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C’est presque un lieu commun dans les bouches métalleuses de l’hexagone : La France n’est pas une terre de Heavy Metal ! Difficile de contredire ce constat d’échec tant la différence avec nos voisins européens est criante. Ici bas pas de Edguy, Running Wild et autres Gamma Ray, mais juste une petite scène soutenue à bout de bras par Manigance, alors que des groupes comme Heavenly, Revenge et Fairyland préfèrent s'essayer au plagiat plutôt que de chercher une vraie personnalité. Malgré cela faut-il pour autant considérer ce pays comme définitivement hostile au Heavy (et de fait propice au Metal extrême) ? Peut-être pas, car voici poindre en cette année 2003 un groupe atypique du nom d’Alkemyst!

Pourquoi atypique? Tout simplement car ce groupe français qui n’en est pas à son galop d’essai prend un malin plaisir depuis ses débuts à s’émanciper de toutes les classifications. Au point de proposer un style à la fois varié et inventif, totalement inédit dans le paysage actuel (beaucoup trop cadenassé et réglementé à mon goût). Et pourtant tout n’a pas été rose pour Alkemyst tant la poisse a semblé s’accumuler sur eux depuis le début. Après pas mal de démos dans l’anonymat le plus complet, le groupe décide en 2002 de s’atteler à la composition de son premier album studio. Mais les dieux du Speed ne semblent pas de cet avis et le groupe doit composer avec un double crash informatique, l'obligeant à ré-enregistrer l'album par trois fois. C’est finalement début 2003 que la série noire prend fin, la maquette de l’album séduit les rabatteurs de Nuclear Blast (et oui rien que ça!) et propulse nos vaillants français au sommet de la chaîne alimentaire, on peut dire que leur carrière est lancée!

Empruntant au Speed et au Heavy de tous les horizons, en passant par le progressif, les Ardéchois vont élever leur art à un niveau insoupçonné. Sachant proposer à chaque tournure une performance musicale de choix, le travail du groupe est tout bonnement impressionnant. Les guitaristes Arnaud Ménard et Séverin Bonneville innovent constamment avec des riffs frétillants, des soli toujours cohérents et mélodiques sans jamais alourdir l’ensemble, et surtout des arpèges sur les parties atmosphériques comme on en fait plus de nos jours (en particulier sur «A Meeting In The Mist» et «Nameless Son»). La basse de Denis Mellion se dévoile au fil des écoutes pour prendre une place prépondérante dans les compos, avec en point d’orgue un superbe solo à la fin de «Up To Heaven’s Gate» tout en groove et en feeling. Mais c’est toutefois Arnaud Gorbaty le batteur qui nous réserve la plus belle surprise, tordant le coup aux clichés qui veulent associer au Speed Metal des cogneurs sans âme, Arnaud en vrai musicien s’évertue a proposer un jeu tout en variations et en changements de rythmes, et ce malgré un son plus que moyen.

Alkemyst est donc avant tout un groupe de musicien, dans lequel chaque membre propose une démarche qui permet d’évoluer toujours plus vers la perfection, et comme on pouvait s’y attendre ce Meeting In The Mist est difficile à apprivoiser. C’est au fur et à mesure des écoutes que se découvre l’étendue des facettes de l’album, qui grâce à un chanteur de grande expérience (Ramon Messina de Secret Sphere excusez du peu) se révèle incroyablement prenant et accrocheur. Chaque titre s’installe sur la longueur et dévoile ses qualités au fur et a mesure, avec des enchaînements couplets/bridges préparant minutieusement les refrains qui font mouche a chaque fois malgré une certaine complexité.

Difficile en décortiquant les compos de trouver un titre en dessous du lot, car tous apportent leur pierre a l’édifice, après une subtile introduction «Still Alive» déboule et annonce la couleur, un chant plutôt aigu mais qui n'abuse pas du vibrato, des riffs précis et incisifs, un rythme basse/batterie soigné et varié, bref rien ne manque au panel : «It’s Time», «Passage» et «Empty Skies» sont du même acabit. «Up To Heaven’s Gate» et «Hold On To Your Dreams» se démarquent avec des intros plus travaillés et des structures plus originales. «A Meeting In The Mist» est une ballade sensationnelle, pleine d’émotions puissantes. Et enfin «Nameless Son» le titre de bravoure de l'abum, une ode merveilleuse à la musique d’Alkemyst, parfaitement orchestrée, elle synthétise tout ce que le groupe a composé de meilleur sur ce disque et autant vous dire que ça vaut le détour !!!

Essai transformé pour les natifs de l’Ardèche qui réalisent un album touchant, pointu, efficace et profondément original! Ce Meeting In The Mist n’a malheureusement pas toujours reçu la critique qu’il méritait dans la presse spécialisée, espérons que cette modeste chronique contribuera à redonner à ce grand en devenir toute la reconnaissance qu’il mérite!

SMAUG...

0 Comments 26 mars 2006
Whysy

Whysy

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