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Il est de ces albums que l’on pourrait aisément comparer aux super productions hollywoodiennes. On entre dans le cinéma un petit air supérieur sur les lèvres en se disant que tout a été vu et revu, et que ce ne sont pas un casting exceptionnel et quelques effets spéciaux qui vont parvenir à émerveiller nos yeux blasés par les innombrables redites inhérentes au genre. Et pourtant, il suffit parfois de peu pour que la magie prenne, et, qu’emporté dans un tourbillon d’aventures certes peu original mais très finement ciselé et orchestré, on se laisse aller à s’émerveiller devant le grandiloquent panorama qui s’étend devant nous. Et si les précédents Stormlord ne m’avaient pas fait une aussi forte impression, je suis obligé de déposer les armes devant la majesté de ce dernier opus : Mare Nostrum.


Les italiens nous proposent ici leur quatrième album, et malgré leur frappante ressemblance avec Dimmu Borgir (à considérer comme un compliment : le mélange des rythmiques très soutenues et des parties orchestrales et symphoniques sur le titre éponyme par exemple, est un authentique moment de bonheur ; et peu de groupes peuvent soutenir sans rougir une comparaison avec les maîtres norvégiens), et leurs riffs et breaks qui évoquent souvent Children of BodomNeon Karma » contient pas mal d’éléments bodomiens, depuis l’introduction jusqu’aux voix…), la maîtrise est telle, qu’à chaque instant, malgré l’absence totale de surprise, il est difficile de ne pas se laisser prendre au jeu. Production énormissime, compositions alambiquées, variées et créatives (« And the wind shall scream my name » est magnifique), rien n’est laissé au hasard ; il y a bien longtemps, semble-t-il, que l’amateurisme n’est plus de mise.

Du black, Stormlord a conservé quelques ossatures rythmiques, quelques riffs bien sentis, et un chant assez aiguë et criard, (absolument pas original, malgré une alternance inattendue mais pas déplaisante avec un chant clair grave et gothique « à la Moonspell ») ; du heavy, il a conservé les parties de guitare mélodiques et puissantes, et cette tendance à l’engouement épique. Et ces bases métalliques de se fondre avec des orchestrations tantôt orientalisantes (« Legacy of the snake » avec son petit côté Ancient Rites, et ses rythmiques plutôt jouissives), tantôt épiques en diable (le chant féminin superbement intégré du morceau titre, etc…), toujours pertinentes et agréables.

Après, comme tout bon film hollywoodien, cet album a les défauts de ses qualités. C’est un peu long tout de même, et puis il est difficile de respirer dans un magma sonore aussi épais, qui ne laisse à l’auditeur que peu de moments de répit (à part le mid-tempo « The Castaway », et sa délicate introduction, je n’ai pas beaucoup d’exemples). Les qualités réelles et les passages grandioses peuvent parfois être noyés dans tant de superpositions, et l’album nécessitera de nombreuses écoutes pour parvenir à bien distinguer les chansons et offrir aux auditeurs le voyage promis. Et pourtant, n’est-ce pas exactement ce que nous sommes en droit d’attendre de ce type d’œuvre ?


Si l’on considère que l’originalité n’est pas de mise, mais que l’on recherche des ambiances soignées, des riffs massifs et des rythmiques énormes avec un chant black pour souffle épique, expression de la colère de la mer tumultueuse… Alors cet album est franchement à recommander ! Car il s’agit bien ici de Black Metal symphonique d’excellente facture, réalisé avec une maestria irréprochable, et somme toute pas si commune.


Gounouman

0 Comments 18 novembre 2008
Whysy

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