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Le nouveau Gazpacho, le 7ème du groupe norvégien, est la parfaite bande son d'un rêve éthéré, hanté d'amers fantômes rongés par la nostalgie d'une vie meurtrie dont le film repasse indéfiniment au ralenti devant le regard terne de leurs yeux délavés. Dépressifs s'abstenir … Si vous écoutez l'album, le bien nommé March of Ghosts par un jour gris et pluvieux, restez à l'écart des fenêtres, des couteaux de cuisine, des rasoirs de grand-père …
Ces chansons sont mélancoliques, douces, et belles à s'ouvrir les veines.

Le ton est donné dès le premier morceau, Hell Freezes Over I (oui, car il y en a 4 dans la même série, sur cet album !), et ceux qui suivent sont du même acabit, gais comme un dimanche de février sur un promontoire irlandais juste après avoir visionné « The Crying Game ». A tel point qu'une forte impression d'homogénéité se dégage, comme s'il s'agissait d'un long, très long plan séquence, d'une lente chute au travers du vide (Qui a sauté sans parachute du haut de la tour Eiffel ?), d'une interminable et paisible agonie... Bref un de ces effets spéciaux qui sont d'une renversante beauté esthétique, atteignant sans peine leur but de vous faire frissonner. Mais … Va-t-on au cinéma uniquement pour voir des trucs techniques, des images léchées, des plastiques parfaites ? Ça peut certes contribuer au succès d'un long métrage. En complément d'une histoire, d'une intrigue, d'un scénario...

Alors, ici, il n'est pas question de musique aseptisée, non, pas du tout !
Ce qui manque ici, ce n'est pas l'âme ; bien au contraire, peut-être y en a-t-il trop justement. A force de se prendre des mélodies tourmentées dans les oreilles, le cerveau sature. Trop de guimauves soulève le cœur. Et si l'on évite l'écueil de la monotonie, on se surprend à regretter une absence de surprise, de rupture de rythme, de quelque chose qui maintienne l'attention. Car, au bout du compte, comme le disait un grand homme, « L'ennui naquit de l'uniformité ».

Peut-on vraiment parler d'un album de ballades ? D'une longue berceuse romantique noir ? Non, pas exactement. Mais ça manque sacrément de métal !!
La voix de Jan Henrik Ohme est belle, torturée, envoûtante, l'atmosphère déprimante développée par piano et violons aériens, tandis que batterie et guitares discrètes accompagnent ce voyage onirique pour coeurs brisés. Quand on vient de rompre, et que les larmes ne veulent pas sortir, écouter March of Ghosts revient à prendre un laxatif de l'âme ; vous pouvez être certain que toutes vos émotions refoulées vont ressortir et qu'au matin votre chambrette sera jonchée de curieuses fleurs de celluloses.

A noter des passages celtiques à la flûte un peu plus « joyeux » qui donneraient presque envie de danser une gigue  sur « Mary Celeste », morceau sur lequel le violon est également à l'honneur. Rassurez-vous, amis Emo, cela ne dure pas.
Sur « Golem » les orchestrations se font plus innovantes, avec l'introduction et la mise en avant d'instruments percussifs orientalisants et des guitares enfin tranchantes pour un mélange réussi entre l'ambiance générale de l'album, un allant exotique et une certaine vivacité (toute proportion gardée, hein, ce n'est pas du Metallica non plus!) typiquement Hard. Pas de quoi se réveiller, mais au moins se retourner entre les bras de Morphée...

Qu'en conclure ? Que cette galette est parfaite pour calmer le jeu après les éructations et borborygmes de vos groupes de death préférés, ou encore pour faire retomber la pression quand on est bien énervé et qu'il n'y a pas moyen de trouver un exutoire.
Mais surtout, surtout, surtout, ne l'écoutez JAMAIS en voiture, ou quand vous déprimez !!
* Note à moi-même : l'offrir au perdant des élections présidentielles *

0 Comments 29 avril 2012
Whysy

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