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Le très attendu retour de Manigance est une pleine et entière réussite. Impossible, donc, pour HeavyLaw, de manquer d'évoquer ce "Volte Face" avec un François Merle (guitariste du groupe) aussi sympathique que passionnant à écouter !wazbones : Bonjour François, Il s’est passé 3 ans depuis la sortie de Récidive. Peux nous décrire les évènements qui se sont passés dans le groupe depuis ? Il y a notamment eu des changements de line up… François Merle : Après « Récidive », on a pas mal tourné un peu partout en france et en festival et ça s’est pas mal passé. On est ensuite retourné dans notre Béarn pour travailler sur des nouvelles compos. A ce moment là, le batteur et le bassiste ont très vite montré quelques envies d’arrêter… On va tabler sur les classiques divergences musicales. Il faut comprendre que ça fait longtemps qu’on est ensemble, et la musique nécessite beaucoup de sacrifices. Avec ces sacrifices et les concerts, ils ne s’y retrouvaient plus. Niveau artistique, on n’avait pas non plus tout à fait la même vision de ce que nous souhaitions faire à l’avenir. On s’est retrouvé à beaucoup discuter et négocier en composant et ça a été le début de la fin. Et dans la musique, il faut savoir à certains moments prendre des décisions. La séparation s’est faite simplement, sans heurts. Aujourd’hui, on regarde vers l’avenir avec Guillaume et Stéphane qui ont intégré le groupe. Quand Daniel est parti, on avait le PMFF (Ndw : Paris Metal France Festival) a Paris, et Guillaume est vite rentré dans le bain. C’est un fan de la première heure de Manigance et il a été très heureux qu’on lui propose de jouer avec nous. On le connaissait par des amis communs, car il n’y a pas beaucoup de musiciens qui font du metal dans le Béarn ! Il a beaucoup bossé pour arriver au niveau global du groupe car ce n’était pas évident d’intégrer rapidement les compos de Manigance. Il a ensuite pas mal participé aux nouvelles compos et très vite après, Marc est parti aussi et Stéphane a intégré le groupe. Stéphane était le tout premier bassiste de Manigance. Il avait cependant préféré prioriser son autre groupe de l’époque et nous avait quitté prématurément. Il était très content également qu’on lui propose de nous rejoindre. Stéphane et Guillaume se connaissent déjà donc ça a aidé en terme d’entente rythmique. Concernant les 3 ans entre les deux derniers albums, si on prend en compte les évènements que je viens de citer, par rapport au rythme d’autres groupes, ça ne parait pas énorme non plus pour faire un album. On a tout fait nous même dans mon studio, donc ça a pris un peu de temps. On a finalisé le contrat avec Verycords à Noël après avoir rencontré Mehdi l’été d’avant au Hellfest (Ndw : Mehdi El Jaï, directeur du label créé en 2011). Notre objectif était ensuite de finaliser la production pour le mois d’aout.  Vous avez suivi un peu le mouvement des retours en fanfare des groupes français. En effet, comme ADX, vous êtes passé de XIII bis à Verycords, et avez fait appel à Stan W Decker pour l’artwork de votre nouvel album… Moi, je trouve que c’est bien. On avait déjà vécu ça avec Malediction chez NTS. On n’est pas tout seul à chanter en Français et c’est très bien de voir une émulation autour de ça. D’un point de vue maison de disque, il n’y a de toute façon pas beaucoup d’opportunités d’avoir une maison de disque comme Verycords, avec une vraie structure et de la promo… Verycords a plusieurs salariés qui travaillent pour plein d’artistes de tout horizon et on bénéficie de cette structure. On n’est évidemment pas un de leurs groupes majeurs, comparés à un groupe comme Dagoba, qui tourne à l’étranger, mais on bénéficie de tout ce qui se passe autour de ces groupes, et c'est bon pour nous.  