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L’album des français commence aussi abruptement que cette chronique, sur un titre difficile d’accès et long : 8’50 pour Genesis, un titre à la croisée des chemins entre un metal progressif et un metal plus symphonique. La part belle est faite aux chœurs, et à la maestria des guitares. On découvre petit à petit tous les éléments qui finiront par composer l’album. Des passages angoissants, des passages presque parlés, des passages clairement épiques ... Et dans tout ça, un élément commence à se distinguer : la voix de Kevin Kazek (déjà entendue chez Seyminhol par exemple). Kevin est en effet capable de moduler sa voix sur tous les domaines, du plus grave au plus aigu, presque glam-rock, de la voix parlée, chuchotée ... C’est incontestablement l’une des forces de l’album. On retrouve aussi un solo très inspiré, qui ajoute à l’impression de complétude proposée par le morceau.
Le hic ? Le même que pour cette chronique. Avant tant de détail, tant d’attention, on aurait aimé une petite introduction, au moins histoire de se préparer psychologiquement à la claque. Sans compter qu’en première écoute, tout ça peut sembler un peu indigeste.

Le morceau introductif finit d’ailleurs par arriver, il s’agit du deuxième titre, The First Disturbing Contact, espèce d’intermède très calme, accompagnée d’un texte parlé. Ce texte pose les premières pierres de ce qui sera le concept de l’opus : les petits hommes verts (et je ne parle pas d’un schtroumph qui aurait trop mangé). J’en profite pour ajouter quelques informations sur le livret, très soigné pour un premier album, où on retrouve non seulement les paroles, mais aussi des extraits de Platon et de divers passages bibliques, permettant une plus forte cohérence.
Quoi qu’il en soit, on revisite l’histoire, au gré des interrogations sur la foi, sur les messagers de Dieu, sur ses émissaires qui nous surveillent, et qui contrôlent notre existence. Je vous invite d’ailleurs à fouiller le livret, pour lire ces paroles vraiment dignes d’intérêt, surtout si comme moi vous aimez tout ce qui est un peu mystique / science-fiction. Inexplicablement, je me suis senti comme happé dans un Stargate.

Et en termes de musique alors, de quoi ça s’agit ? Symakya nous sert une série de morceaux très travaillés, aux ambiances soignées, je prendrai pour exemple Under the Banner of Faith, qui commence sur un ton martial pour enchaîner sur un rythme plus rapide et renforcé par des nappes de claviers bien senties. Chacun des morceaux développe une ambiance propre, inquiétante à travers des passages chuchotés dans The Inner Control (an Evolutionary Experience), plus optimiste dans Other Keys avec l’utilisation de rythmes plus joyeux, et de riffs plus légers, ou même mystérieuse dans Of New Idols, où les premières notes de clavier donnent le ton.
Les français savent clairement faire leur boulot (même si certains soli, celui de of New Idols justement en est un bon exemple manquent un peu d’émotion), nul doute que leurs expériences passées leur ont permis de se construire musicalement, pour arriver à produire un tel effort. Ainsi, le mixage est assuré par Simon Oberender (aussi responsable d’Epica, Kamelot, Edguy, et bien d’autres), qui rend un travail impeccable, où les guitares, la batterie et même la basse restent mixées par dessus les parties symphoniques, qui, sans être envahissantes, apportent un vrai plus à la musique.
Par ailleurs, Matthieu Morand a déjà gratté pour Akroma et Elvaron, et Thomas Das Neve a déjà battu pour Heavenly. Tout s’explique, personne ne débute vraiment en fait, et c’est après tout pour le mieux, puisque la plupart des erreurs de débutants sont évitées, même si on retrouve quelques petites longueurs, insidieuses : sans qu’on s’en rende compte, l’album atteint plus d’une heure avec dix morceaux, ce qui place la moyenne a un peu plus de six minutes. Malgré la qualité omniprésente, c’est à peu près aussi long que les titres des chansons.
D’autant plus long qu’il n’est pas facile d’accéder au contenu au premier abord. Ainsi plusieurs écoutes seront nécessaires pour apprécier à sa juste valeur un morceau comme Supervision : Code 1945 et sa construction tout sauf linéaire.

Pour  le meilleur, il faut justement se pencher sur la fin de l’album, approchant de la résolution du concept : Supervision : Code 1945, Human God ? et Messengers of the Verb sont de vrais morceaux de bravoures aux ambiances variées, aux riffs à la fois lourds et puissants, aux lignes de chant capables de faire vibrer n’importe qui.

Enfin, et pour donner une vraie conclusion là où Majestic 12 : Open Files n’avait pas eu d’introduction, Disconnected : End of Process est un titre instrumental de 3’20 minutes qui permet enfin de respirer après le choc de l’écoute du reste de l’album.

Le hic finalement, c’est cet aspect prog très présent, la complexité des morceaux, qui peut dérouter, et qui ne permet pas de se plonger facilement dans l’univers riche organisé par le groupe. Aucun doute que sur un prochain opus, ce défaut saura s’atténuer pour permettre à Symakya de se mettre au tout premier rang de la scène metal française.

0 Comments 14 mai 2011
Whysy

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