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Disons-le tout net : ce Magnolia n'a pas grand chose à faire sur le glorieux site qu'est Heavylaw. Là où les albums précédents de The Pineapple Thief et surtout le superbe Someone Here Is Missing proposaient un mélange de metal et de rock teinté de quelques ambiances (du crossover prog on va dire), ce nouvel opus est plus lunatique et éthéré, flirtant allègrement avec des tonalités carrément pop. J'adore la pop music cela va sans dire, n'oublions jamais que les Beatles sont le plus grand groupe de tous les temps, mais le metal pop (crossover pop?) m'a souvent laissé de marbre. Vous prenez une base rythmique et mélodique inspirée d'un mélange U2/Coldplay et vous y ajoutez une pincée de guitares légèrement agressives, avec des changements de rythmes plus ou moins subtils, et vous obtenez du Muse en moins bien, pour faire simple.

C'est du moins l'impression qui se dégage des premières écoutes du nouvel album des anglais. Bien sûr, The Pineapple Thief n'a jamais donné dans le prog hardcore à la Yes '74, mais ici plus aucune influence prog ou presque, c'est donc un album de pop rock plutôt basique qui nous est proposé. Et quand on le prend sous cet angle, une fois la première déception passée, on se surprend assez rapidement à apprécier cette nouvelle mouture.

Je ne l'ai jamais caché, à mon humble avis il est aussi difficile de réaliser une chanson de trois minutes géniale qu'un long épique d'une demie-heure. Surtout, vu le format et l'excellence de ses prédécesseurs, l'auditeur est aisément meilleur connaisseur et plus exigeant sur la qualité. On aura aucun mal à détecter le groupe qui cherche désespérément à s'acheter une reconnaissance publique en sombrant dans la facilité commerciale. Et là, ô divine surprise, dès l'excellent Simple As That et surtout l'incroyable refrain d'Alone At Sea, la claque mélodique est brutale, est la qualité d'écriture nettement au-dessus de ce que l'on pouvait espérer. Bien sûr, on n'échappe à certains écueils inhérents au style : dans le domaine, tout a été fait, pas la peine de chercher bien loin les influences pleuvent. Indie, shoegaze, mélancolique, l'album sent les nineties d'avant Kid A.

Il ne tient plus qu'à vous de déterminer s'il s'agit d'un doux parfum, ou d'un fumet nauséabond. La qualité des morceaux est malheureusement inégale, et pour les réussis Alone At Sea, Don't Tell Me, The One You Left To Die et le superbe Bond qui clôt l'album, d'autres morceaux sont plus pénibles. La faute à des intros souvent trop molles, une production parfois datée ou des mélodies tout simplement moins intéressantes, faites votre choix. Heureusement, sur la fin de son effort le groupe semble se réveiller un peu et nous propose enfin deux morceaux plus heavy, les excellents Breathe et Sense Of Fear, qui renouent avec les heures plus métalliques du groupe.

On le sait, pop et metal ne se marient que très peu, et l'union est rarement heureuse. C'est donc à une collection de morceaux tirant d'un côté ou de l'autre que l'on a droit ici, ce qui rend l'écoute souvent déroutante, surtout que le groupe semble avoir volontairement fait s'alterner morceaux plus énergiques et complaintes relaxantes. C'est lorsque que les voleurs d'ananas musclent leur jeu que l'album prend enfin un peu de texture, un peu de gras, et ce sont ces morceaux que l'on retiendra, qu'ils lorgnent vers la pop endiablée ou le metal plus saccadé.

On est bien sûr très loin de l'alliage parfait d'un Arrows & Anchors de Fair To Midland par exemple, mais cet album a ses bons moments. Ce n'est pas suffisant pour en faire une vraie réussite, mais il aura au moins le mérite de surprendre par sa démarche, à défaut de son style. Un Magnolia en demi-teinte donc, qui pourra plaire à ceux qui oseront l'écouter plusieurs fois mais détournera rapidement de son chemin les auditeurs plus exigeants.

0 Comments 10 septembre 2014
Whysy

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