L’album est annoncé comme un retour à votre chef d’oeuvre qu’était « Ange ou Démon », ce qui est objectivement le cas. Etait ce une réelle volonté de votre part ? Il n’y a pas vraiment de volonté particulière, c’est plus un état d’esprit. Je pense que pour « Ange ou Démon" on était dans un état d’esprit libéré. Là, quand le line up a changé, on a retrouvé une vraie envie de jouer et de créer des choses, avec une vraie fraicheur. Avec « Récidive », on était plus dans un processus d’écriture plus rigide. Les nouveaux ont vraiment insisté pour qu’on aille directement à l’essentiel. Quand les compos ont commencé à murir, on s‘est vite rendu compte qu’on était revenu aux sources. Plus de simplicité dans les structures , plus de riffs de guitare, moins de parties propres sur les clavier…  Peux tu nous en dire plus sur « Planeta Zelmya » (« Planète terre » en russe) ? Ce titre, que j’aime beaucoup, parle des évènements en Ukraine, de tout ce qu’ont pu vivre les Ukrainiens. Et quand tu écoutes le titre en sachant de quoi il parle, il devient vraiment prenant. C’est ce que fait souvent Didier (Ndw : Delsaux, chanteur du groupe) : sans évoquer complètement les choses, il préfère les suggérer. En donnant un titre Russe au morceau, il provoque l’interrogation de l’auditeur qui va aller chercher le pourquoi du comment…  On retrouve sur l’album des morceaux directs avec des refrains ultra accrocheurs (« Leader », « Sans relâche », « Volte face »), quasi radiophoniques, ce qui représente une vraie performance car tout le monde sait que le plus dur est parfois d’écrire les refrains les plus simples qui vont rentrer en tête pour ne plus en sortir ensuite… Mon fils me dit la même chose. « Papa, met moi « qui est tu »… (rires) ». Ca fait partie du travail de composition. L’essentiel du temps qu’on passe dans le processus d’écriture, ce n’est pas de faire un maximum de riff ou d’augmenter le niveau de performance. On a le niveau, avec l’expérience et l’âge, pour connaitre notre niveau technique, sans prétendre être Dream Theater. Par contre, là où on passe du temps et là où se trouve le challenge, c’est de faire sonner le mieux possible notre métal français avec notre patte. Certains apprécient, d’autres non. Pour le titre « Volte face », par exemple, on est arrivé à 20 versions différentes avant de tomber sur le refrain qui nous a vraiment accroché. Le travail derrière pour faire le solo et les arrangements est beaucoup plus simple quand tu as déjà ton refrain, parce c’est plus simple ensuite de dérouler tout ce que tu veux autours. La difficulté, c’est le couplet refrain avec la bonne mélodie qui sonne bien en français : c’est notre plus gros boulot.  Manigance, depuis ses débuts, est surtout reconnaissable par Toi et Bruno à la guitare et Didier au chant, qui êtes réputés pour être de très bons techniciens. Ne regrettes tu pas de ne pas être un peu plus connu pour ça en dehors du cercles fans du groupe ? Les vrais musiciens sont moins à ma mode que dans les 90’s. On est moins valorisé d’une manière générale. Didier est un vrai chanteur qui n’a aucune difficulté à chanter du Maiden, du Judas ou du Helloween, mais la mode aujourd’hui est plutôt aux voix gutturales. On n’est sans doute pas dans l’air du temps, et le fait de chanter en français limite clairement notre reconnaissance internationale. Déjà, les gens, quand ils entendent le chant français se disent : « oulah, c’est pas de l’anglais ? » Ensuite, en France, nous sommes les rois pour se tirer des balles dans le pied. Je lisais il y a peu que la prod de notre album n’était pas au niveau. Hors s’il y a bien une chose dont je suis certain, c’est que la prod est aujourd’hui au dessus de tout ce que j’ai fait jusqu'à présent. On peut dire ce qu’on veut sur la musique, mais sur ce plan là, en France, pour un groupe français qui met les moyens, qui va voir un producteur international pour faire le mastering, ça me fait sourire. En France, on reconnait difficilement le talent des gens. Certains réussissent et tant mieux et d’autres resteront toujours dans l’ombre.  Tu parles de voix gutturale. On trouve justement des vois agressives sur « Le coté sombre » et « Ultime atome »… Qui chante sur ces morceaux ? C’est notre clavier, qui est un ancien chanteur de death métal. L’idée tournait déjà dans le groupe depuis quelques temps, mais il fallait attendre d’avoir les compos en français qui s’y prêtaient. On avait déjà essayer avant mais ça ne le faisait pas. Après, ce n’est pas notre marque de fabrique, mais ça nous permet d’ouvrir nos horizons, et puis on est plutôt du genre à aimer essayer chez manigance ! On n’est pas speed metal mais on aime en faire, on n’est pas hard rock mais on aime en faire, on aime aussi l’acoustique, et donc aussi les growls !  Puisqu’on parle d’ouverture d’esprit, parle nous de cette reprise de Murray Head, chantée en partie en français. Le choix peut paraitre étonnant de votre part… C’est moi qui ait eu l’idée. Ca vient d’une interprétation de tout ce qu’on dit globalement dans l’album, avec cette thématique de la trahison. Volte face, c’est retourner sa veste, changer d’esprit, trahir. La chanson de Murray Head est très évocatrice justement, même si elle n’est pas reconnue pour ça. Tout le monde pense que c’est une chanson d’amour mais pas du tout… Ca parle de ne pas se laisser embarquer par les idées préconçues et de faire attention à tout ce qu’on nous raconte, ce qui est un thème d’actualité, quand on voit notre gouvernement aujourd’hui… Faire cette chanson en français était un challenge… On a eu l’opportunité de croiser Murray Head dans la région, et tout cela a muri. J’ai contacté un de ses contacts le vendredi. Le samedi, on me demandait d’amener une maquette le mercredi suivant, alors qu’on avait encore rien fait ! Cependant, on travaille bien dans l’urgence, et tout s’est bien passé. De plus, quand Didier chante ce morceau, il me fait penser à Scorpions dans ses intonations…  Par contre, il n’y pas de ballade de votre cru sur le disque… Il y a une autre ballade, mais sur le pressage japonais…On a failli mettre « Parjure » à la place sur le pressage nippon mais on s’est dit que ce morceau terminait bien l’album, et on a préféré éviter de finir le disque avec une autre ballade…  Quand tu regardes derrière toi, quels souvenirs gardes tu de la période dorée NTS ? Tout s’est passé très vite pour vous… Quel bilan ferais tu de cette époque ? Je pense que c’est ce qui nous a permis d’en être là aujourd’hui. Ca a été une très bonne époque, qui a motivé tout le monde . Au moment où on est passé chez NTS, on a commencé à se poser la question de savoir si on allait vraiment en vivre ou pas. Dans la carrière d’un groupe, c’est une période charnière quand on commence à penser à ça. Moi je suis quand même assez cartésien et je tiens les finances du groupe donc j’en doutais quand même. On avait cependant beaucoup de retours du public. D’un coup on a eu une vague incroyable de gens qui nous aimaient alors qu’on était resté pendant des années dans notre Béarn et on a d’un coup été submergés de compliments. Ca a été aussi la période où on a fait de vraies tournées. On est passé du stade du mini bus au vrai bus avec une vraie organisation, avec des groupes comme Adagio ou Freedom call. C’est resté dans le coeur des musiciens comme un truc à refaire. Aujourd’hui, on court un peu après cette période et ces opportunités. On a vieilli, et ce n’est pas notre style qui a évolué et marché en France, quand on regarde les succès de Gojira ou Dagoba. Nous, on a souffert, mais comme Stratovarius, Edguy ou Angra… Tous les groupes français autour de nous à cette époque ont souffert. A part Nightmare et Heavenly, il n’y pas grand monde qui est resté, à part les anciens comme ADX et Vulcain qui restent des piliers du metal français depuis des années. Mais on a quand même tous pris cher après la période 2002-2004 parce qu’on n’a pas réussi à retrouver ce que Olivier Garnier a fait à cette époque. Mehdi est arrivé mais avec une cible beaucoup plus variée en terme de styles musicaux, par rapport à NTS qui était très ciblé. J’ai beaucoup de regrets par rapport à cette époque car le fond du problème, c’est que Olivier a subi des problèmes financiers qu’il n’a pas vu venir. Je ne vais pas revenir sur certaines histoires mais il aurait dû mieux réussir avec tout ce qu’il avait fait. Ensuite, il ne voulait pas faire les choses à moitié et a préféré arrêter. C'est comme ça… On a vécu la belle époque… On est arrivé juste après le succès qu’Olivier avec eu avec Stratovarius en France et on a pu surfer la dessus pendant 2 ans. C’était une super tranche de vie. Je souhaite à mes enfants de pouvoir vivre ça un jour !  Tu parles des gros groupes du style qui sont toujours là. Hammerfall sort un disque « retour aux sources » en même temps que vous. Stratovarius et Edguy ont également sorti des bons disques récemment. On sent que ça commence à revenir… Oui, ça rebondit. De toute façon, ça tourne… Les gens se lassent d’un style en même temps que ce dernier essaye d’aller de plus en plus loin. Mais au bout d’un moment , ça devient la course à la technique : ce qu’on a vécu avec « L'ombre et la lumière ». On s’est laissé aller dans le progressif et la technique, avec des compos sans doute un peu trop longues… Si le style peut revenir, c’est bon pour nous, même s’il faudrait que des jeunes reprennent un peu le flambeau. En plus le marché de la musique a évolué. On a cru que le marché allait s’éteindre mais on a finalement été envahi de sortie, car les maisons de disque, pour continuer à vivre, ont augmenter le volume de signatures. Le tout, c’est d’être là au bon moment… Certains ont réussi, comme Dagoba ou Gojira. Je pense aussi que sur le fond, certains groupes ont des projets plus ambitieux que ce que nous avons pu avoir. Des groupes se disent que c’est leur vie, leur carrière, qu’il ne feront de toute façon que ça. Nous, on est resté sur le bord car on n’a jamais eu la vraie opportunité de se poser la question : se dire que là, on avait vraiment de quoi faire pour en vivre. On est tous installés, on a tous une famille, on a tous un job et vivre 4 ans au RSA pour se donner l’opportunité de réussir, c’est compliqué. On avait déjà 34 ans quand on a commencé, pas 22, donc on n’a jamais voulu basculer la dedans. Certains groupes majeurs aujourd’hui ont dû vivre des années difficiles avec peu pour vivre mais avec une envie de réussir que personne ne pouvait leur enlever… Ils réussissent et c’est très bien.  Votre musique est parfois tellement accrocheuse qu’elle en devient très accessible à des gens qui n’écoutent pas de metal d’une manière générale (avec des morceaux comme « Un dernier hommage » par exemple). C’est tellement radiophonique que vous auriez peut être pu dépasser cette sphère metal qui vous a lancé à vitesse grand V mais qui vous a aussi fait redescendre vite lorsque le cycle fut passé. Notre pécher de gourmandise, ça reste quand même de faire des morceaux un peu long. Il faudrait être encore plus efficace pour espérer percer ailleurs. La reprise de Murray Head pourrait s’y prêter…  Quels sont les projets à venir ? Plusieurs concerts sont déjà prévus. On est en train de monter une mini tournée. Ensuite on fera une pause en novembre / décembre car notre batteur va être papa. On reprendra ensuite la route en janvier avec paris et le reste de la France. On essaye de boucler des dates mais ce n’est pas facile. On accepte des conditions qu’on n’acceptait pas avant, et les cachets d’aujourd’hui nous obligent à boucler des dates qui peuvent se suivre géographiquement, en montant les choses au fur et à mesure.  A quoi peut on s’attendre en live ? On va jouer 6 morceaux du nouvel album au milieu d’une setlist de 18 ou 19 morceaux. On essaye d’équilibrer sur tous les albums en essayant de renouveler certains morceaux. On a, par exemple, décidé de jouer « Mémoires » ou « Damoclès », qu’on a peu joué jusqu’à présent, en laissant quelques standards de coté, comme « Mourir en héros », qu’on a dû joué à chaque concert du groupe depuis 2004 ! Il faut que ça reste équilibré et prenant pour le public. On testera les réaction au fur et à mesure.  Quelque chose à ajouter ? Je félicite les webzines qui s’intéressent à nous. Merci à Heavylaw ! J’espère qu’on pourra croiser un maximum de lecteurs du site sur la prochaine tournée.  Pour rappel, la chronique de "Volte Face" est en ligne ici !

0 Comments 26 août 2014
Whysy

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