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Pour beaucoup de personnes, Mandylion est le symbole du début de la carrière des hollandais de The Gathering, mais il représente également pour beaucoup des fans le meilleur album du groupe, ni plus ni moins. N’en oublions pas pour autant les deux réalisations précédentes, Always en 1992 et Almost A Dance en 1993, tournées clairement vers un death / doom assez basique, sans réel portée musicale. Mais avec Mandylion, les hollandais vont prendre un tournant fort, délaissant le death pour un métal atmosphérique teinté d’inspirations doom, et vont trouver grâce à un subtil mélange de ces éléments une sorte d’alchimie complexe mais parfaite en tous points.  Un des ingrédients miracle s’appelle Anneke Van Giersbergen : à tout juste 21 ans, la belle néerlandaise intègre le groupe, après quelques passages dans des groupes de blues / funk ou jazz, et va éclabousser de tout son naturel et de tout son talent cet album. Sa voix, envoûtante et enfantine, fige Mandylion dans le temps avec un pouvoir hypnotique hors du commun. Difficile d’expliquer avec des mots ce que l’on peut ressentir quand on l’entend chanter, la magie opère immédiatement, avec une délicieuse inéluctabilité.  En plus de cette révolution vocale, c’est aussi la musique du groupe qui va renaître. D’un death assez vif et brutal, on passe à un métal atmosphérique, presque heavy, avec des relents continuels de doom, notamment au travers des riffs guitares très lourds, très longs, et d’une mélancolie profonde. Les atmosphères elles sont savamment travaillées, malgré un aspect assez dépouillé et minimaliste, et les parties claviers, en nappes fines et aériennes, viennent contribuer à l’aspect évanescent de Mandylion. La batterie et la basse jouent des rôles importants, en imposant des rythmiques parfois lourdes, fiévreuses, parfois plus douces. Les alternances sont bien pensées, bien positionnées pour permettre plus de volume musical sur la durée.  Cette nouvelle combinaison vocal – musique est plus que probante. L’intelligence de composition des frères Rutten prend donc une dimension plus grande qu’auparavant : Strange Machines, titre introducteur, résume à lui seul ce fait. Un riff acide de guitare, entre heavy et doom, plombe d’entrée la musique, puis le clavier apporte un souffle de fraîcheur qui permet au titre de s’envoler, aidé en cela par les lignes vocales de Anneke, presque symphoniques et religieuses par certains aspects, mais toujours d’une polyvalence et d’une maîtrise impressionnantes.  Une des grandes forces de Mandylion est son homogénéité : tous les titres sont indispensables, jouant chacun avec leurs atouts pour créer un bloc solide mais d’une originalité évidente. Mandylion, le titre éponyme, illustre bien cette recherche permanente d’innovation musicale, qui deviendra le leitmotiv artistique du groupe dans le futur : ambiance arabisante, accompagnées de percussions plus africaines, surplombées de sonorités futuristes ou électroniques, témoigne de ce désir de fusion et de recherche musicale. Le résultat est d’ailleurs éloquent, on se laisse rapidement enivrer et griser par ces influences divergentes sur le papier mais impeccablement mises en commun au travers des instruments.  Sand And Mercury, le titre le plus long, est lui aussi impressionnant : en 10 minutes, The Gathering nous emprisonne complètement dans sa musique, avec des alternances nombreuses mais toujours justes, et des ambiances d’une finesse incroyable. La doublette In Motion#1 et In Motion#2, et les autres titres contribuent à l’édification d’une œuvre aboutie, complète, d’une force de conviction presque infinie.  Comme me le faisait remarquer à juste titre Teryx, il y a quelque chose dans la musique de The Gathering qui pousse irrémédiablement à y revenir, encore et toujours. Et après quelques dizaines d’écoutes, je n’arrive toujours pas à déceler la moindre faiblesse dans la démarche musicale de Mandylion. Le pari de chambouler complètement les bases musicales du groupe s’avère plus que pertinent : la profondeur des riffs guitares, qui nous offrent des refrains accrocheurs et saisissants, la rythmique imposée par la batterie et la basse, contrastent parfaitement avec les lignes aériennes de claviers et surtout ces parties vocales qui font s’envoler l’album vers des cimes symphoniques insoupçonnées. The Gathering s’est trouvé en la personne de Anneke Van Giersbergen une chanteuse hors du commun, avec un style si particulier mais qui se fusionne si bien avec les parties instrumentales. Porte étendard d’une continuelle recherche de nouveautés, le groupe s’impose comme l’une des premières formations de métal à chant féminin, bien avant Nightwish ou Lacuna Coil. Pionniers dans leur démarche, les hollandais nous livrent donc ici un album sans fautes, intarissable, d’une richesse intemporelle, qui n’a pas pris une ride depuis 10 ans et qui ne risque pas d’en prendre avant longtemps. Tout simplement indispensable.  PS : à noter une réédition de l’album en 2006, avec de nombreux bonus, des titres issus de différentes démos et un livret avec des photos et des notes inédites.

0 Comments 11 juin 2006
Whysy

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