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Misere Mortem est un album enfanté par Morten Veland, parent unique de cet œuvre conçue sous le sceau de Mortemia, son projet solo. Le multi-instrumentaliste a ainsi fait son bébé tout seul, accomplissant tout de ses 9 chapitres, des compositions à l’enregistrement. Seuls ont été confiés à autrui les chœurs, enregistrés sous la houlette du producteur Terje Refsnes au Sound Suite Studio, le plus norvégien des studios d’enregistrement français.

L’essence de Mortemia est de réunir des morceaux que Morten Veland gardait sous le coude et qui ne convenaient pas aux standards de son groupe actuel Sirenia. Il s’agit donc d’un side-project, mais qui ne s’éloigne pas énormément de ce qu’a pu nous offrir Sirenia récemment, la différence majeure étant l’absence de voix lead féminine. Les vocaux sont partagés entre monsieur Veland est la fameuse chorale, mixte et sobre, plutôt orienté baryton que soprano. Vraiment excellente, elle monopolise tous les titres, des intros aux refrains, leur procurant une vraie intensité dramatique, mais laisse volontiers quelques boulevards à Morten Veland pour alterner voix death et voix black. Les compositions sont faciles d’accès et possèdent une accroche mélodique faisant bien souvent penser à The 13th Floor ou Nine Destinies And A Downfall (Sirenia). Quant aux solos de guitares de Misere Mortem, on jurerait également en avoir déjà entendu certains sur ces albums, par exemple sur The Eye of the Storm, The Vile Bringer of Self Destructive Thoughts, ou encore The Candle at the Tunnel's End. Dommage, car si l’auto-plagiat n’est pas répréhensible juridiquement, il l’est artistiquement.

À part ça, Mortemia se veut sombre mais plutôt classieux, grâce à la grande présence des chœurs, techniquement irréprochables. Si la simplicité est de mise dans la structure générale des morceaux qui ne dépassent guère 5 mn, la complexité des chœurs est remarquable, on y découvre à chaque nouvelle écoute d’infimes subtilités. Ils sont au moins aussi bien arrangés que chez Therion, dont ils s’inspirent indéniablement. Pour terminer sur les influences du disque, impossible de ne pas citer Tristania (auto-influence donc), dont on reconnaît le son froid et clinique de la batterie, surtout lorsqu’elle est séquencée avec des riffs de guitare bien saccadés (The Pain Infernal and the Fall Eternal, The New Desire) comme au bon vieux temps des premiers Tristania (dont Morten Veland est le fondateur). Les claviers (essentiellement violons et piano), sonnent également comme à l’époque, assez artificiellement, mais cela ne dérange en rien le nostalgique que je suis. Si le piano n’apporte pas de gaieté aux compositions, il arrive que les violons soient étonnamment virevoltants et champêtres, renaissance même (The One I Once Was, The Malice of life's Cruel Ways, The Chains That Wield My Mind). De tels violons sur du dark-metal, c’est un peu comme les parties néoclassiques sur du power-metal, pour peu qu’on y soit sensible, on accroche immédiatement même si c’est du réchauffé.

C’est un peu à l’image de l’album d’ailleurs, on adhère rapidement car les compositions sont assez grandioses et les mélodies pas dégueulasses, mais les influences (et auto-influences) m’ont paru vraiment trop prononcées (sans parler des plans de guitares piochés chez Therion sur The Well of Fire et The New Desire). Le problème est que Misere Mortem s’inspire de compositions géniales, sans en reproduire le génie. Conçu pour être accrocheur, ce disque serait-il trop réfléchi et pas assez pensé ? Il manque de ces passages un peu moins faciles qui font un grand album. Pire, on se rend compte que presque tous les titres sont construits de façon similaire en utilisant les mêmes sonorités, les mêmes ficelles d’accroche. Les pistes ont donc vraiment du mal à émerger les unes des autres, surtout que les transitions voix lead / chœurs sont toutes amenées de la même façon. Certes, un apport extérieur aurait pu éviter à Mortemia de tourner en rond, mais au moins Morten Veland a le mérite d’avoir tout fait seul et c’est quand même un sacré boulot, pour un résultat assez bon.

0 Comments 04 mars 2010
Whysy

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