Vous recherchez quelque chose ?

Formé en 1997 dans la région de Kaiserlautern en Allemagne, Ivory Night n’a à son actif « que » 2 albums et deux démos en 10 ans d’existence. Productivité relativement faible en comparaison de certains, probablement due au fait que le groupe n’est pas signé par un label, et par conséquent s’autoproduit, ce qui peut allonger les délais. Mais cela donne aussi au combo allemand plus de liberté par rapport à l’écriture et à la maturation de leurs albums, et notamment leur nouvelle réalisation, Machine, qui évolue dans un heavy / power assez typé et personnel.

Avant de m’intéresser en détail au contenu musical de Machine, je voudrais m’attarder quelques lignes sur les lignes vocales, assurées ici par Patrick Fuchs. Au-delà de sa performance générale qui est tout à fait honorable (son timbre écorché et grave sied plutôt bien à la musique hachée du groupe), je trouve vraiment dommageable qu’il s’essaie, sans succès, à des suraigus (c’est frappant sur Keeping the Lie) qui viennent plomber certains titres qui étaient bien engagés. Vouloir alterner et diversifier le chant est une chose, tout à fait louable au demeurant, mais l’homme n’a pas les capacités pour le faire dans ce registre, et ça décrédibilise partiellement cet album. N’est pas André Matos qui veut, et les allemands devraient en prendre compte pour ajuster ce point.

Après quelques écoutes de ce Machine, on en arrive à ressentir de la sympathie pour l’album. Ce n’est certes pas transcendant, ni révolutionnaire, mais ça a au moins le mérite de nous arracher quelques sourires. Deux éléments positifs ressortent : d’un côté, l’utilisation opportune des guitares acoustiques apporte de la finesse ainsi qu’une certaine douceur à des chansons parfois agressives (d’ailleurs Oblivia sort du lot et surprend avec ses sonorités hispaniques). De l’autre, la belle mise en valeur des lignes de basse qui apportent une chaleur et un son groovy intéressant (la fiévreuse instrumentale Mr. H’s BBQ est à ce titre une réussite), et qui vient quelque peu « humaniser » une musique parfois linéaire.

Par moments donc, les allemands arrivent sincèrement à nous convaincre, avec leurs armes. Mais par moments seulement, car sortis de ces quelques titres « exotiques », on se retrouve face un album très convenu, alternant le bon et le moins bon, mais qui ne parvient jamais vraiment à décoller. A cela plusieurs raisons objectives : en premier lieu bien sûr la production qui manque vraiment de puissance (mais qui laisse en contrepartie une place de choix à la basse qui se révèle efficace), mais qui peut s’expliquer par le fait que Ivory Night s’est autoproduit. Les errances techniques également (les musiciens ont parfois du mal à se coordonner sur certains passages rapides) viennent entacher la performance générale, en laissant un goût d’inachevé assez prononcé.

Malgré ce côté sympa et agréable que l’on ne peut pas nier, Machine a vraiment du mal à s’inscrire dans nos mémoires. Les quelques éléments intéressants, bien trop disparates malheureusement, permettent aux allemands de sauver en quelque sorte les apparences, mais les trop grosses approximations techniques, la production qui manque de jus, les erreurs parfois grossières de justesse au chant, tous ces éléments ne permettent pas à Ivory Night de récolter une note supérieure à 6. Avec quelques réajustements cependant (pourquoi pas axer plus la musique sur les points forts de l’album, à savoir l’acoustique et les sonorités groove amenées par les lignes de basse) et une production plus nerveuse (la signature avec un label ne serait pas un luxe dans cette optique), on sent le groupe capable de mieux faire. A eux maintenant de nous surprendre.

0 Comments 05 juin 2008
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus