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L’autre jour, j’effectuais mon parcours habituel de VTT lorsque je fus pris, cinquante minutes durant, de secouages de tête, de gesticulations des bras et de cris étranglés. Les quelques personnes qui ont croisé mon chemin en cette journée hivernale m’ont pris pour un détraqué du cerveau. Si la cause d’un tel comportement se situait effectivement sous mon bonnet, il s’agissait en fait des écouteurs placés à l’entrée de mes conduits auditifs qui émettaient les ondes sonores du premier album de Secret Sphere, mistress of the shadowlight, stimulus irrésistible provoquant chez moi headbanguages, pointages de l’index et de l’auriculaire vers le ciel, et tentatives de chant. De retour à la maison, non sans avoir failli chuter à chaque refrain, je me mis à pianoter frénétiquement sur mon clavier (d’ordinateur) afin de chroniquer cette petite merveille d’album.

Et la tâche aurait pu être aisée pour vous décrire ce mistress of the shadowlight : c’est du speed italien. Et là, forcément, tout est dit, ça va vite, ça chante aigu, ça claviérise à mort, et voilà. Bien que tout cela se vérifie, je ne m’arrêterai pas là, ce serait une description trop réductrice de cette petite merveille. La prouesse est encore plus étonnante quand on sait qu’il s’agit du premier album du groupe. Son fondateur, le guitariste Aldo Lonobile, devait avoir un bon paquet d’idées en tête depuis des lustres car aucun titre n’est à jeter. Secret Sphere déroule de manière impressionnante refrains, duels combinés guitares-claviers et solos de guitares tranchants parfois adoucis par de furtives notes néoclassiques. Les breaks instrumentaux, d’abord apaisants, montent en puissance par des surenchères de claviers infernales mais jubilatoires. D’ailleurs, la volonté du groupe d’utiliser, en plus des imitations d’instruments symphoniques, d’autres variations de sonorités de clavier, donne du relief et une touche propre à chaque titre. Seul bémol dans cet exercice, un solo de clavier un peu trop moderne et distordu qui entache l’ambiance épique du titre éponyme, qui est aussi le plus long. Attention, il vaut le détour quand même, malgré ses dix minutes, il passe et repasse sans un pli car il fourmille de bonnes idées, comme un solo guitare léger coulant mieux que de l’eau de source ou une outro reposante.

Mais l’atout majeur de ce disque vient des lignes de chants qui font mouche à chaque fois. Elles sont assurées par Roberto Messina qui est, après quatre albums, toujours chanteur du groupe mais qui s’est rebaptisé Ramon depuis le troisième album. C’est également depuis lors qu’il se permanente la chevelure, sa prochaine transformation sera peut-être la castration pour chanter encore plus aigu, qui sait ? Sur ce disque, des chœurs l’accompagnent de temps à autre, mais n’ont pas la désagréable manie désormais chère à Rhapsody d’envahir et ainsi ramollir tous les refrains. Ceux de Secret Sphere sont une accumulation d’énergie lâchée tel un éclair dans un dernier cri détonnant de Roberto. Concernant les paroles, on les a toutes déjà entendues mille fois, des trucs du genre « I’ll fly on wings of glory ».

On peut difficilement trouver d’autres défauts à cet album que ses textes. Dans son registre, le speed true mélodique symphonique, c’est du tout bon. En cherchant bien, on peut lui reprocher son manque de prise de risque et de surprise, ce dans la structure des titres comme dans la tracklist qui contient l’habituelle ballade et l’habituel titre plus long que les autres. Allez, je vous accorde un dernier point négatif, un ou deux refrains sont un peu trop évidents. Mais n’est-ce pas là les défauts des qualités d’un tel album ? Ceux qui n’aspirent pas ou plus à ce genre de musique qu’ils jugent trop directe et pas assez renouvelante pourront se rabattre sur les albums suivants des transalpins, plus liquoreux et plus personnels. Mistress of the shadowlight reste finalement à part dans la discographie de Secret Sphere mais n’en est pas moins excellent.

0 Comments 16 février 2007
Whysy

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