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Près d’un an après le décès des illustres rockeurs mélancoliques formant le désormais légendaire Sentenced, la scène gothique semble bien vide. Certes les combos restent nombreux mais derrière un manque d’ambition flagrante se cache une envie profonde de succès. Ils sombrent les uns après les autres soit dans une démarche commerciale exacerbée, soit restent cloîtrés dans une musique stérile par peur de déplaire à un public fidèle. Bien heureusement il existe aussi des formations s’essayant à innover, parfois cela fonctionne, parfois non, mais l’envie de s’extraire d’une scène pourrie par la médiocrité engendre souvent l’excellence. « Lust Stained Despair » n’en est pas encore arrivé là mais avec ce second essai, Poisonblack confirme ses qualités musicales et s’affirme en outsider redoutable.

Mon allusion au défunt Sentenced n’était bien évidemment pas gratuite mais nécessaire car c’est son frontman que l’on retrouve à la guitare et au micro. La voix légendaire de Ville Laihiala fait à nouveau merveille et l’homme n’a rien perdu de sa superbe. Un timbre riche et puissant surfe sur des couplets déferlants de trouvailles et des refrains impressionnants. Il assure un travail tout simplement parfait quelque soit le domaine abordé : doux, classique, énervé, crooner… Un large éventail de ses capacités mises en valeur par des chansons très diverses demandant chacune une prestation différente, au final toutes complémentaires.

Ne vous attendez pas à une version bis de Sentenced ni à une suite logique et sans surprise du premier disque « Escapexstacy ». Nos finlandais abandonnent la mélancolie de l’un, et la douceur de l’autre afin de signer une œuvre très heavy axée sur des guitares puissantes et une production au millimètre. Des compositions rythmées régies par d’excellentes mélodies le tout enrobé de claviers plutôt discrets voués à la création d’atmosphère. On note ainsi des arrangements allant du moderne sur « Raivotar » à l’horrifique pour l’excellente « Nail » très “film d’horreur”. Poisonblack alterne les chansons, les tempos et tente de créer un album dynamique. Il s’agit d’ailleurs d’un pari gagné car aucune grosse baisse de rythme n’est à déplorer tout au long des 48 minutes.

Ainsi l’album s’ouvre par la gigantesque « Nothing Else Remains » : une chanson rapide illustrant à merveille le virage musical de cette cuvée 2006. Une très bonne entrée immédiatement reprise par une « Hollow Be My Name » du même acabit. Les cinq bonshommes de Poisonblack ont de l’inspiration à revendre car de très nombreuses chansons sortent du lot par leurs mélodies, leur construction, ou tout simplement leur interprétation. Faisant preuve d’une grande rigueur technique et musicale, le combo ne s’interdit absolument rien pour notre plus grand plaisir. Ainsi nous sommes charmés par l’incroyable prestance vocale de Ville tout au long du single « Rush », on apprécie la puissance du final « The Living Dead » à l’osmose acoustique/électrique lors du couplet et au refrain marquant. Tandis que la mélodie d’un « Love Controlled Despair » et l’excellence de ma petite préférée « The Darkest Lie » achève cet idyllique tableau. Les points forts du disque ? La voix ! Les mélodies ! Les refrains ! Tous sont d’une grande justesse et s’illustrent en hit potentiel.

Tout n’est pas parfait pour autant. Certaines chansons peinent à se faire remarquer et perdues au milieu d’un déluge d’inspiration elles se révèlent bien fades. Je pense au « Raivotar » et « Soul In Flames ». Elles ne sont pas de mauvaises chansons, leurs refrains restent d’ailleurs prenants, mais leurs constructions et leurs interprétations demeurent trop classiques : on les oublie vite fait. Dans le style classique j’éviterais de parler de l’inutile ballade acoustique « Pain Becomes Me » véritablement clichée. Dans son entreprise de mélodies faciles Poisonblack est également allé emprunter chez ses cousins scandinaves notamment le riff d’ouverture de « Never Enough » bêtement recyclé chez les suédois d’In Flames.

Poisonblack n’a pas laissé le doute s’installer et s’impose dorénavant comme une formation talentueuse capable d’aller titiller les plus grands. « Lust Stained Despair » dispose de suffisamment de qualités pour plaire à un public large aussi bien dans le heavy métal, que dans le métal gothique. Gorgé de mélodies à n’en plus pouvoir, gavé de refrains dévastateurs et d’hymnes à la pelle, nous voilà en face d’un disque à la durée de vie conséquente. Toi ! Toi qui as dévoré la chronique comme un goinfre, il ne te reste plus qu’à te procurer l’album pour enfin mettre fin à ton supplice.

…TeRyX…

0 Comments 10 août 2006
Whysy

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