Vous recherchez quelque chose ?

Adrenaline Mob, c’est des mecs avec du poil au menton qui chevauchent des motos dans le désert aride des U.S.A avec du gros son dans les oreilles et dans les pattes (avec option Strip Teaseuse en prime, sans aucun doute). Mais, derrière cette apparence de bad boys ultra bad ass, c’est aussi des mecs qui assurent grave sur leurs instruments et pour qui la technicité et la production super léchée n’ont pas de secrets (c’est un peu paradoxal hein ?). Ce n’est pas pour qu’on rien qu’on trouvait Mike Portnoy dans le casting de « Omerta », leur premier effort. C’est Aj Pero qui le remplace sur « Men Of Honor » et, autant le dire tout de suite, il n’est pas là pour beurrer des tartines (tout comme le reste de la bande d’ailleurs). Mais c’est dans le paradoxe de ce groupe que résidait un peu le problème de l’album précédent. C’était un disque très violent techniquement parlant, mais le côté roots et sauvage se heurtait à la facette un peu trop contrôlé de ses protagonistes. Alors ? Le tir (de gros fusil à pompe) a-t-il été corrigé sur ce nouvel opus ? Empressons nous de le découvrir !

La galette s’ouvre sur « Mob Is Back », titre évocateur pour un morceau qui l’est tout autant ! On attaque sur un bon vieux début « bordélique » méchamment rock’n’roll avant de rentrer sur un groove ternaire très rentre dedans. La voix de Russell Allen, synonyme de puissance tellurique violente et contrôlée, est toujours au rendez-vous malgré cette saturation incroyable et quasiment systématique dont il a le secret (en d’autres termes, si vous essayez de faire pareil, vous ne pourrez plus parler pendant une semaine). Tout le groupe est en grande forme technique et la production est extrêmement similaire à l’album précédent.

En effet, c’est très propre, très lisse, très léché. On comprend tout sans aucun problème (même si la basse a parfois du mal à se faire entendre). Cette production a malheureusement un effet à double tranchant. D’un côté, c’est très agréable d’avoir une écoute si claire et précise, mais, le souci étant que ce genre de musique demanderait plus de sauvagerie dans l’approche sonore. Ça me fait mal de le dire mais c’est TROP propre, pas assez baveux, ça manque de sincérité acoustique et c’est réellement dommage. Si le groupe avait corrigé ce seul point, leur musique aurait déjà considérablement gagné en impact, et, des titres comme « Feel The Adrenaline » ou « Come On Get Up » auraient pu être de vraies bombes nucléaires au lieu de se contenter d’être de simples coups de poing (américain) dans la tronche (ce qui est déjà pas mal au final). Il  ne fait aucun doute que les musiciens ont pu avoir le son qu’il voulait sur le disque et on reprochera donc ce désir de perfection individuelle trop poussée au détriment d’un son de groupe qui aurait pu être plus abouti. Et, c’est bête à dire, mais les compositions qui sont pour la plupart assez bonnes en pâtissent parfois. D’ailleurs, puisqu’après tout on est là pour ça, parlons-en des compositions !

Les ingrédients qui ont fait l’identité du groupe sont tous là. On retrouve du gros riff de motard très bien foutu, des structures qui oscillent entre la simplicité et la complexité mesurée, une voix ultra puissante, une batterie technique et rentre dedans ainsi qu’une bonne ballade histoire de dire qu’au fond, on a un cœur (c’est très important dans ce folklore). On reconnaît le groupe à tel que point que tous les morceaux de cette livraison auraient pu se trouver sur « Omerta ». Ça n’aurait pas choqué. C’est d’ailleurs un autre petit souci de ce disque, on détecte un manque d’identité intrinsèque et très peu de prise de risque. Alors, si vous êtes là pour découvrir une autre facette du groupe, passez votre chemin. En revanche, si vous êtes là simplement pour écouter ces messieurs poser les boules de billards sur la table (si vous voyez ce que je veux dire), vous allez vous régaler !



En effet, les compositions sont toutes d’une redoutable efficacité bien que dénuée d’une très grande originalité. Les constructions sont toujours très intelligentes et fluides, les mélodies sont à la fois puissantes et facilement mémorisables, et l’équilibre entre gros rock burné et ambiances plus « mainstream » est bien géré. On en prend donc plein la gueule à tous les étages tout au long de la galette sans réel temps mort si ce n’est les deux ballades : « Behind These Eyes » et « Crystal Clear » qui n’ont rien de la superbe « All On The Line » (sur « Omerta »). Elles sont tout de même agréables à l’écoute, mais on aurait aimé des morceaux calmes plus aboutis afin de mieux contrebalancer avec le bulldozer qui nous roule allègrement dessus pendant tout le reste de l’album.

Harmoniquement, c’est simple, c’est rock’n’roll. On trouve beaucoup de pentatoniques et de blue note ainsi que des grilles harmoniques éprouvées et toujours bien stables. De toute façon, on ne demande pas à ce genre de groupe de nous pondre une perle de jazz fusion donc ce n’est pas vraiment un défaut. Pour ce qui est des solos (qui occupent tout de même une place importante dans l’album), Mike Orlando donnerait à n’importe quel guitariste l’envie de se pendre avec une corde de mi aigu tellement sa propreté, sa technique et son touché sont impressionnants ! En tout cas c’est la première idée qui m’est venu à l’esprit sur « Omerta ». Seulement, sur « Men Of Honor », bien que cela soit toujours aussi incroyable, on voit bien que notre compère réutilise exactement les mêmes recettes et on est donc moins surpris par ses envolées virtuoses en fast et en chicken picking. On reconnait trop le même genre de plans et on aurait espéré un peu plus de nouveauté, ou, du moins, plus de variété dans le disque lui-même. Il faut le dire, les soli se ressemblent un peu tous en général. Et on peut faire le même reproche pour les morceaux. Ils manquent parfois d’identité et c’est dommage.

« Men Of Honor » nous convainc donc à la fois grâce à son potentiel de rouleau compresseur et son côté motard américain contemplatif (avec, par exemple, « Fallin’ To Pieces ») qui sont tous deux réussis, c’est incontestable. C’est un bon album mais il n’apporte rien de plus en rapport à son prédécesseur, « Omerta ». Cela peut-être un parti pris, mais j’ai l’intime conviction que, pour qu’un groupe dure, il doive s’atteler à la dure besogne de créer des chansons marquantes, et c’est, certainement, ce qui manque à ce disque. C’est un concentré de morceaux efficaces, mais il manque une étincelle. De plus, il est certain qu’une production plus personnelle et mieux ciblée aurait largement contribué à redorer une identité qui peine un peu à se renouveler. C’est donc réellement dommage quand on sait qu’une partie du problème du disque aurait pu être réglé simplement par la production. Malgré tout, « Men Of Honor » est une bonne galette que l’on prend plaisir à écouter et elle mérite donc sa note de 7/10. Malheureusement, elle ne restera certainement pas dans les mémoires, ou du moins, pas comme une œuvre d'hommes d'honneurs se devrait de pouvoir le faire.

0 Comments 19 février 2014
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus