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Quelques fois, malgré toute notre bonne volonté, tous nos efforts et tout notre travail, il arrive que nous soyons bloqués devant un obstacle, un énigme, un problème. On a beau se creuser la tête, essayer encore et encore, prendre du recul et même se remettre en question, il y a certaines choses qui resteront toujours un mystère pour nos pauvres petits esprits. Et bien, les chroniques ne sont pas si différentes de ce qui peut nous arriver dans la vie. C’est ce qui s’est produit pour moi avec l’album Moral & Wahnsinn de Die Apokalyptischen Reiter. Je suis restée coincée. Tout bêtement...

Alors, je vous entends me crier derrière vos écrans, si tu n’as rien à dire sur cet album, pourquoi est-ce que tu perds ton temps à taper ces lignes pour nous le dire et surtout pourquoi tu nous fais perdre notre temps à nous le raconter ? Et bien parce que tout d’abord je n’ai pas exactement rien à dire sur cet album ; de plus je suis consciencieuse. Ensuite, parce que ce ne serait pas juste pour ce pauvre album qui n’a rien demandé à personne et veut juste se faire chroniquer en paix. Finalement, avec tout le temps que j’ai passé à écouter Moral & Wahnsinn, je refuse de m’avouer vaincue si facilement devant une rondelle de 12cm de diamètre. Non mais !

Die Apokalypschen Reiter ont toujours eu un univers un peu décalé, un peu extravagant et c’est aussi pour ça qu’on les aime. Mais, parfois on finit par se demander si ce n’est pas un peu trop Ainsi, si les morceaux finissent par rentrer dans la tête, on ne sait pas trop si c’est parce qu’ils sont vraiment efficaces ou parce qu’à force d’écouter Moral & Whansinn, encore et encore, la routine s’est installée. Il reste quand même quelques passages suffisamment réussis pour accrocher l’attention : “Dr Pest” et son passage puissant en milieu de morceau en est un bon exemple. On peut aussi citer “Die Boten” qui ouvre Moral & Wahnsinn de façon dynamique ou encore “Erwache” avec son refrain, son riff et son solo sympathiques bien qu’un peu convenus. Mais, dans l’ensemble, c’est le chaos qui règne chez nos voisins d’outre-Rhin.

On saute d’une ambiance à l’autre sans prévenir. On accélère et on ralentit. On avance et on recule et, au final, on se demande si le GPS des Reiter ne déconne pas un peu. Les éléments folks ont disparu on-ne-sait-trop-où. A la place, on a droit à des ambiances plus ensoleillées (“Die Boten”), plus malsaines (“Dr Pest”), voire presque tristes (l’étonnante “Heimkehr”). Si la diversité fait plaisir, elle empêche la cohérence de l’ensemble. Par exemple, “Hört auf” arrive comme un cheveu sur la soupe, surprend avec ses tonalités mécaniques et agressives et finit presque par énerver par ses effroyables sonorités. Moral & Whansinn manque aussi de profondeur. On aimerait que certains thèmes soient plus approfondis, mieux “expliqués” mais, c’est impossible. Les musiciens sont déjà passés à autre chose.

De plus, la toute dernière partie de l’opus est de trop. Après “Wir Reiten” qui offrait une conclusion convenable, l’insupportable“Hört auf” et “Ein liebes Lind”, qui finit l’album abruptement comme pour narguer l’auditeur et lui dire qu’il n’aura jamais la réponse à ses questions, ne tirent pas Moral & Wahnsinn dans le bon sens. Le premier titre est trop bruyant et le second trop anecdotique pour être nécessaires. On attend que l’album se termine, péniblement. Cependant, Fuchs est un chanteur convaincant qui parvient à porter sur ses seules épaules l’album. Le bougre sait s'époumoner avec talent quand il le faut (“Hammer oder Amboß”) ou adoucir le rythme dans les moments plus calmes (“Wir reiten”). Il est sans conteste un point fort de Moral & Wahnsinn. Bizarrement, avec son chant percutant, tout en rondeur, Fuchs apporte un semblant d’équilibre à un album qui semble manger à tous les râteliers.

Allez, tout n’est quand même pas obscur et incompréhensible dans le petit monde original des Reiter qui nous ont composé, comme à leur habitude, un album qui va à l’essentiel, avec des titres courts et directs. Voilà la recette que le groupe applique une nouvelle fois. Moral & Wahnsinn ne s'embarrasse pas de préambule. Les allemands avancent au pas de charge et tant pis pour ceux qui ne suivent pas. La rapidité du disque est, en quelque sorte, son plus grand atout. Elle empêche l’auditeur de trop se poser de questions. Quitte à être ballotté dans tous les sens, autant ne pas se rendre compte de ce qui nous arrive. Ça évite l’écoeurement. La dynamique est bien rodée et c’est tout à l’honneur de nos voisins.

Voilà, nous avons fait le tour. Au final, Moral & Wahnsinn n’est pas détestable. La rapidité des titres tente, tant bien que mal, de compenser l’absence de cohérence des chansons et, de temps en temps, ça fonctionne à peu près. Malheureusement, Moral & Wahnsinn ressemble à un medley trop vaste, trop libre, pas assez maîtrisé pour être tout à fait réussi. La folie douce des allemands déborde trop des cadres pour satisfaire. Enfin, c’est ce qui m’a frappé mais encore une fois il me semble avoir raté quelque chose. Le coche, le train complet puis toutes les correspondances, je ne sais pas. Peut-être ne fallait-il pas essayer de trouver du sens là où il n’y en a pas et surtout là où il n’y a pas besoin d’en avoir ? Tant pis on ne se refait pas. En tout cas j’ai passé trop de temps à chercher. J’abandonne. A vous de jouer !

Nola

0 Comments 19 février 2011
Whysy

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