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Vous trouverez la version originale ici.

Marillion est un de ces groupes de rock prog fondateur de la nouvelle vague Néo prog qui a succédé au prog symphonique des 70’s (Genesis, Yes…). C’est dans une ambiance détendue, confortablement assis dans un canapé des loges, que j’ai rencontré Ian Mosley. Batteur accompli à l’immense expérience, avec lequel j’ai pu m’entretenir de manière assez naturelle effaçant parfois l’impression d’interview. Avant de se lancer dans les questions, nous avons parlé un peu de métal. Le monsieur adore System Of a Down, et me parla aussi de Korn, je fus forcé de lui avouer mon dédain pour ce style excepté peut-être System Of a Down qui possède quand même un grand chanteur.
Mais me voyant prêt à me lancer dans l’interview il décida de s’y atteler lui aussi en posant son café et finissant sa cigarette.



- Peux-tu te présenter, et faire une brève rétrospective et de ta carrière avec Marillion ?

Oui, je m’appelle Ian Mosley, je joue de la batterie avec le groupe Marillion. Je suis rentré dans le groupe fin 1983 sur le second album, qui était Fugazi. J’étais là juste pour cet album en tant que batteur session parce que je travaillais surtout en studio et… ils m’ont demandé de rester. (rires)
- Tu étais trop bon.  (rires)
Non, non, en fait quand je jouais avec les autres il y avait quelque chose de spécial. Cela faisait longtemps que je cherchais un vrai groupe. Et d’habitude j’allais en tournée avec les gens avec qui j’enregistrais en studio. Avant Marillion, c’était avec le guitariste Steve Hackett. Je l’ai accompagné pendant deux ou trois ans. J’ai en fait toujours cherché un vrai groupe.
Mais les seuls groupes que j’avais à disposition, généralement c’était le membre d’un groupe qui partait pour faire un album solo et une tournée et recrutait des musiciens. Ce n’était pas vraiment un vrai groupe.
Donc quand j’ai rejoint Marillion c’était un rêve qui devenait réalité, un vrai groupe, et aussi pas beaucoup d’argent. (rires) Mais cela a changé… (je l’interromps)
- A quel moment ?
A partir de l’année où j’ai rejoint le groupe, le succès est arrivé assez rapidement.
- Avec Misplaced Childhood ?
Avec Fugazi, les shows étaient déjà souvent complets donc tout allait bien. Après nous avons enregistré Misplaced Childhood et c’est devenu vraiment un gros succès.
Donc, oui c’est arrivé assez rapidement à partir du moment où je les ai rejoints, au début de 1984.

- Maintenant j’ai une question pour toi sur le train de vie des Rock Star.
Sur quoi ? (rires)
- Les rock stars, tu n’es pas une rock star ?
Euh, je ne me suis jamais considéré en tant que tel.
- Donc, quels sont les avantages et les désavantages de ta vie de musicien avec les tournées…etc ?

Les avantages… Quelque chose que j’ai toujours voulu c’est jouer de la batterie et donc c’est vraiment un grand privilège de gagner sa vie, de faire de l’argent avec quelque chose que j’ai vraiment toujours voulu faire. J’ai commencé à jouer de la batterie à 10 ans. Donc les avantages… C’est que je n’ai jamais vraiment eu à travailler (rires). C’est l’avantage majeur.
Des désavantages, c’est un peu difficile d’en trouver car si tu fais quelque chose que t’adores, que tu es payé pour ça, que tu voyages à travers le monde. Je suppose que les désavantages, c’est si tu veux une « vie normale », tu sais, mariage, famille… Cela peut être… J’ai rejoint Marillion quand j’avais 29 ans, j’étais marié, on a beaucoup tourné pendant un an, je ne rentrais pas souvent à la maison. Donc… J’ai été marié trois fois.
- Et là tu es marié ?
Oui, pour la troisième fois mais cette fois c’est bien. (rires)
- Tu arrives à avoir cette double vie ? De musicien et cette « vie normale » ?
En fait je pense que c’est difficile. Mais maintenant je suis plus vieux. Peu importe ce que l’on dit, mais plus on est vieux plus on s’adoucit.
Dans le groupe c’est difficile, Mark le claviériste est divorcé, Steve le chanteur est divorcé.
- C’est une vraie tragédie (rires).
Oui, ce qu’on peut dire c’est que ce n’est pas très bon.(rires)

- Cela explique peut-être l’aspect mélancolique de votre musique ?
Oui, les paroles de Steve reflètent généralement les choses qui se passent dans le monde et que tout le monde doit constater ces temps-ci. Egalement sa vie personnelle se retrouve dans les paroles. Peut-être est-ce la clef de la longévité de Marillion ? On essaye d’être honnête, sincère, et le public doit le sentir je pense. Je ne sais pas vraiment ce qu’est l’ingrédient secret de Marillion.

- Oui, il y a une sorte de magie Marillion. Donc peux-tu m’expliquer comment un fan de métal comme moi peut apprécier votre musique ?
Je, je ne sais pas. Cela se passe comme ça. C’est étrange. Nous ne sommes pas un groupe heavy mais je pense que beaucoup de gens le pensent. Et même durant les premières années, avec Misplaced Childhood on a eu un gros succès avec Kayleigh qui est arrivé première dans les heavy metal charts. Comment est-ce possible? (rires)
Mon fils qui a 19 ans joue de la guitare d’une manière très heavy, il écoute des groupes comme Slip Knot. Mais il aime vraiment Marillion, il dit que personne ne sonne comme nous, il apprécie beaucoup le jeu de Steve Rothery.
- Il devrait écouter Pink Floyd parce que vous avez en commun avec eux ces parties atmosphériques avec cet excellent sens de la mélodie.
Oui, je pense que tout le groupe aime cette mélodie.
- Je pense, personnellement, que si j’aime Marillion, c’est aussi parce que je suis guitariste et que la mélodie et le sens de la mélodie est un des aspects les plus importants de la musique. Cela ne sert à rien d’être le plus rapide du monde.
-Non en effet. Cela s’applique aussi à la batterie. Généralement quand tu es jeune tu essayes de jouer aussi vite que tu peux.
- Avec la double pédale. (rires)
Oui, aussi vite que tu peux. Quand j’étais jeune les gens disaient, « le batteur est bon ». Maintenant je vais vers des choses plus simples mais qui sont aussi difficiles à jouer.

- Les paroles de Marillion ont une portée sociale. Et de nos jours il y a beaucoup de problèmes dans le monde.  A ton avis qu’est-ce qui serait la meilleure chose à faire ?

Je ne sais pas vraiment quoi faire. Les politiciens durant toute l’histoire, tout ce qu’ils ont fait tournait autour de l’argent. Et comme par coïncidence tous les troubles dans le monde, semblent impliquer (il insiste sur la nuance) l’argent. Il y a des gens dans le monde, en Afrique, qui meurent de faim et personne ne semble vraiment les aider. Les gens devraient montrer aux politiciens ce qu’ils ressentent. Mais je n’aime pas prêcher de la politique avec le groupe.
- Mais toi personnellement tu penses quoi de tout ça ?
Les gens parlent généralement des dernières années, mais ça fait bien depuis les dix ou vingt dernières années que les gens meurent dans le monde. C’est vraiment criminel. Nous, on peut juste dire aux gens ce qui se passe, c’est tout ce qu’on peut faire.

- Y a-t-il un message spécifique à délivrer dans votre nouvel album Somewhere Else ?

Les paroles renvoient beaucoup à Steve Hogarth. L’album n’est pas très optimiste du point de vue des paroles. Le title track est une référence au divorce de Steve. Il s’est assis tout seul quelque part et s’est dit, hmmm… je suis vraiment…Somewhere Else maintenant, c’est une autre route.
Tout le monde a aimé Somewhere Else et on a pas mal réfléchi. The Last Century For Man est assez triste. Cette chanson traite des problèmes du monde. Steve pense que si on continue sur cette voie ce sera le dernier siècle que vivra l’homme.
- C’est vrai je pense.
Oui c’est vraiment dérangeant.
Voice From The Past parle des gens qui meurent de faim et qui cherchent un peu de rêve. La dernière chanson est une sorte d’antidote à ces chansons, elle donne un espoir.

- Le titre et la pochette semblent avoir deux facettes. D’une part, c’est une sorte de fuite du monde, une évasion mais cela peut être compris d’une autre manière, soit pénétrer complètement le monde et devenir conscient de ses problèmes. Que penses-tu de ça ?

Euh… En fait t’as répondu à la question. (rires) Tu as raison. En écoutant des musiques tu es transporté dans différents endroits, dans le temps et l’espace. Je pense que les gens qui écouteront notre album pourront l’interpréter différemment, certains le percevront comme joyeux alors qu’il n’est pas du tout joyeux.
- Ce que tu veux dire c’est que l’on interprète en fonction de notre état d’esprit au moment où l’on écoute.
Oui.
- C’est la magie de la musique.
Oui, c’est ça.
J’ai réécouté Somewhere Else 6 mois après pour prendre de la distance parce que j’ai longtemps travaillé dessus. Généralement c’est ce que je fais, je laisse s’écouler 6 mois ou un an, je mets l’album à la maison, très fort (rires), et je l’écoute en entier, comme une pièce entière et j’écoute les arrangements…C’est le test que je fais quand je pars de temps en temps. Et là je me suis dit, hmm, yes, well. ( avec les mimiques « oh c’est bon, c’est classe » rires).
En ce moment ma chanson préférée est Voice From The Past. C’est un bon morceau, avec de bons arrangements. Les paroles et la musique se marient super bien.
Je pense que le title-track est aussi une bonne chanson.
- J’aime bien les paroles de Voice From The Past, le fait que ça parle de notre monde je pense que ça la rend plus percutante par exemple que Rhapsody qui nous offre un peu de rêve à la Tolkien. Mais c’est différent.
Je ne sais pas quoi dire à propos de Tolkien. Le nom de Marillion vient d’un livre de Tolkien.
- The Silmarillion
Oui, mais c’est terrible, ce n’est pas un bon livre.

