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"Surréaliste": adj., mot employé récemment à l'écoute de l'album de Caravan Palace (une guitare manouche avec un DJ, vous voyez le mélange ?), tant ce dernier semblait venir de nulle part et où on en venait à se demander si c'étaient vraiment des humains derrière tout ça.

Ici, on se retrouve un peu dans la même situation, mais en bonus on gagne "désorientation", ce qui fait que survivre à l'écoute de Naishikyo-Sekai, deuxième album de Gonin-Ish (ce qui voudrait dire "chansons unifiées par 5 personnes), qui nous vient du Japon (vous l'auriez deviné), sans pour autant y perdre l'intégrité de son cerveau peut se révéler un véritable supplice.
Car, en effet, le style du groupe, qui se targue de pratiquer du "death progressif expérimental", aura de quoi rebuter les personnes les moins tenaces, tant la musique nous envoie à droite, à gauche, dans les sens, sauf ceux auxquels on s'attend (non j'ai pas dit Satan).

Et ce n'est rien de le dire, car les premières écoutes aboutissent à cette triste conclusion: "c'est vraiment de la merde, jamais plus j'écouterai de groupes japonais, déjà que j'avais osé essayer Moi Dix Mois et que ça m'avait fait l'effet d'une goutte dans un incendie, c'est-à-dire absolument rien, non, faut plus que je recommence !"

Mais, à cœur vaillant, rien d'impossible ! Ré-écoutons donc cet album !
Et il faut avouer qu'à force d'user ses oreilles sur cette chose, on en vient à lui trouver des qualités et à apprécier le côté complètement barré de la musique proposée. On se rend compte aussi que la moitié des chansons (Shagan No Tou, Jinbaika et Muge No Hito) possède des intro toutes en douceur, même si elles ne suivent pas forcément la même voie, Jinbaika restant la chanson la moins agressive de toutes et s'avérant être une franche réussite, jouant bien sur les ambiances et gardant la voix dans un domaine supportable.

Bien sûr, le style pratiqué est principalement métal, donc on se retrouve avec des riffs qui se battent en duel dans tous les sens (c'est l'aspect expérimental) et une voix particulière, tenant plus du râle vomitif que du gros grunt des familles (ça, c'est pour l'aspect "death") quand elle n'est pas claire (cette dernière étant plutôt rare), et ce durant seulement 5 chansons (si on ne compte pas l'intro, fort réussie au demeurant) pour une durée de 53 minutes. Car voici l'aspect progressif: les chansons sont longues... très longues au vu de la désorientation sensorielle qui nous est infligée; la plus courte (Shagan No Tou) dure 7 minutes, puis les 3 autres chansons tappent dans les 9 minutes, l'apothéose vient de Akai Kioku, qui clôture l'album et pèse ses 19:35 minutes (oui, 19 !).

Alors, non, cette dernière n'est pas mauvaise, mais il faut le vouloir pour apprivoiser une telle chanson qui ne semble suivre aucun chemin cohérent et qui se permet le luxe de s'arrêter aux deux tiers pour se la jouer atmosphérique et repartir vers un lieu dont elle seule semble avoir le secret (vous voyez la fin de The Poet & The Pendulum de Nightwish ? Ben c'est ça: la chanson s'arrête, puis on rajoute quelques minutes qui n'ont aucun rapport).

Pour finir, touchons deux mots à propos de l'aspect purement technique de l'album: le mixage est pas terrible, trop épuré et fait perdre tout son mordant aux guitares, ce qui fait que l'on remarque plus les coups de batterie qui fusent de partout et le chant bizarre de la chanteuse (car oui, c'est une fille qui s'occupe de TOUTES les parties vocales) que les riffs, qui pourtant peuvent être très percutants (Muge No Hito par exemple). Ainsi, sur l'entame de Akai Kioku, on regrette que les guitares, pourtant au nombre de 2 ne soient pas plus en avant, et pas noyées sous tous les autres instruments.

Alors, au final, le tout n'est pas mauvais, mais pas transcendant non plus: on passe de bons moments, chaque chanson possède de bons breaks, mais l'écoute intégrale reste pénible tant le chant est louche et le groupe semble partir où bon lui semble. Un son meilleur, moins de vomi et ça pourra être jouissif; là c'est encore un peu limite.
Sachant que cet album n'est sorti que tout récemment dans nos contrées mais a vu le jour en 2005 au Japon, on peut s'attendre à avoir de leurs nouvelles bientôt...

0 Comments 25 février 2009
Whysy

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