Vous recherchez quelque chose ?

Une nouvelle sortie d’André Matos n’est jamais une publication anodine. Chanteur et compositeur génial qui a grandement participé à la première vague de heavy mélodique du début des années 1990, il incarne pour beaucoup une figure, un artiste, une personnalité du métal. Chaque sortie à laquelle il  contribue est ainsi  un événement en soit tant ses réalisations ont été brillantes avec Angra, Shaman et plus récemment sous son propre nom avec un excellent (et acclamé) Time to be free.

Mentalize est le deuxième album de son projet personnel, la suite tant attendue de son glorieux prédecesseur. Cet album parvient enfin en nos sombres contrées après leurs publications au Japon, en Asie et en Amérique du Sud. Les sorties différées en plusieurs espaces sont au mieux une faute professionnelle dans ces temps de téléchargements débridés ou au pire le reflet que le déclin du métal est enclenché car si un artiste de l’acabit d’André Matos n’arrive pas à décrocher un accord international, c’est vraiment que le marché (ou l’audience du brésilien) s’effondre. Quoiqu’il en soit, la pochette et le titre ne laissent guère de doute, c’est à travers le cheminement tortueux d’un labyrinthe de l’esprit que le lutin malicieux nous emmène aujourd’hui. Cette pochette reprend d’ailleurs, comme celle du dernier Saxon, la dalle labyrinthique de la cathédrale de Chartres (celle au deux flèches différentes), métaphore des aléas du croyant pour atteindre la vie éternelle.

Bon, rassurez vous amis lecteurs, nul besoin de se triturer les neurones pour pénétrer dans l’univers de l’artiste : ce disque s’écoute tout seul car sa facture est très classique même si le ton général est loin des sambas débridées ou tout simplement d’une atmosphère bonhomme.
En effet, sans être tristoune, Mentalize perd un peu du dynamisme positif qui chevillait au corps de son prédécesseur resté dans bien des mémoires de métalleux. Cependant le
professionnalisme et le savoir faire du brésilien ne sont aucunement à remettre en question : les soli, la touche tribale aux percussions (Leading on) ou folkorique (ah ce gospel à la Oncle Bens sur I will Return!!!)et LA voix (mieux que la chanson éponyme de la Suède au dernier eurovision repris avec bonheur par ReinXeed) si  caractéristique du chanteur sont toujours les ingrédients principaux d’une musique riche et épanouissante. Les mélodies d'André Matos sont toujours aussi bien maîtrisées et enivrantes(Don’t Despair). Les qualités symphoniques de l’auteur sont mis en avant sur des titres comme When the sun cried out qui développe une introduction orchestrale poursuivie par un piano-voix de toute beauté qui consumerait le plus tatoué des  marins biélorusses  et heureusement qu’il reste CETTE voix qui domine des mélodies travaillées et entraînantes sur Power Stream et Don’t Despair, meilleurs titres de l’album mais qui arrivent bien tardivement. Bien tardivement en effet, car ce sursaut ultime, ce retour d’orgueil est précédé d’une sensation étrange…

Mais...   Mais… Quelle est cette étrange sensation qui s’empare de moi à l’écoute de ce Mentalize ?? Quel est ce léger picotement des yeux, ces épaules qui se voûtent, ces sourcils qui tombent paresseusement ???? Mais c’est de l’ennui nom d’un Chico qui va chercher le bonheur aux permanences de Medef des départements impairs et qui en revient bredouille !!
Mais c’est l’autoroute du conformisme  alors que ce magnifique artiste nous avait habitué à plus de surprises, et surtout plus d’inspiration. Back to You ou la ballade qui ne mène nul part, Mentalize et Someone Else où les duettistes se font plaisir mais pensent ils à nous, modestes auditeurs ?? Et je passerai au nom de mon admiration sans borne pour le bonhomme le désespérant The Myriad dans lequel comme dans cette pochette peu inspirée, on se perd, on se morfond, et on ne retrouve pas l’audace imaginative qu’on trouvait sur un Time to Be free, un vieil Angra ou un Shaman.

Mentalize est pour moi le moins réussi des albums de Matos qui s’amuse à brouiller une nouvelle fois son image. Loin, très loin d’être une catastrophe, cet album est vraiment bien fait mais pêche là où le Brésilien n’avait jamais fauté :  il a perdu de son charme, de son attrait, de son audace.

0 Comments 05 mars 2010
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus