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En l'espace d'un an Requiem est passé du statut de «groupe de seconde zone» à celui beaucoup plus enviable d'espoir en attente de confirmation. La sortie en 2002 de son premier album The Arrival fut à la fois un succès artistique et commercial. Encensé par la presse spécialisée le disque avait séduit par son originalité et ses influences néo-classiques, bref par sa fraîcheur dans un environnement outrageusement aseptisé. Devenu l'un des groupes phares de Sound Riot Records, Requiem se devait de transformer l'essai...

Il est dit que le travail est plus facile quand la motivation est de mise, vrai ou pas il faut moins d'un an pour nos Finlandais pour enregistrer leur deuxième album Mask Of Damnation. Les moyens sont au rendez-vous et la production est excellente : limpide et cristalline, très finlandaise en somme, elle souligne à merveille les mélodies de claviers et les poussées aiguës du chanteur. Cependant on pourrait regretter la mise au placard de la basse pourtant magistrale sur le premier album et qui se retrouve cantonnée à un vulgaire rôle d'accompagnement de la rythmique. Bref Requiem se professionnalise et ça se sent !

Cependant méfiance, car motivation peut parfois rimer avec précipitation. Or par bien des aspects Mask Of Damnation apparaît comme moins ambitieux que son prédécesseur, limité à huit titres pour quarante minutes (soit dix de moins que The Arrival), l'album présente un visage plus classique et moins novateur : pas de longues compositions, les standards du Speed sont respectés et aucun morceau ne traîne en longueur. De fait l'ensemble manque de surprise et se révèle facile à appréhender, les écoutes s'enchaînent sans qu'un titre ne viennent crever l'écran. Une déception quand on connaît le potentiel de Requiem à nous surprendre, bref on sent qu'il manque quelque chose...

Dans son soucis de pousser son succès encore plus loin, Requiem s'est fait surprendre à trop répéter ses gammes. Sans doute la peur de bien faire, la volonté de pérenniser son succès en misant sur une musique moins complexe et plus accessible, plus dans la veine du Speed classique beaucoup pratiqué dans le pays des milles lacs. Seule «Shrine Of The Ocean» cherche à pousser plus avant ce côté néo-classique qui avait si bien fonctionné sur The Arrival, ce qui en fait de loin le titre le plus intéressant de l'album.

Pour le reste Requiem s'appuie sur ses qualités originelles sans forcer son talent, d'abord et surtout par son chanteur Jouni Nikula plus en forme que jamais. Il confirme tout le bien qu'on pensait de lui pour offrir une prestation de toute beauté, capable d'alterner la rage et la douceur comme sur l'ouverture dantesque «Blinded» ou «The Dying Ember» (où l'esprit Death Mélodique des débuts refait surface par moment), et sur les titres plus aériens que sont «Dagger», «The Rival's Spell» ou encore «The Ethereal Journey». L'autre personnage qui prend de l'ascendant est Henrik Klingenberg futur claviériste de Sonata Arctica qui montre une partie de son talent, ses mélodies prenant sans conteste le meilleur sur les guitares : notamment sur l'excellente «Shrine Of The Ocean», complexe et progressive dans l'âme qui nous rappelle à quel point Requiem peut exceller quand il se complique un peu la vie.

Juger Mask Of Damnation à l'aune de son excellent prédécesseur n'est pas facile. Tant ce disque souffre de la comparaison, homogène dans son ensemble, les titres sont pour la plupart puissants et efficaces, le tout s'écoute d'une traite avec un plaisir certain. Cependant quand on connaît tout le potentiel déployé par Requiem dans The Arrival on ne peut qu'être déçu par le manque d'ambition de Mask Of Damnation ! Plaisant certes, surtout au niveau du chant, mais beaucoup trop convenu, comme si le groupe n'avait pas osé produire le chef-d'oeuvre dont il à le talent... malheureusement les finlandais n'auront plus l'occasion de taquiner les sommets à l'avenir.

SMAUG...

0 Comments 14 octobre 2007
Whysy

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