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Tarja Turunen… Impossible de citer ce nom sans évoquer aussitôt Nightwish, maîtres du Metal finlandais, dont la chanteuse a si longtemps été l’image et la voix ! Cinq albums auront suffit pour imposer son nom, pour marquer à jamais l’esprit des fans… Ils auront suivi avec beaucoup de peine la séparation douloureuse entre le groupe et sa charismatique frontwoman, qui, grâce à son timbre chaleureux et unique, avait si bien contribué à les propulser aux sommets de la gloire !

Cependant, quelques mois après cette « tragédie musicale », la diva finlandaise, remise de sa déception, annonce qu’elle va enregistrer son premier album solo. En réalité, il ne s’agira pas de la première réalisation à sortir sous le nom Tarja, puisque la chanteuse avait déjà réalisé un recueil de chants de Noël finlandais quelques années plus tôt, et collaboré à d’autres œuvres musicales diverses. Seulement voilà : ici, c’est un véritable nouveau départ, puisqu'elle effectue son retour sur la scène Metal. Scepticisme pour certains (parviendra-t-elle jamais à se détacher de l’ombre de Nightwish ? Ses compositions auront-elles ne serait-ce que l’ombre d’une chance de rivaliser avec celles de Tuomas ? Aura-t-on droit à du vrai Metal ou à de la pop vaguement saturée ?), enthousiasme pour d’autres (enfin, le retour de Tarja dans le monde de la bière et des décibels !), avant même la sortie de l’album, les avis sont mitigés…

Moyennement enthousiasmé par le single « I walk alone », c’est donc avec une certaine curiosité que je me suis empressé de découvrir ce que nous proposait la diva sur ce premier opus. « My Winter Storm » est en fait centré autour d’un concept, dont Tarja incarne les quatre personnages. Ceux qui auront vu le clip très kitsch du premier single comprendront mieux à quoi je fais allusion, puisque l’on y voit la chanteuse accomplir les quatre rôles en question : la poupée, le garçon mort, le phoenix et la reine des glaces, que l’on voit sur la couverture et qui est de loin la tenue qui lui convient le mieux.

Et me voilà dans une position bien difficile : vous présenter l’album, et surtout, par la suite… Statuer, et tenter de l’évaluer le plus justement possible.

Premier constat, le Metal n’a pas été abandonné. Bien que l’album contienne un très grand nombre de ballades, la puissance des rythmiques et les structures typiques sont toujours là et les fans peuvent donc être rassurés sur ce point. Mais passé cette simple constatation, on s’interroge ! Suffit-il de proposer de gros riffs pour se prévaloir de l’étiquette Metal, et surtout, qu’en est-il de leur qualité ?

Et bien, en fait, c’est assez inégal. Beaucoup de fans, par exemple, se sont pâmés devant « Ciaran’s well », composition extrêmement catchy et directe aux riffs thrashisants. Pourtant, force est de constater que le résultat n’est pas très réussi : guitares tranchantes d’un côté, démonstrations vocales indigestes de l’autre, la fusion ne s’opère pas, le chant est à la limite du faux, et au final, on obtient un morceau franchement moyen au lieu de la bombe que l’on espérait.

A d’autres moments, au contraire le mélange se fait tout naturellement, et on obtient quelques pépites, qui passent merveilleusement bien : les mid tempos orchestraux aux parties heavy que sont « Boy and the ghost » et « Sing for me » enchantent nos oreilles, avec de belles montées en puissance, une réelle dimension de musique de film, des arrangements dantesques et de très belles mélodies. Par ailleurs, un morceau comme « Die alive », second single très bien choisi aux couleurs tantôt heavy tantôt plus industrielles, fonctionne à la perfection, avec des rythmiques simples mais ultra efficaces et un refrain accrocheur et mémorisable.

L’autre visage de cet album, dont les morceaux, à l’instar du « Nightfall » de Blind Guardian sont liés entre eux par de petites transitions, est nettement plus accessible et polissé. Commercial ? Je ne sais pas si l’on peut vraiment le dire. Les ballades sont globalement soignées, et même si l’on eut espéré qu’elles fussent moins nombreuses, la plupart d’entre elles, aussi bien grâce à la finesse de la section à cordes qu’à l’organe de Tarja, convaincront aisément les plus sentimentaux d’entre vous. Même si on n’évite pas toujours l’ennui… Le trop grand nombre de titres lents finissant évidemment par porter préjudice à l’album.

Curieusement, c’est parfois dans le dépouillement et la simplicité que la recette fonctionne le mieux. J’en veux pour exemple le final « Calling grace » et sa guitare acoustique, ou « Oasis », sans conteste l’un de mes morceaux préférés de l’album. Ode minimaliste à l’atmosphère flottante, où quelques notes de piano virevoltantes suffisent à instaurer une émotion tangible, et où l’on retrouve les montées miraculeuses de la diva qui nous a tant enchantés chez Nightwish. Une franche réussite donc, à l’inverse de la reprise d’Alice Cooper « Poison », à laquelle il semble manquer quelque chose, et qui n’arrive pas à la cheville de l’originale…


Globalement donc, c’est sur les derniers titres de l’album que la lassitude se fait ressentir. Alors, quel bilan dresser pour un album tel que celui-ci ? Et bien, même si mon avis reste mitigé, certains ratages faisant franchement descendre l’appréciation globale (beaucoup trop de ballades, et les bonnes idées mal exploitées de « Poison », « Ciaran’s well » ou encore « I walk alone », que l’on aurait espéré plus puissante), je suis avant tout soulagé. Oui, soulagé que Tarja n’ait pas abandonné le Metal, soulagé de trouver ici quelques compositions solides, soulagé de savoir que nous aurons toujours le privilège d’entendre cette voix divine soutenue par des guitares acérées, soulagé comme, je pense, le seront tous les fans de Tarja, qui ne pourront être déçus devant la superbe performance qu’elle offre sur ce premier album, mélange encore hésitant mais relativement convaincant entre bande originale et Metal mélodique. Et tant pis, tant pis si l’on n'atteint plus jamais la grâce de Nightwish


Gounouman

0 Comments 24 décembre 2007
Whysy

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