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Dehors, tout est gris, il pleut,… En proie au spleen, à la nostalgie, on rêve, à regarder par la fenêtre obscurcie par la buée, les gouttes d’eau qui tombent lentement sur les vitres sales, comme des larmes… Voilà des heures que le soleil n’a plus réussi à percer cette couche de nuages, menaçante, oppressante…On ne distingue plus rien dehors… Chaque silhouette est rendue mystérieuse, spectrale et irréelle par l’effrayant brouillard, qui flotte au dessus du sol…

Quelques secondes de silence, quelques accords de piano, très calmes et tendres, et un riff dévastateur ! En à peine une minute, bercés par « Prologue », douce introduction, nous voilà happés dans cet univers où les rayons de lumière sont si rares…


Deux ans après l’excellent Morningrise, Opeth nous offre son troisième opus et décide de faire peau neuve. Déjà, le line up évolue grandement. Exit Johan DeFarfalla et Anders Nordin, c’est un nouveau venu d’origine sud-américaine qui prend le relais en tant que batteur, Martin Lopez. Très apprécié des fans pour la puissance, la finesse et la variété de son jeu, il accompagnera l’aventure Opeth jusqu’en 2006, où des problèmes de santé l’obligeront à abandonner sa place. Mais n’anticipons pas pour l’instant ! Pour cet album, le groupe suédois fonctionne donc en trio, Mickael Akerfeldt, chanteur et leader, assumant pour l’occasion (ce sera la première et la dernière fois) les lignes de basse.

Même si Opeth possède une discographie assez homogène, il faut savoir que c’est avec ce My arms your hearse que le groupe trouvera réellement son style. Ayant expérimenté un death/black atmosphérique et progressif sur ses deux premiers opus, Opeth nous pond ici un album plus direct, plus brut, et dépouillé que l’album précédent.


Et c’est une surprise ! Le combo semble enfin devenir raisonnable en proposant un album plus « normal ». Plus court (62 minutes en comptant les bonus tracks de la réédition de 2000), et avec une structure plus …conventionnelle (11 titres, au lieu des 5 pièces de Morningrise). Bien sûr, Opeth reste progressif dans sa démarche, et comme pour tous les albums du groupe, il faut prendre le temps de connaître, d’assimiler, et de comprendre la musique, les repères n’étant pas si nombreux ! Et on ne peut plus parler de black ou d’atmosphérique, adjectifs utilisés autrefois pour parler de la musique du groupe. Ici, le virage est effectué à 90 %. La complexité des rythmiques, l’excellent jeu de batterie notamment, la puissance des riffs, ses constructions alambiquées et ses passages subtils et enivrants à l’acoustique… Voilà, nous y sommes ! Opeth trouve ici la formule magique dans laquelle il se sent bien, il affirme son style, si unique. Et même dans l’avenir, si l’on excepte le très bel aparté que constitue Damnation, le groupe persistera dans cette orientation musicale et ne s’en détournera plus.

Mais avec cette affirmation de style, on perd également un peu de cet esprit contemplatif, cette ambiance unique qui donnait à Orchid et Morningrise ce sentiment de promenade nocturne dans la nature… Il manque un peu, cet esprit magique que possédaient les deux premiers opus, qui faisait leur charme et leur donnait cette atmosphère si attachante…

La formule magique d’Opeth naît donc véritablement sur cet album, qui s’avère au final être le plus violent et sombre de la discographie du groupe après Deliverance. Mais il n’est cependant pas dépourvu de douceur et d’émotions : ainsi, comme souvent, le combo propose un court instrumental de transition, ainsi que des ballades, qui posent un répit et permettent d’oublier pour un temps l’agressivité et l’obscurité de l’électrique pour se laisser porter par les savoureuses lignes de chant de Mickael (son chant clair est vraiment au top, ici, meilleur et plus affirmé que sur les deux premiers opus). Bon, « Credence » et l’instrumentale conclusive « Epilogue » ne sont pas ce que le groupe a fait de mieux en la matière, mais elles parviennent néanmoins à convaincre par la finesse de leur jeu, et la mélancolie qu’elles dégagent.


Un mot sur les deux reprises ajoutées en bonus, respectivement de Celtic Frost et d’Iron Maiden. A la fois personnelles et efficaces, elles sont plutôt plaisantes, et il est amusant de voir Opeth s’initier à ce genre d’exercice ! En tout cas, rassurez vous, aucune faute de goût !

En fait, je dirais que ce qui manque à cet album, ce sont des mélodies accrocheuses. Pour être franc, le combo est loin de maîtriser son nouveau style (« The Amen corner » et « When », malgré la beauté de leurs passages acoustiques, s’avèrent au final quelque peu anecdotiques au sein de la brillante carrière du groupe). Rien n’est vraiment mauvais, bien sûr et, touché par la grâce et le talent d’Opeth, My Arms laisse derrière lui de nombreux autres groupes du genre, mais on ne frissonne pas, on n’headbangue pas comme sur ses successeurs. Mais certains passages sont excellents, et constituent un très bon défouloir (« Demon of the fall », longtemps jouée en rappel avec son riff… cataclismique, « April Ethereal » et ses accélérations jubilatoires) !!


Au final, My Arms Your Hearse s’avère donc être le moins bon opus de leur discographie, le seul où le groupe peine à convaincre. Mais c’est un passage obligé vers la suite de la carrière d’Opeth, elle, absolument légendaire…


Gounouman

0 Comments 15 septembre 2006
Whysy

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