- Dans cet album il n’y a pas de longs morceaux comme dans Marbles. Est-ce un choix naturel ou délibéré ?
Je pense que tout ce que Marillion fait procède d’un choix naturel. C’est le naturel de notre manière d’écrire, de composer un album. On jam ensemble et on enregistre ces jams. On ne va pas dans une salle et on  ne se dit pas « Quelle sorte d’album doit-on enregistrer ? ». On écrit, on joue pendant des mois. On regarde juste ce qui se passe. C’est un procédé organique. C’est pour ça que c’est aussi long pour écrire. Personne n’arrive, « hey les gars j’ai un morceau complet ». C’est plutôt « Hey écoutez, j’ai ce petit beat de 10 secondes, qu’en pensez-vous » ? (Rires)
Cela peut être un peu frustrant. Quelques années auparavant la maison de disques nous mettait la pression pour produire un album commercial. C’était à l’époque de Holidays in Heaven. On a essayé d’écrire un morceau commercial mais ça ne marchait pas. Pour l’album Brave la maison de disque nous a dit on veut « a raff and ready album, cheap and captures Marillion ». On a dit ok, mais au final ça a été un des albums les plus chers et le moins accessible que l’on ait fait. On a toujours un peu fait ce qu’on voulait et ça c’est un luxe pour n’importe quel groupe et maintenant on a plus de maison de disque pour nous dire quoi faire.
S’il n’y a pas de morceaux longs sur Somewhere Else c’est qu’il n’y en a pas (rires). Je m’en fous de la longueur, ils peuvent être bons ou mauvais quelque soit la longueur.
- C’est le temps que t’as besoin pour t’exprimer sur un thème ?
Oui, on utilise le temps que l’on a besoin.
J’aime, d’un point de vue de batteur, l’idée de mouvement comme dans le classique. C’est assez dramatique. Mais j’aime aussi les chansons de trois minutes comme avec Kin. Ils ont fait de bonnes chansons.
- J’ai vu que tu aimais aussi Coldplay et Radiohead.
Oui, Coldplay aussi. Et comme tu l’as dit ils font de bonnes mélodies. On est un groupe assez divers, on aime divers types de musique et on expérimente. Il n’y a pas de barrières.

- Que peux-tu me dire des 5 autres chansons déjà enregistrées pour le nouvel album ? Est-ce qu’elles sont dans la même veine que Somewhere Else ?

Les chansons que nous avons déjà ?
- Oui[/B]
Je crois qu’elles durent entre 5 et 8 minutes et elles sont très bonnes.
- Pourquoi avoir choisi de mettre celles-là sur le prochain et non sur Somewhere Else ?
Parce qu’on avait 18 chansons. On a pensé faire un double album mais c’est un problème après pour la vente, on n’aime pas bien les double-albums. C’était donc assez dur de choisir les chansons, certains disaient « hey c’est ma chanson préférée on la met sur le cd »(rires), mais au final je pense qu’on a fait le bon choix. Ces chansons sont puissantes donc après la tournée je pense qu’on retournera en studio et on réécoutera tout ça et voir ce qu’il y a à faire. Sur les 18 ou 19 morceaux composés on n’a pas dit « non non ceux-là c’est des déchets ».
- Mais quand vous allez retourner en studio vous serez dans un esprit différent pour composer ?
En fait, on n’arrête pas vraiment de composer.
(Roadie : Soundchecks dans 5 minutes)

- Quelle est la différence entre la période avec Fish et aujourd’hui ?

On écrivait tous les quatre la musique donc rien n’a changé.
- Est-ce que certains membres du groupe commencent à avoir envie de faire autre chose de leur vie que Marillion ?
Quand on enregistre on sent que l’on crée quelque chose de différent et on sent qu’on avance. Donc on a envie de continuer.
Pour moi Steve a réellement rejoint le groupe avec Brave pour que ce soit de nouveau un « vrai groupe » car pour Season’s End on avait composé la plupart des morceaux avant qu’il nous rejoigne et Holidays In Heaven fut difficile à écrire car on avait rien et on  essayait de se trouver. Si on sentait que l’on se répétait je pense qu’on ferait quelque chose d'autre.

0 Comments 27 avril 2007
Whysy

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