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Tronçonnant les têtes de l’hydre de leurs tourments, jetant bas le phare d’Alexandrie…que dis-je, jetant bas le roc de Gibraltar de leurs non-certitudes, déchirant le voile opaque d’un spleen convenu, dispersant l’épais brouillard refuge dérisoire de leur machine à café, THEATRE OF TRAGEDY ose. Tournant le dos au gothique et à son décorum assorti de ses thèmes récurrents, tournant le dos au death, à l’atmo, THEATRE OF TRAGEDY officiera à présent dans le métal-électro-pop-indus-dark (!). Si ça, c’est pas un virage à 180°….Serré, trop serré sûrement, donc fatal, et sortie de route…inévitable. Car c’est une bonne partie de la fan-base qui gît désemparée, anéantie, fracassée au pied de la tombe fraîchement creusée de leur TOT, sur laquelle ils ont gravé en guise d’épitaphe : AEGIS, VELVET DARKNESS THEY FEAR, AND WHEN HE FALLETH, DER TANZ DER SCHATTEN, comme autant de témoignages mouillés de larmes d’une sujétion maintenant rejetée par TOT.
Et ça, moi, cela me le rend plutôt sympathique, le TOT.
Avec le geste précis du mercenaire totalement imperméable aux regrets humides, je sangle le casque sur mon crâne. Je suis immédiatement connecté à la Machine. Temps de téléchargement estimé: 44mn44s.
Danse synaptique et effrénée de mes neurones, libérant une charge anormalement élevée de neurotransmetteurs gorgés de Livkristonine.
Téléchargement terminé.
Vérification. 2+2=…..4
Confirmation. Malgré la surcharge, cerveau 100% opérationnel.
MACHINE. 4mn13s. Intro avec batterie en pointe d’attaque, basse sur l’aile droite, synthé accorte sur l’aile gauche. Ca bouge. Couplet-breakdown avec voix claire - un gnome civilisé, probablement- , batterie remplacée par une boîte à rythme, synthé plus discret. Refrain et contre-attaque simultanée de la batterie, de la basse et d’un synthé revanchard, et surtout, surtout, la voix de Liv. Délicieuse. Refrain efficace, entêtant, durant lequel monsieur Voix Claire a empoigné tout au fond du studio un mégaphone et double ainsi le chant de Liv. Pas si civilisé que ça, finalement.
Dés le premier titre, TOT affiche résolument sa nouvelle direction musicale. MUSIQUE n’aura rien d’un album de transition. Raymond a définitivement rangé ses grunts au placard et explore les nouvelles possibilités que va lui permettre l’utilisation de la voix claire, qu’il avait déjà « testée »  avec AEGIS; Voix désincarnée, robotisée, et d’autres intonations que je qualifierai de « curieuses »… On retrouvera la dualité vocale de leurs premiers opus. Ici , le chant froid de Raymond se frottera à la chaleur de l’angélique organe de Liv.
L’intérêt que porte Raymond pour la musique électro va trouver un écho sur MUSIQUE, d’autant plus qu’après la sortie d’AEGIS, TOT a ressenti le besoin de tenter quelque chose de différent sur le plan musical. Oui, mais quoi? Pourquoi alors ne pas concrétiser la rencontre de ces sonorités électro dont est friand Raymond et la guitare résolument métal de Frank CLAUSSEN…
Il en résulte une musique contrastée et hybride: la guitare agressive , des nappes de claviers architectes d’une ambiance au choix « darkwave », « ambiant », « indus », la voix claire mais déshumanisée de Raymond plutôt sobrement enrobée , la voix suave de Liv sertie dans un écrin bien plus catchy.
Et même si la batterie métronomique ne varie que peu dans ses tempi, même si les structures des morceaux peuvent sembler dupliquées d’après un modèle unique, il n’ y a pas d’effet secondaire de type redondance. Un résultat obtenu en combinant subtilement et intelligemment les quelques composants précités de diverses manières, comme de multiples recettes de cuisine que l’on peut obtenir à partir de cinq ingrédients de base, et toutes différentes parce que l’on va modifier les quantités, les temps de cuisson, etc…
Démonstration avec FRAGMENT: la note grave plaquée sur le clavier du synthé instille une atmosphère sombre. D’artificiels chœurs féminins éthérés, des bruitages électro ainsi que la voix robotisée de Raymond apportent un côté « sci-fi » façon BLADE RUNNER. Cette fois-ci le travail vocal de Raymond est bien soutenu par la batterie et la basse, tandis qu’une fois encore la guitare s’invite généreusement dans la partition de Liv. Quant au titre éponyme, et bien il sera un mix de MACHINE et FRAGMENT.
L’album suivant ASSEMBLY montrera quand même les limites de cette nouvelle direction musicale, en mettant en évidence l’asphyxie inéluctable de l’originalité de cette dernière, le nombre de « recettes » s’avérant forcément compté.
Mais pour ce qui est de ce MUSIQUE, on ne se posera même pas la question. Des titres comme IMAGE - donnant la part belle à la voix de Liv- ou REVERIE - où le tempo se ralentit pour un résultat plus planant - accentuent l’aspect déjà suffisamment varié de l’offrande. Des refrains gracieux et entraînants émergeant d’ambiances plus ou moins glauques pour des compos toujours catchy suffiront à combler les amateurs de mélodies soignées. Des mélodies qui bénéficient en outre d’une prod absolument limpide.
Merci donc à TOT pour cette œuvre intemporelle, que je rêverais comme bande son de certains passages mythiques de Metropolis ou des Temps Modernes. Intemporelle, tout simplement pour avoir intégré deux ingrédients nécessaires pour cela: simplicité et mélodie.

Je suis maintenant face à la foule des adorateurs de TOT l’Ancien. Leurs regards sont aussi noirs que la Livkrystonite dont-ils ont gorgé jusqu’à la gueule leurs obusiers de campagne. Ma main gauche effleure mes chargeurs de Livkrystonite bleue.
Je suis prêt.
Et c’est d’une voix ferme et claire que je crie:
OUI!! C’EST UN 9 SUR 10 QUE JE METS A CET ALBUM!!!

0 Comments 30 septembre 2010
Whysy

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