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Vous savez, moi, ça m’embête de dire du mal des gens, ou de leur travail dans l’industrie du disque, dans la mesure où ma maîtrise d’un instrument de musique se limite au Si, La, Sol sur une flûte à bec. Ceci dit je peux aussi vous sortir un Do sur une guitare. Eh, oui. Ça doit faire de moi un semi-professionnel, au moins. Bon, on ne va pas se mentir, je pense que vous avez compris pourquoi la chronique commence ainsi. Je prends des pincettes, je n’ai pas envie de choquer, mais tout de même, quand c’est sacrément médiocre, voire mauvais, il faut le dire, et cet album de Holy Shire ne brille ni par son originalité, ni par ses compositions. C’est dommage, il y a de la substance, pourtant. Avec un nom de groupe pareil, et un titre d’album qui fleure autant l’heroic-fantasy, on était en droit d’attendre au minimum un énième clone de la bande à Turilli, mais non.

Que je m’explique. Je vous parle d’un groupe de power symphonique italien qui a déjà sorti quelques démos et un EP, et qui tente de se faire connaître du monde grâce à ce premier album, intitulé Midgard. Loin de moi l’idée de saper leur notoriété en devenir dans l’œuf mais je pense pouvoir vous assurer sans réel doute que nous ne sommes pas en présence d’un nouveau Rhapsody. Pour commencer, ils ne sont pas moins de sept à avoir travaillé sur cet opus, et si la quantité de musiciens au mètre carré faisait la qualité de la musique qu’ils jouent, ça se saurait. Ils sont bien huit dans Slipknot, neuf chez Mägo De Oz, et les Pogues j’ai carrément arrêté de compter. C’est là que commence le problème. Ils s’éparpillent. Quand on fait appel à autant de musiciens, il faut que chacun soit à sa place, et que les compositions aient besoin d’autant de main-d’œuvre. Là, c’est tout l’inverse, les morceaux sont très basiques, et on ne saisit pas trop la nécessité d’un guitariste lead, d’un rythmique, et d’une basse par-dessus le marché, en regard de la pauvreté des riffs. De la même façon, le flûtiste est en roue libre et on ne comprend pas bien s’il cherche à s’harmoniser avec les claviers ou à créer une dissonance.

Mais bon, soyons honnêtes, le power metal, c’est rarement recherché question rythmique, et les mélodies ne sont pas toutes aussi variées et efficaces que chez Blind Guardian. Alors laissons de côté l’aspect musical pour nous concentrer sur la voix. Ne tournons pas autour du pot, dès le premier refrain de Bewitched (My Words Are Power) tout espoir semble perdu. C’est nasillard, agaçant, pas nécessairement mal chanté mais avant tout, et c’est un comble pour ce genre de musique, c’est mou. Aucune ligne de chant n’est entraînante. On passe à côté d’un tas de possibilités, et si le compositeur avait arrangé les notes un poil différemment, ça aurait été supportable. Mais non, c’est tout simplement ennuyeux, voire ennuyant quand on est obligé de l’écouter pour en faire une chronique.

Vous savez ce qu’on dit : la haine vaut mieux que l’indifférence, parce que la haine, c’est une émotion. Or, ce Midgard ne me procure aucune émotion. Il n’y a aucun goût de reviens-y. Aucun goût tout court à vrai dire, c’est une galette sans réelle saveur. Chaque morceau n’est qu’une longue succession de minutes sans réel intérêt et même si ce n’est pas foncièrement mauvais (la production est plutôt bonne, pour un premier album, par exemple), les rares bonnes idées sont toutes noyées dans un miasme de chiantitude. Oui voilà c’est dit, le mot est lâché, on s’ennuie sec, pour rester poli. Et un produit culturel qui ne suscite aucune émotion et n’apporte rien de nouveau ça ne vaut pas grand-chose. Amateurs de musique rythmée et entrainante, qu’on chante à tue-tête, écoutez plutôt le Elvenking, c’est de la bombe, on vous dit.

Holy Shire a donc encore du chemin à parcourir mais comme je dis toujours, un premier album n’est en rien le reflet du reste d’une carrière : Blind Guardian et Stratovarius ont commencé tout aussi faiblement, et ont brillé par la suite. Bon d’accord, peut-être pas aussi faiblement mais c’était tout de même mauvais. Comme cet album d’ailleurs. Allez, on le range, et on l’oublie. Comme dirait Squall, Midgard, c’est vraiment de la Holy Shi…

0 Comments 21 mai 2014
Whysy

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