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Disarmonia Mundi est le dernier groupe à la mode arrivant d’Italie. Pour changer des formations de speed ou de musique gothique, il s’agit cette fois de death mélodique. Il fût un temps où, en l’espace d’un premier album, j’ai cru apercevoir en eux de futurs grands de la scène death progressive car le disque « Nebularium » présentait des idées et des développements assez inédits et plutôt personnels. Puis vint le changement de cap ! Sans aucune explication, le groupe laissa de côté sa musique progressive pour quelque chose de plus mélodique et d’ultra classique. Cette transformation musicale fit la joie des masses, ce qui propulsa son second album en tête des bonnes critiques de l’époque. Force est de reconnaître les qualités techniques et esthétiques du combo, mais je n’arrive pas à oublier une période progressive laissée en suspens qui aurait sans doute pu donner quelque chose d’énorme si elle n’avait pas été abandonnée prématurément. « Mind Tricks » est déjà le 3e album de la jeune formation et il s’annonce être la copie conforme de « Fragments Of D-Generation » avec les mêmes qualités en terme d’efficacité, et les mêmes défauts en terme d’originalité…

Disarmonia Mundi n’est pas tout à fait un groupe comme les autres. En effet, il n’est constitué que d’un musicien et de deux chanteurs ! Ettore Rigotti est la tête pensante du groupe car il s’occupe à la fois de la composition et de l’enregistrement de la totalité des instruments. Un véritable travail de titan pour un résultat magistral. La session vocale n’a pas évolué d’un iota et on retrouve à nouveau l’illustre Bjorn Strid au chant relayé de manière convaincante par Claudio Ravinale. Les deux hommes se partagent les paroles de manière égale et leurs deux chants se complètent naturellement. Toutes les chansons semblent construites autour de cette dualité vocale et ces différents duos dynamisent chaque titre jusqu’au refrain, le plus souvent en voix claire. Car ce disque c’est avant tout des refrains tout simplement énormes et jouissifs !

Il faut avouer que sur ce coup, Disarmonia Mundi n’a pas cherché à personnaliser sa musique et propose 11 chansons sans aucune originalité, une nouvelle fois la grande faiblesse de l’album. « Mind Tricks » reste un album efficace composé de chansons réussies. Je pense notamment aux excellentes « Resurrection Code » , « Celestial Furnace » , « Nihilistic Overdrive » , « Venom Leech and The Hand Of Rain » , « Liquid Wings » et « Process Of Annihilation » : toutes font honneur au disque et démontrent la grande justesse de composition. Outre des couplets jouant sur cette dualité vocale et des refrains mémorisables, les structures sont particulièrement travaillées : on ne s’y perd jamais. Les chansons rentrent dans la tête dès la première écoute et même après plus d’une dizaine d’écoutes, aucune linéarité, aucun ennui ne s’installe. Les chansons sont plus complexes qu’elles n’y paraissent aux premiers abords. Outre des riffs rythmiques et mélodiques particulièrement inspirés, c’est le clavier qui confère à la musique une texture supplémentaire par ses nappes et autres samples très en retrait mais ô combien indispensables.

On ne peut pas condamner le groupe parce qu’il marche sur les traces de ses aînés bien qu’une touche d’originalité soit la bienvenue. Disarmonia Mundi possède tout le potentiel nécessaire pour exploser dans les années à venir : la puissance de frappe, le talent de composition et d’interprétation, mais il lui manque encore l’innovation, ce grain de folie qui lui apportera tout ce qui lui manque. Et pourtant, chose inédite chez nos italiens, ils s’essaient à la reprise avec le « Mouth For War » de Pantera : une chanson qui jure avec le reste de l’album et casse le rythme du disque, dommage.

Comme trop d’albums sortant actuellement, il n’y a aucune critique sur la forme : la production est béton et l’interprétation sans faille. Le souci est ailleurs et ce manque d’originalité plombe une nouvelle fois le disque. Bien heureusement tout l’intérêt de « Mind Tricks » repose ailleurs dans son intensité et les chansons, les refrains ne tarderont pas à vous séduire. Un disque d’une rare efficacité que l’on écoute sans faim (fin ?). Ne boudons pas notre plaisir, mais attention tout de même, avec un 4e album de la même trempe on risque de frôler l’overdose !

...TeRyX...

0 Comments 16 juillet 2006
Whysy

Whysy

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