Vous recherchez quelque chose ?

Après un Architect Of Lies plus ou moins boudé, une surenchère d’annonce de départ : des frères Sandager dans un premier temps et ensuite celui de Mike Park Nielsen, on aurait pu s’attendre à une tragique issue concernant l’épopée Mercenary. L’effectif s’est gravement réduit suite à ce turn-over dommageable. Tout semble perdu sauf que le noyau dur persévère même privé de ses cordes vocales, de son claviériste et de son batteur pour aboutir à la sortie d’un nouvel album. Appelé Metamorphosis il s’agit d’un exploit sûrement, nous comprendrons ainsi aisément pourquoi ce titre. Le combo danois s’entoure d’un nouveau batteur en la personne de Morten Løwe Sørensen et mise avant tout sur l’homme qui a pris le taureau par les cornes : René Pedersen. Pour ceux, qui ont eu la chance de voir la formation se produire sur scène s’accorderont à dire que les musiciens faisaient unité et le “petit” René s’était intégré à merveille dans le registre et l’environnement originel du groupe. Notre musicien projeté sur le premier rang devient ainsi la clé de voûte musicale comme un peu le sauveur sur qui l’avenir dépendra...

Metamorphosis prend naissance grâce au coeur qui s’est désagrégé au fur et à mesure du temps, (ne restant plus que Jakob Mølbjerg du line-up initial), pourtant la musicalité du groupe ne perd rien dans sa marque de fabrique. A l’écoute de cet opus, on retrouve donc la griffe de Mercenary avec quelques changements évidemment. Tout d’abord, l’entrain et la puissance caractéristique foudroient la structure musicale apparemment épargnée par les vagues de départ inopportuns. On sera servi en guitares volontaires, cris, orchestration penchée sur le dynamisme et des soli fuyants. La tracklist reste percutante à l’instar d’un 11 Dreams, toutefois la musique respire moins la recherche mélodique et progressive introduite par The Hours That Remain. Nombreuses sont les chansons qui démontrent une grande envergure agressive et une combativité sans faille, on citera par exemple “The Black Brigade” ou “In Bloodred Shades”. Mais ce qui marquait Mercenary ce n’était pas seulement cette dimension exaltée, et même si il semblerait que l’apport de René sur les lignes vocales conduisent l’album sur un rythme endiablé, on notera que les variations se font plus rares. Par ailleurs, on regrettera que Metamorphosis n’aille pas plus loin dans le développement.

Pour contrebalancer les points noirs, l’opus délivre une frénésie sans pareille et transpire le défoulement; ce qui fait mouche. Le jeu des guitares est amené sur le devant de la scène et la célérité à la batterie confirme les Danois en tant que leader incontestés du power/death métal effréné. D’ailleurs, on sent que les chansons possèdent une deuxième dimension qui ne demande qu’à faire ses preuves. “Through The Eye Of The Devil” oriente cette dynamique grâce à tout un arsenal musical de taille : double caisse, riffs martelants, break de folie... Je parle bien évidemment de la dimension scénique. La véritable ampleur des chansons devrait pouvoir être révélée et atteindre un potentiel approbateur en live.

Au niveau de la conception, on remarque avec desespoir que les mélodies restent très basiques. Une forme de facilité s’incruste tout au long des titres, ce qui vient un peu entacher la carrière des musiciens aux vues du potentiel déployé dans les opus précédents. On sent que certains éléments constitutifs ou des idées manquent à l’appel. Seul le premier titre enrichi aux samples sur son intro dénote du lot expédié par la suite et c’est bien trop peu. Du coup, le combo tourne en rond autour d’on ne sait quoi mais ce qui est sûr c’est que les morceaux se ressemblent terriblement. Que cela soit au niveau musical ou de l’interprétation, un cycle se répète et l’effet de surprise disparaît dans les tréfonds de la parodie. Car oui, Mercenary régresse et réajuste ses ambitions. Le groupe ne se réinvente pas malgré un titre autant prometteur. Le groupe ne fait qu’appliquer ce qui a fonctionné jusqu’à présent; à savoir un sens musical volontaire et libérateur qui va jusqu’aux entrailles de la violence (“On the Edge of Sanity”).

“In A River Of Madness” illustre ce côté téléphoné mais aussi efficace que l’on peut susciter sur une chanson. Rapides incursions de death métal blast-beaté sur une trame chantée/growlée et ornements symphoniques comportant des choeurs désespérés avant de repartir sur des leads en tout genre; c’est sacrément efficace et malheureusement ce n’est pas assez pour remonter le niveau général en terme d'innovation.

René tente de sauver les meubles en essayant de faire osciller son chant... Et obtient l’effet escompté car le bassiste se montre convainquant. A sa décharge, l’exercice n’est pas facile surtout lorsqu’on doit succéder à Mikkel Sandager. Il ne monte certes pas aussi haut que son prédécesseur mais la vraisemblance frappe immédiatement, c’est-à-dire qu’on a affaire à un chanteur qui y croit et persuade son auditeur. A partir de là, je pense qu’on peut dire que le tour est joué.

Même si Metamorphosis ressemble à une pâle copie d’un opus précédent en moins abouti, l’intervention des musiciens et l’adaptation des mélodies sur un registre moins recherché mettent l’album sur un canal groovy, catchy et quelques fois dansant (“Shades Of Grey”, “Velvet Lies”). Alors difficile réellement de dire si cette sortie convaincra les fans de la première heure, mais ce qu’on peut lui reconnaître c’est un effort ostensible pour essayer de proposer des chansons plaisantes, ajustées au niveau des possibilités des instrumentistes qui péteront pas plus haut que leur cul... Une prise de conscience et une réactualisation en quelque sorte. Et puis en fin de compte, Metamorphosis fait ressortir un peu l’espoir. Une petite lueur illumine et laisse entrevoir un futur car avec la perte du compositeur, une empreinte vocale en moins, on pouvait se demander ce qu’il resterait. De plus, ces causes étaient symptomatiques de l’opus précédent qui montrait des signes de fatigue car il battait de l’aile sérieusement. Or ici les ingrédients de base se retrouvent, un recentrage est opéré et l’identité de Mercenary est conservée.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 01 février 2011
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus