient pu craindre que RAGE n’ait perdu de sa testostérone, engluée dans le sirop des violons, Scapegoat vient illico rassurer les inquiets. WAGNER growle, la guitare trashe son venin, l’orchestre symphonique se fait plus discret, mais la mélodie subsiste, le temps du refrain.
Et la suite de cette galette ne dément pas la très bonne impression donnée par ces deux premiers titres. On découvrira aussi un RAGE plus rock ( Straight To Hell ), plus mid tempo vitaminé au néo-classique( Eye For An Eye), plus heavy ( Witches’ Judge ). L’ensemble étant extrêmement rythmé. Mais s’avérant un pari risqué aussi, car les fans d’un RAGE rageur risquent bien de ne pas se sentir chez eux à l’écoute de certaines compos citées plus haut, et plus bas.

L’incontournable ballade? Oui, présente! Deux fois présente même, et réussie. Lament, en premier lieu, où WAGNER en est presque touchant tant il cherche à adoucir sa voix pour ne pas effaroucher la belle qui lui répond. Afterglow, ensuite, au joli refrain, le tout dans un habillage lorgnant vers le pop hard FM.
Le titre exploitant au mieux la combinaison Orchestre- Heavy? Et bien, c'est en définitive Eye For An Eye qui s'y colle. Cleansed By Fire paraissait pourtant indéboulonnable, mais je trouve qu'Eye For An Eye le fait d'une manière plus subtile, moins rentre-dedans.
Hors Ballades, le titre le plus "radiogénique"? Évidemment, son format de plus de 6 minutes pourrait décourager les ondes de l’accueillir, mais je dirais The Devil's Bride. Une coloration très heavy, mais un tempo ralenti, duo vocal de mise, l'orchestre en filigrane, une mélodie qui vous rentre bien dans la tête, et un solo de gratte de la mort qui tue signé Victor.
Du bonus? Oui, oui, en cherchant bien, vous tomberez sur One More Time, encore un excellent titre. Mais il faudra le mériter.
La production? Du miel. Truffé de piment. Oubliée, la prod approximative du Lingua Mortis de 1996.
Bienvenue dans le XXIème siècle.
Victor SMOLSKY? Oh oui, il est bien là, notre homme orchestre! Il envoie du bois à volonté, alimentant le bûcher de ces vilaines sorcières à coup de riffs musclés et de solos qui bouleversifieront même vos papilles gustatives tellement c’est bon.
Mélodie? Mais elle est partout, la chère enfant! Évitant gracieusement les tas de bois hautement calorifiques, elle batifole dans les refrains, les chœurs, les passages orchestraux et les soli, guitares ou claviers, et fait volontiers sa coquine dans les couplets.
Kate Upton? Hélas non, mes amis. Pas de Kate Upton, même pas sur la pochette. Une prochaine fois, peut-être.

Plus ou moins de heavy, plus ou moins de trash, plus ou moins d’orchestral, plus ou moins de voix féminines, les combinaisons sont variées, pour un album homogène. Homogène, mais pas monotone.
Allez, fin du suspense! Mais oui, vous l’aurez compris, je l’adore cet album! Je l’ai bel et bien chopée, la rage.
Considérant qu’il n’y a pas eu pléthore de bonnes sorties heavy estampillées sympho depuis ce début d’année, favorisez la contagion et ne passez pas à côté de celle-ci!
Seuls, malheureusement pour eux, et encore une fois, les inconditionnels de Justin Bieber resteront vautrés sous le paillasson devant la porte de cette belle œuvre.


PS: Coin Coin!

0 Comments 10 octobre 2013
Whysy

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