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Le mariage entre la pop et le hard rock / metal existe déjà depuis quelques temps, bien qu'il ne suscite pas que des réactions positives, bien au contraire. Les formations qui officient dans ce genre peuvent souvent être qualifiées de superficielles, et ce n'est pas The Murder of My Sweet, Katra et d'autres qui vont contredire les détracteurs. Pourtant, certains s'en sortent mieux que d'autres grâce à leur inventivité et à l'efficacité dont ils savent faire preuve, sans tomber dans le cliché et le gnan-gnan : on peut citer Delain (dont le dernier en date est très efficace), Imperia («Secret Passion» possède l'inspiration qu'on souhaiterait trouver chez plein d'autres formations), Pagan's Mind («Heavenly Ecstasy» mêle adroitement les genres) et … Threshold.

« Threshold en pop-metal, mais elle dit n'importe quoi la pauvre folle ! ». Non, cette théorie est loin d'être infondée, et leur dernier opus en date, nommé «March of Progress», en possède même des attributs flagrants :

Pour commencer, comment ne pas en faire le constat quand on touche aux refrains qui possèdent toutes les caractéristiques du genre pré-cité ? Bien que ne reniant pas son ancrage dans le metal progressif (les structures alambiquées et complexes, les sons du clavier), ce genre difficile d'accès qui ennuie plus d'une personne est, dans le cas présent, édulcoré avec des refrains catchy et entraînants, un point d'honneur pour les anglais. Et ce n'est pas «Ashes», «Staring at the Sun» ou «The Hours» qui feront dire l'inverse. D'une piste globalement structurée sur moult variations et lignes musicales techniques, on passe subitement à une extrême simplicité, des parties mémorisables en un rien de temps, un peu comme … ah ben oui, la pop. C'est fou hein ? C'est le maaal, c'est des vendus ! … Ou pas.

Car voyez-vous, Threshold fait dans l'excellent. Et ce presque tout le temps. Que ce soit dans la ballade / mid-tempo rock teintée de pop «That's Why We Came» où le chant de Damian Wilson est à fleur de peau, l'opener «Ashes» qui pourrait être nommée ''pop-prog metal'' avec un point d'orgue au refrain, ou encore la longue «The Rubicon» qui synthétise le propos de l'opus en général. Donc oui, vous le comprenez bien, nous avons là un disque qui sait mêler non sans succès les tons plus légers et frais des genres «mainstream» avec la puissance et la richesse du metal. Et là où beaucoup sont tombés dans la musique de supermarché, eux font leur boulot avec passion et inspiration, en ne cédant jamais au chant des sirènes. Et vu qu'on parle de voix, le retour de Damian n'y est pas pour rien dans la qualité générale de ce disque : sa prestation est exemplaire, toujours juste et trouvant à chaque fois les bonnes interprétations. Seule petite déception : ses lignes de chant à la Faith No More sur «Coda» qui ne vont pas du tout.

Bref, je vois déjà venir le : « à force d'utiliser la même recette sur tout le long, l'album va se ressembler tout le temps ». Non. Cohérent, oui, «March of Progress» l'est indéniablement. Linéaire, jamais. Le groupe a la très bonne idée de varier son propos à chaque fois et de ne pas réutiliser les mêmes formules d'un titre à l'autre, accumulant ainsi beaucoup d'éléments différents qui s'intègrent très bien au disque en général et ne nuisent pas à l'ensemble. De la mid-tempo au plus haché, de la longue piste à l'atmosphérique, du single type au titre plus que prog, il y en aura pour tous les goûts et toutes les saveurs. Cela dit, on regrette le manque de fulgurance de «Coda», et l'aspect plus passe-partout de «Staring at the Sun». Ces deux légers faux pas mis à part, on appréciera tout le reste de l'opus pour ses mélodiques dynamiques, ses lignes inspirées, son chant excellent ou ses refrains accrocheurs.

«March of Progress» est, ainsi, un excellent album. Pas que de metal progressif, mais aussi de metal teinté pop. Et si ces termes vous rebutent, donnez toujours une chance à ce disque : il est fort à parier qu'il risque de vous hanter encore quelques temps. Un retour en force de ces britanniques.

0 Comments 17 décembre 2012
Whysy

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