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C'est après une absence de 13 ans que nous revient le mythique groupe Celtic Frost. Une formation suisse à l'origine d'albums aujourd'hui cultes comme To Mega Therion ou Into The Pandemonium. Dire que le come-back de cette légende des années 90's était très attendue par toute une floppée de fans plus ou moins inquiets tient de l'euphémisme. Aujourd'hui le groupe doit démontrer au Monde qu'il est encore dans la course, et qu'il n'est pas l'un de ces groupes qui après une longue période de silence perd toute identité, qui n'est plus qu'un souvenir prêt à s'éteindre. Sobrement intitulé "Monotheist" , cette 6e offrande à la pochette terrifiante s'annonce être un cas à part, tant la musique du combo est difficile d'accès.

Afin de soigner son come back, la phase de pré production de l'album a duré près de 3 ans et demi. Une période énorme qui englobe une longue phase de composition, ainsi qu'un enregistrement et une production endossée par le groupe lui-même. Peter Tägtgren a uniquement co-produit cet album. Le résultat, ou du moins l'aspect esthétique, est vraiment soigné car la production et le mixage se révèlent, comme à l'accoutumé, de très bonne facture. Le son est puissant et surtout très étouffant. On a parfois l'impression de suffoquer tant les ambiances se révèlent oppressantes.

Je pense qu'il s'agit là de la grande force de l'album. Celtic Frost a réussi, au terme de 3 années d'intense composition, à créer un monde original et malsain duquel il est difficile de s'extraire. C'est avec des guitares appuyées et accordées dans les graves que Thomas Gabriel Fisher dessine des riffs sombres, très lents et dépourvus de toute humanité. Monotheist est un album d'un genre nouveau, un métal hybride et très avant-gardiste où toutes les balises musicales habituelles semblent perdues au sein d'un sombre tourment musical, tantôt d'une violence inouïe, tantôt d'une douceur surprenante. Les différentes chansons mélangent sans complexes thrash, death, black, heavy, indus et saupoudrent le tout d'un lourd voile dépressif par l'ajout d'influences "drone doom métal": une forme extrêmement lente et mécanique du doom. Au final la musique semble déshumanisée, l'ensemble est d'une froideur ultime: un univers musical dérangeant et fascinant à la fois.

L'album jouit d'une puissance phénoménale et les nombreux samples et fonds sonores amplifient ce sentiment d'étouffement. L'album semble suivre un cycle lui-même découpé en plusieurs phases, comme une initiation tout au long de l'album. Tout commence de manière violente, la distorsion des guitares remue les tripes, la sensation d'atteindre un monde inconnu est palpable. Seule la violence régit "Progeny": comme si l'entrée dans ce monde parallèle devait se faire dans la douleur. Le cycle se poursuit avec un titre lent et très lourd, les guitares se montrent très massives, "Ground" nous enfonce à l'intérieur de ce monde torturé, duquel aucune lumière ne s'échappe. Après cette première phase d'une violence inouïe, c'est une seconde phase de dépression qui s'empare de l'auditeur. A travers "A Dying God Coming Into Human Flesh" on se retrouve comme abandonné à nous-même, la voix extrême fait place à une voix claire, il n'y a pas de batterie, avec pour seule compagnie un riff, lent et profond. L'ensemble, dépressif, est entrecoupé d'un rapide souvenir de la violence d'antan, avant de retomber dans la lourdeur et la tristesse... captivant. Au beau milieu de ce flot d'interminables larmes, s'allume une pâle lueur au loin, "Drown In Ashes" voit l'arrivée de la voix féminine. Le duo est réussi et marque la fin de la seconde phase.

Arrivé à ce point, l'album semble être une perle et le groupe semble avoir réussi son pari. Or ce n'est pas tout à fait le cas, car la suite se révèle moins captivante. En effet, la chanson "Os Abysmi Vel Daath" est le prolongement de la seconde piste: deux chansons qui se ressemblent bien trop. Tout comme la très lourde "Domain Of Decay" et "Ain Elohim": toutes deux trop proches des deux premières pistes pour susciter un intérêt sur le long terme. On remarque alors que les riffs manquent de diversité, et l'univers impénétrable se disloque petit à petit... Cela est fort dommage car la 6e piste, "Obscured", est une nouvelle fois un excellent duo masculin/feminin: une longue chanson très réussie.

La tracklist est découpée en 2 parties. Nous arrivons donc à ce que le groupe a nommé:  triptyque. Les 3 dernières compositions sont dans la veine des autres tout en restant très indépendantes. Je m'explique: on note l'introduction "Totengott", puis la chanson principale "Synagoga Satanae" pour finir sur une conclusion "Winter (Requiem, Chapter Three: Finale)". Permettez-moi d'insister sur ce long final (22 minutes) découpé en trois parties.
Tout commence avec une chanson d'ambiance terrifiante, "Totengott" pourrait s'apparenter à un instrumental parlé, il fait frissoner l'auditeur par l'agressivité de la voix: un ancien démon, une entité spectrale, je ne sais pas ce que c'est, mais l'effet vocal est saisissant... 4min26 d'angoisse totale.
Vient ensuite l'unique chanson de ce final. Un véritable morceau de bravour de 14min25 qui tire malheureusement en longueur. Les riffs sont dans le même ton depuis le début de l'album: la sauce ne prend pas vraiment et on s'ennuie assez rapidement.
L'album se termine sur un riche instrumental symphonique qui n'est pas sans évoquer Dimmu Borgir. Riche, reposant, joli et très mélodique. Il clot l'album en beauté et permet l'apaisement de nos âmes après plus d'une heure de mauvais traitement.

On ne peut pas dire que Celtic Frost ait raté son come back, car le style qu'il s'est inventé lui va à ravir, les ambiances qu'il peint sont nouvelles et bien amenées. Malheureusement le disque tire en longueur (68 minutes) et les différents riffs se montrent assez rebarbatifs. De plus les mélodies sont trop peu nombreuses et les chansons accusent être un poil trop linéaires. Les 4 premières pistes sont excellentes, le reste est plus convenu. Quoiqu'il en soit Celtic Frost s'est forgé une identité propre avec ce "Monotheist" qui ne fera pas l'unanimité. Soit on adore, soit on deteste.

...TeRyX...

0 Comments 07 mai 2006
Whysy

Whysy

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